RESUMES

 



Usages politiques du droit de la presse au cameroun. Notes de sociologie politique du droit   

Fabien NKOT

Cet article propose une nomenclature des orientations de recherche en droit, sur la base de leurs questionnements respectifs. A la faveur de cette opération, il isole la perspective de la sociologie du droit et insiste sur une des variations, à savoir la sociologie politique du droit, dont il dévoile les axes majeurs de recherche. La principale contribution de l’article réside dans ce qu’il met en relief un nouvel axe de recherche en sociologie politique du droit, auquel la littérature spécialisée n’a, à ce jour, accordé ni attention, ni intérêt : l’article montre en effet que les acteurs centraux de pouvoir imaginent et élaborent un ensemble de techniques de tricherie juridique qu’ils mobilisent pour atteindre des objectifs politiques qu’ils se sont fixés. Les errements du droit de la presse au Cameroun offrent l’occasion de voir à l’œuvre cette dynamique qui participe des usages politiques du droit.

Espace public et recompositions de la pratique politique au Cameroun
Claude ABE

L’article se propose d’analyser les mutations qui affectent la pratique politique au Cameroun à partir de l’émergence de l’espace public comme champ symbolique de prise de la parole. Il s’agit de voir comment la crise de l’autoritarisme qui a achoppé sur la conflictualisation du champ socio-politique, a permis in fine de pacifier de manière civique les pratiques politiques au Cameroun en libérant des espaces de parole, notamment dans le champ médiatique. Si le paradigme de l’espace public avec ce qu’il implique en termes de discussion citoyenne rend compte de l’épuisement du paradigme du conflit, il faut cependant noter qu’il génère et entretient de nouvelles formes d’instabilités qui s’offrent comme défis aussi bien à la pratique politique qu’à l’analyse scientifique.

L’institutionnalisation de la lutte contre la corruption et la criminalité financière au Cameroun
André TCHOUPIE


Partant de la diversité et de la complexité du phénomène de la corruption tant dans son acception théorique que dans ses effectuations empiriques, cet article analyse les stratégies mobilisées par le Cameroun pour lutter contre ce fléau. Ceci afin de comprendre dans quelle mesure elles s’inscrivent dans une dynamique d’institutionnalisation dont l’efficacité serait successible de constituer un baromètre politique de « Bonne gouvernance ». L’article relève enfin que au-delà de cette institutionnalisation, par ailleurs importante, la lutte contre la corruption doit devenir une pratique inscrite dans les mœurs socio-politiques.

La construction et la politisation de l’ethnicité «Kirdi» au nord du Cameroun
Fendjongue HOULI


Le processus de démocratisation a contribué à révéler au grand jour la question kirdi au Nord du Cameroun. Le paradigme constructiviste de l’ethnicité permet de la saisir comme un construit politique et/ou idéologique. En fait, la dynamique d’émancipation que déploient les populations non musulmanes du Nord-Cameroun à la faveur de la réinstauration du pluralisme politique et social est complexe. L’initiative des promoteurs de la Dynamique Culturelle Kirdi, qu’on situait au début dans une mouvance purement « intello - culturelle » sert principalement d’autres intérêts à partir du mythe identitaire servant de mobilisation et de recompositions sociales. L’ethnicité « kirdi » est instrumentalisée par son élite. Celle-ci constitue à l’heure actuelle une importante ressource de positionnement sur l’échiquier politique national.

Civilité publique et identités sexuelles dans les rues de Yaoundé
Armand LEKA ESSOMBA


Comment décrire et interpréter la façon dont les gens, dans les rues urbaines camerounaises et notamment celles de Yaoundé se parent, circulent, se croisent, s’exposent ? Quels sont les différents langages qui sont véhiculés à travers les modes de présentation publique de soi qui s’observent sur ces rues ? A partir des interactions instables qui sont provoquées en contexte de circulation pédestre dans les rues de la ville de Yaoundé, comment mettre en exergue les régimes de civilité ou encore les modes de formation et de reconfiguration de l’urbanité qui sont en travail ? Telles sont quelques unes des questions auxquelles la présente étude tente de trouver réponses. Elle s’inscrit dans le cadre des recherches en sociologie urbaine à partir d’un axe qui, se distançant des problématiques courantes sur les manières d’habiter la ville, s’oriente vers les manières de circuler en ville qui n’ont pas encore suscité beaucoup de recherches. Elle tente également, à partir des menus faits de la vie quotidienne d’interroger les représentations et les fantasmes dont sont porteurs les langages corporels des citadins qui circulent dans nos rues.

La prise d’otages aux confins du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad une nouvelle modalité du banditisme transfrontalier
Saibou ISSA


Une nouvelle race de bandits écument la campagne aux confins du Cameroun, du Tchad et de la Centrafrique pour perpétrer des prises d’otages d’enfants d’éleveurs en particulier, en contrepartie de fortes rançons, sous peine de voir les enfants exécutés. Les pasteurs mbororo, principales victimes de ces enlèvements, sont des marginaux quasi-apatrides qui subissent depuis des décennies les affres de la sécheresse et les pressions diverses de ceux qui en veulent à leur bétail. La perte de leur bétail amène certains mbororo à se transformer en preneurs d’otages, tandis que des milliers d’autres fuient le nord-ouest de la Centrafrique pour se réfugier au Cameroun et au Tchad. « Libérateurs » et bandits mbororo utiliseraient leur butin pour financer de nouvelles rébellions d’une part et d’autre part reconstituer leur bétail ou se recaser dans une autre activité. La régionalisation de l’insécurité contraint le Cameroun, la Centrafrique et le Tchad à renforcer la coopération bilatérale en matière de sécurité. Mais les bandits tentent de trouver des moyens de contournement.