LA DEFINITION DU LIBERALISME ECONOMIQUE POUR UN ETAT PUREMENT SOCIALISTE
Danielle Delange GAHA
Université de Wuhan, Chine
En 1995 (1er Janvier) lOMC remplace le GATT et donne à lorganisation internationale une dimension nouvelle dans la gestion du commerce international, notamment avec la mise en place dun mécanisme renforcé de règlement obligatoire des différends (Carpentier, 1999 : 115). Elle vise à développer le libre échange en favorisant la conclusion daccords tarifaires particuliers ou généraux sur la base de la clause de la nation la plus favorisée multiralisée. Jusquen 1986 date de lintroduction de sa candidature à lOMC (Gatt a lépoque), les échanges commerciaux de la Chine avec lExtérieur demeure, après celui de lInde et du Pakistan, lun des plus protectionnistes dAsie (Laroche, 2000 :338). Ce nest quen 1978 que, sous limpulsion de Deng Xiao Ping, la République Populaire de Chine décide de changer de modèle de société et de développement après près de deux décennies d autarcie qui suivirent létablissement du régime communiste. Il a fallu 15 années de négociations pour que la Chine réintègre lOrganisation quelle avait quittée en 1948, un processus long et difficile qui a représenté un défi pour ce grand pays du plus du milliard dhabitants mais aussi pour le système de commerce multilatéral puisquil était question de conduire un pays en développement à une transition de léconomie planifiée a léconomie de marche. Comme résultat de ces négociations, la Chine accepte de prendre une série dengagements pour louverture et la libéralisation de son régime afin doffrir un environnement plus transparent et prévisible au commerce et aux investissements étrangers. Le système politique, dobédience résolument communiste encore risque fort de se trouver acculé, à long terme à faire aussi des concessions politiques qui remettront en question le statut idéologique de l Etat. Il faut bien reconnaître que les réformes engagées par le pouvoir de Beijing touchent une frange importante des domaines autrefois exclusivement réservés. Elles conduiront, avec le développement économique, à conforter la Chine dans sa position dacteur politique incontournable dans la gestion des crises auxquelles est confrontée la communauté internationale en Asie du Sud-Est (I), les récentes menaces posées par les velléités nucléaires de Pyong Yang nen étant qu un infime reflet. Il est aussi intéressant de sattarder sur la spécificité du régime politique du pays que la Constitution qualifie de "socialisme de marché", pour voir les défis poignants auxquels le pouvoir devra se trouver confronte du fait même de la règle du libre-jeu de participation à la gestion des affaires communes contenue dans la définition de léconomie libérale ou de marche (II).
I - LA MISE EN PLACE GRADUELLE DUNE POLITIQUE ECONOMIQUE FAVORISANT LINTEGRATION AU MARCHE MONDIAL.
L histoire de la candidature de la Chine a l"O.M.C. est celle de 15 années davancée vers léconomie de marché et de ladoption progressive des règles internationales. La règle du traitement national qui donne aux entreprises étrangères les mêmes droits et avantages quaux entreprises nationales, et la clause de la nation la plus favorisée qui permet détendre à tous les pays le bénéfice des avantages consentis auparavant à un seul caractérisent cette avancée vers le libéralisme (Laroche, 2000 :339). En vue de son adhésion a lOMC, la Chine a substantiellement réduit ses barrières tarifaires et non tarifaires, graduellement ouvert le secteur des services, aboli la politique de la planification des importations et exportations, opéré la libéralisation graduelle du régime de change associé à une politique de dévaluation de la monnaie.
A - La politique de libéralisation de léconomie.
Les pays de lEurope de lEst avaient fait de la privatisation des entreprises dEtat une condition sine qua none du passage à léconomie de marché. La Chine a opté pour une planification progressivement assouplie. A la faveur de la collectivisation agricole, de la réduction de la planification centralisée, la libéralisation des prix, la décentralisation économique et financière, les entreprises privées sont peu à peu devenues concurrentes du secteur dEtat. La rapide croissance que connaît léconomie chinoise depuis près de 15 ans repose essentiellement sur lexpansion des activités accomplies hors du secteur étatique (Laroche, 2000 : 324). Les entreprises à capitaux étrangers (joint-ventures) sont un vecteur important du système productif chinois et sont un rouage dominant dans les échanges extérieurs de la Chine. Elles assurent près de la moitié des exportations et importations chinoises. Labandon en 1979 du système de la "grande marmite" par lequel lEtat assumait les pertes et les profits du commerce extérieur a offert aux instances locales et aux entreprises lopportunité dune pleine responsabilité financière. La décentralisation des échanges extérieurs a favorisé lémergence et le développement rapide des sociétés à capitaux indépendants de lautorité centrale.
La main-tendue à lOMC reflète le choix dune politique audacieuse dimbrication dans la donne mondiale. Cest aussi lacceptation des transformations sociales internes profondes. D après le texte dagrément du 10 Novembre 2001 qui marque son entrée a lOMC, la Chine libéralise le commerce des biens et des services sur son territoire, mais aussi concède aux prives et aux étrangers le droit dinvestir dans les secteurs jusquici sensibles et réservés comme celui de léducation et de la santé.
A la faveur de ces volets de réformes sans précédent, les investissements étrangers affluent vers la nation la plus peuplée du globe. Les investissements de Taiwan sur le Continent en font aujourdhui le premier investisseur étranger. Lîle tient nettement à garder une identité propre par rapport à la Chine, mais lui consacre bien le quart de ses exportations (Fortune, 2003 : 49). Les autres voisins du Grand Dragon, membres de lASEAN (association of South East Asian Nations) dont Singapour, la Malaisie, la Thaïlande, lIndonésie, les Philippines se battent pour trouver des mécanismes de résistance à la concurrence de la Chine qui se révèle être un formidable rival. En cinq ans, depuis la crise financière asiatique, la Chine marque un développement annuel de 7% à 8%. Les Nations Unies estiment que la Chine a depuis absorbé 50 millions dIDE, plus que le reste de lAsie réunie. Même pour léconomie des plus riches, comme la Corée du Sud et le Japon, la compétition suscitée par la Chine cause une énorme pression : la baisse des prix des exportations et des profits entraînent la montée du taux de chômage. Néanmoins, la Chine demeure après lIndonésie le premier bénéficiaire des programmes Japonais daide au développement (Laroche, 2000 :338). Le Japon conserve encore sur la Chine une énorme avance en matière de technologie et dexpertise de gestion. Elle est toutefois après le Japon, la deuxième puissance exportatrice asiatique. En 1988 elle a dépassé la Corée du Sud, et un an après, Taiwan. A présent, elle exporte également des capitaux dans plus de 120 pays.
B - Puissance économique et positionnement politique de la Chine sur la scène internationale.
La montée en puissance économique de la Chine revêt des enjeux sécuritaires majeurs pour la région dAsie de lEst et voire même du monde . Lhistoire de la Chine est parsemée de disputes territoriales répétées avec ses voisins. Certaines ont été réglées pacifiquement, avec le Bruma, le Népal, lInde et le Vietnam. Les relations tumultueuses et très souvent inamicales de la Chine avec son grand voisin communiste russe ont conduit à bien des éclats, notamment à la frontière entre Xinjiang en Chine et le Kazakstan soviétique. A ces différends, a été trouvée une solution pacifique souvent au détriment de la Chine qui a concédé à une perte substantielle de territoire en Mongolie. Avec une armée de près de trois millions dhommes et un programme de modernisation dun système logistique impressionnant plus de 3000 avions de combats, 50 navires de guerre, 860 chars de patrouilles, et 46 SSN sous-marins (Gallagher, 1996 : 121) - mais bien à la traîne de 20 ans face à la mobilité et à la puissance de frappe des Etats-Unis -, la Chine, puissance nucléaire, pose des inquiétudes sérieuses a ses voisins, comme Taiwan, (protégée des Etats-Unis), le Japon et la Russie. Ils redoutent avec la percée économique fulgurante une résurgence des velléités de reconquêtes territoriales et de positionnement hégémonique dans la région. Ce scénario entraînerait une riposte du Japon, mettant lAsie de lEst sous la menace dun nouveau conflit bipolaire.
Seulement, la Chine jouit depuis 1971 en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité (avec le privilège du droit de veto) dune position unique à lONU, et dun prestige grandissant que les entorses régulières aux droits de lHomme terni à peine. La levée en 1991 par le Japon de lembargo économique ayant suivi les avènements de Tian An Men et la reconduction en 1994 par le président Clinton du statut de la nation la plus favorisée a son bénéfice en est une preuve patente. De plus, les dirigeants de la Chine ne tiennent certainement pas a revivre lexpérience dun conflit arme comme celui layant oppose au Vietnam à la suite de son invasion du Cambodge en 1979. Cela remettrait en question les efforts herculéens déployés depuis déjà plus de 20 ans pour la modernisation du pays et pour le rehaussement de la stature internationale de lEtat. Le mandat permanent de la Chine à lONU loblige à composer avec les grandes puissances capitalistes occidentales, mais cette imbrication dintérêts nenlève rien au légendaire souci dindépendance de la Chine. Elle manipule allégrement diplomatie et intérêts stratégiques prioritaires. Sur la question de ses essais nucléaires elle se montre inflexible face aux Etats-Unis. Appelée a jouer un rôle diplomatique de premier plan dans le règlement de la tension opposant les Etats-Unis à la Corée du Nord, elle sest bien gardée de condamner son plus fidèle allié de la région. La Chine soutient fermement lOLP dans la lutte pour la création dun Etat Palestinien mais entretient depuis 1992 avec Israël de même dailleurs quavec tous les Etats arabo-musulmans du Moyen Orient des liens diplomatiques solides. Les rapports avec la Russie (affaiblie) se sont apaisés. La prise de position partagée avec la Russie, la France et lAllemagne contre lopération "libération de lIrak" instiguée par le Etats-Unis en violation de la résolution 1441 du Conseil de Sécurité, prouve que les démarches internationales de la Chine sont motivées, non pas tant par un souci de reconquêtes territoriales portées par la force de léconomie mais plutôt par celui dun rayonnement sur lopinion publique étrangère. Ses décisions sont circonspectes, longuement réfléchies et avisées, fondées sur les capacités de ladversaire et les siennes propres.
Dautre part la question posée par la protection de lEnvironnement demeure cruciale. La Chine par son adhésion à lOMC a lopportunité de surpasser lOuest et de bâtir une économie politiquement viable qui prenne en compte la protection de la biosphère. Si elle réussit, la Chine deviendra un brillant exemple qui fera ladmiration et lenvie au reste du monde. Si elle échoue lensemble régional en paieront tous le prix.
II - POLITIQUE COMMUNISTE ET ECONOMIE CAPITALISTE: LA DONNE DE LA TROISIEME VOIE.
Le préambule de sa constitution fait de la République Populaire de Chine un Etat socialiste caractérise par lindépendance de lindustrie. Elle ajoute à larticle 6 que: " la base du système économique socialiste de la République Populaire de Chine est la propriété socialiste publique des moyens de production, notamment la propriété par le peuple tout entier et la propriété collective par les travailleurs Elle applique le principe à chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail" La connotation de ce texte laisse percer le désir de prévenir la croissance dune classe capitaliste dans un Etat qui demeure avant tout communiste. Contrairement aux apparences laissées par les progrès pragmatiques de la Chine dans la stimulation de la prise de participation des prives et louverture au marché libre, lobjectif à long terme demeure le Communisme et non le capitalisme (Reeder, 1984). La présence à lOMC est une question de survie que les stratèges ont entouré de re façonnement idéologique et de réajustement juridique. Ravagée par un siècle doccupation étrangère, de guerre civile, de déconfiture interne (la révolution culturelle), la Chine se lance dans un modèle propre de développement et tente de trouver à la lumière de lHistoire un équilibre entre le libéralisme politique tous azimuts et le modèle économique lénino-stalinien ou lEtat décide par décret ce que chaque industrie produit, ce que chaque boutique vendra et ce que chaque individu gagnera. Il semble loin, le temps des quotas et des subventions. La reforme marchera-t-elle?
A - Le modèle de communisme chinois.
Dans un discours remarquable, le chef du parti communiste Hu Yao Bang a admis que le gouvernement de la République Populaire de Chine avait "gaspille 20 ans" à cause dun "radicalisme de gauche erroné" associé aux politiques de Mao Ze Dong . Hu a attribué les troubles vécus lors de la Révolution Culturelle au Parti qui a voulu régler les problèmes économiques par des slogans du genre des loques de communiste valent mieux que le grain du capitaliste. Léconomie communiste de la Chine avait été un échec. Les problèmes recensés par nombre de travaux de recherche menés par les économistes chinois et largement diffusés par les politiciens de lapres-Mao, insistaient surtout sur la qualité de la performance économique plutôt que sur la production, bien que le produit National Brut fut exceptionnellement bas. Lorsque Deng Xiao Ping a assis son autorité en 1978, léconomie de la République Populaire de Chine "ressemblait à un malade atteint de cancer en urgent besoin de soins". Il savérait nécessaire didentifier les problèmes, de diagnostiquer les causes et de trouver des solutions. La théorie économique socialiste fut de peu daide pour analyser les déficiences structurelles au sein dun système déconomie planifiée. En 1979 néanmoins, quelques économistes chinois critiquaient âprement le système économique lui-même et suggéraient des reformes plutôt que de simples ajustements. Les débats firent rage, à l intérieur sur le choix à faire, et opposaient notamment, ceux défendant une politique dajustement au sein de léconomie planifiée et ceux proposant une reforme radicale du système. Quoiquau départ les pilules prirent la forme de simples ajustements, les choix ultérieurs reflétèrent des changements structurels au sein du système. Mais cela ne se fit pas sans résistance et plusieurs tenanciers de la doctrine du Parti furent écartés dans la marche vers la modernisation économique. La mauvaise distribution des ressources, la mauvaise qualité de la consommation et de la production, le déséquilibre structurel dans les moyens de production, limprévisibilité les subventionnements excessifs, la stagnation dans linnovation et la diffusion de la technologie moderne, le chômage, la pauvreté, étaient autant dépines dans la crédibilité de léconomie marxiste. Les économies communistes trouvant leur origine dans le Plan de Staline souffraient des mêmes plaies et lhypothèse dattribuer cette débâcle a une utilisation défectueuse du modèle fut écartée.
Nonobstant ce que cela impliquait de négatif pour limage du socialisme, la conviction que les troubles économiques de la Chine trouvaient leur origine dans ladoption du système économique de lURSS sinstalla en 1979 et appela au changement du système plutôt quà de simples mesures dajustements structurels. Lexpérience désastreuse de la Hongrie et de la Yougoslavie mit le pouvoir en garde contre les méfaits dune libéralisation partielle où lon admet un brin de règles du marché et un morceau de droit de propriété privée tout en gardant lensemble sous létau de la planification bureaucratique et des contrôles administratifs serrés. Utiliser les techniques capitalistes pour bâtir du socialisme nest ni politiquement, ni idéologiquement, ni éthiquement neutre. Louverture au marché et la privatisation des structures institutionnelles de léconomie implique une pluralisation des centres de prises de décision conduisant à la création des bases de pouvoirs compétitifs à léchelle sociale.
Au fur et à mesure de lapplication à la RPC du programme de libéralisation de léconomie exigé par lOMC, les sujets dincompréhension et de protestation grandiront. Mais le défi est non pas détrangler lopposition, mais de la confondre en faisant pointer toujours plus haut les indices de croissance et le niveau de vie de la vie de la population.
B- La Chine face a la politisation des lois du marché libre.
La globalisation de léconomie suscite lépanouissement du marché, mais mine aussi le pouvoir de lEtat ( Han, 2000 : 69). Il est du plus grand intérêt des Etats-Unis que la Chine souvre à léconomie de marché, que sa politique interne et internationale contribuent à la stabilité régionale et que son gouvernement et son peuple évacue les excès du Maoïsme. Le processus de globalisation conduit à une imbrication des intérêts qui rend difficile la distinction du National et de lInternational. Toutefois lhégémonisme est le plus grand obstacle à la coopération dans les domaines de léconomie internationale et du développement social. Les Etats-Unis ainsi que les pays développés de lOuest veulent politiser la coopération économique internationale en manipulant léconomie internationale et les institutions financières telles que la Banque Mondiale le Fonds Monétaire International et lOMC. Les trois organisations internationales financières et commerciales sont sous leur contrôle. Ils monopolisent également la formulation et la révision des règles du jeu de léconomie internationale. Ces lois et régulations servent surtout les intérêts des pays développés et contiennent une grande part de dispositions injustes et déraisonnables pour les pays en développement. Le système de vote accorde aux E.U. une grande influence à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international de même quau Japon qui jouit plus que les autres Etats membres dune grande opportunité de se prononcer par vote. La Chine a peu dinfluence dans les deux organisations à cause de sa faible position économique de pays en développement. Prenant avantage de sa suprématie dans les organisations internationales, les E.U. très souvent attachent des exigences de nature politique à leur aide économique et technique et fréquemment imposent ou menacent dimposer de façon unilatérale ou multilatérale des sanctions contre les pays récalcitrants afin datteindre leurs objectifs politiques. Ainsi, ils ont, pour des raisons politiques places de grands obstacles a la rentrée de la Chine dans lOrganisation mondiale du commerce. La Russie fait face au même blocage dans sa candidature dadhésion a lorganisation. La Chine est un pays endetté. Les Etats Unis exercent sur la Banque mondiale et le Fonds monétaire international des pressions politiques afin quils joignent des conditions pénibles à laccord des prêts à Beijing.
La Chine reconnaît linterdépendance que lintégration du marché implique et toutes les vulnérabilités qui sy associent. Ces contingences sont perçues en terme de pression politique que les Etats imposent suite à la dépendance économique. Cest pourquoi le concept de sécurité économique a pris de limportance, et la solution généralement adoptée par les Etats est lutilisation de leur propre potentiel et pouvoir économique, par exemple en transférant la demande du capital déquipement vers lEurope. Ladhésion de la Chine au marché intégré est un processus clairement destine à servir les intérêts de la Chine. Cest un moyen inévitable de modernisation et damélioration de lefficacité de son industrie. Madelin Ross soutient que la force à la base de chacune des relations économiques extérieures de la Chine- rendre la Chine plus forte, plus moderne, et auto-suffisante- nont pas changé. Cest pourquoi il est improbable que la Chine favorise linterdépendance économique sur un terrain qui conduira à la réforme politique et éventuellement à lacceptation des critères occidentaux de démocratie comme moyens de préservation de la paix. Il sagit peut-être dune norme occidentale, mais elle nest pas universelle. Dans certains cas même, des analystes occidentaux insistent sur la libéralisation du marché et linterdépendance économique plutôt que sur le processus démocratique comme garant de la paix et de la stabilité.
La quête de démocratie comme valeur universelle est perçue par la Chine comme une menace. Beaucoup danalystes chinois pourtant, soutiennent que linterdépendance économique réduit les chances de guerre et que la pression de la globalisation rend la coopération internationale plus nécessaire et inévitable. Dans lensemble, la Chine perçoit moins bien, contrairement à beaucoup de pays occidentaux les avantages - qui accompagnent laugmentation des échanges économiques. Poue Deng, ce sont des"moustiques" qui rentrent inévitablement par la fenêtre ouverte, et la Chine peut gérer ces problèmes.
Cest pour ces raisons aussi que la Chine appelle fermement à la suppression des actions hégémoniques dans les relations économiques internationales, à la restauration de lordre économique qui pour le moment est injuste et déraisonnable. Elle propose létablissement dun nouvel ordre économique international basé sur le bénéfice mutuel et la coopération, ce qui pourraient contenir les éléments suivants:
- chaque pays a le droit de choisir son système social, son modèle économique , et la voie de développement la mieux adaptée à ses conditions nationales;
- chaque pays a la droit dexercer un contrôle effectif sur ses ressources et leur exploitation. Tous les pays ont le droit de participer à la gestion des affaires économiques internationales sur une base égalitaire.
- Les pays développés doivent respecter et se conformer aux intérêts et besoins des pays en développement et sabstenir dattacher des exigences politiques à leur aide
- Des efforts doivent être faits pour redémarrer le dialogue Nord-Sud et renforcer leur coopération en vue dajustements nécessaires et de reforme dans le commerce, la Banque, la dette, la monnaie, les finances et les autres domaines de léconomie internationale.
CONCLUSION
Avec son adhésion à lOMC, une ère nouvelle de conquêtes territoriales souvre a la Chine. Mais il sagit de lédification a lIntérieur dun système monétaire et fiscal crédible. Avec la création en 1980 de quatre Z.E.S. (zones économiques spéciales) situées dans les provinces maritimes de Guangdong et de Fujian, zones bénéficiant de politiques économiques préférentielles, les autorités se lançaient dans un programme dexpérimentation de léconomie de marché. Par la suite, la multiplication des zones franches a permis dattirer un volume illimité dinvestissements étrangers, ces apports en capital se réalisant le plus souvent dans la cadre de Joint-ventures ou de sociétés totalement étrangères, mais aussi en machines, en équipements et en technologies grâce à des cessions de licence (Laroche, 2000 : 330). Comme résultat dune croissance économique exponentielle, et suite à son adhésion a lOMC, la Chine se place en point de mire du champ dobservation des économistes, des politiciens et des observateurs de la scène internationale. Les multiples résurgences de conflits et de tensions politiques, le déséquilibre économique, le malaise social attaché à une démographie rampante et le risque toujours présent dune de stabilisation du pouvoir en place par lintroduction insidieuse de valeurs occidentales dans cette zone stratégique du globe quest lAsie, appellent la Chine a un rôle précurseur de décideur politique et de bailleur de fonds dans le financement des missions de Sécurité et de Paix. Il y a bien longtemps que le dogme de lautarcie a fait place a une politique plus engagée, notamment par des prises de position tranchées dans la cadre de lONU et au sein du Conseil de Sécurité. Sous le rapport des ressources géographiques, humaines et économiques, la Chine se place loin en tête des pays en développement. Elle représente aussi pour les Démocraties de lOuest un pilier de survivance de lidéologie communiste et de fait la variable stratégique inconnue dans leur jeu de cartes. A ce titre, la Chine a lopportunité de faire des choix propres de développement et de servir dappui aux pays les moins nantis, dêtre le porte-parole des pays du Tiers-Monde en général et en particulier de ceux de lAfrique.
NOTES
1 - Déclaration par son excellence le vice-premier ministre Long Yongtu, Chef de la délégation chinoise à la 18ème session du Groupe de travail sur la Chine.
2 - Mike Moore, Directeur général de lOMC dans un commentaire du 1o Novembre 2001 sur ladmission de la Chine à LOMC.
BIBLIOGRAPHIE
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