LA POLITIQUE AFRICAINE DES ETATS-UNIS DE
Collège Universitaire de Saint
Boniface
Winnipeg, Manitoba, Canada
De la naissance de la fédération américaine à la Deuxième guerre mondiale, la
politique étrangère américaine à légard de lAfrique est caractérisée
par une sorte de négligence sinon dindifférence qui sest invétérée avec
les années qui passent sans subir de changement majeur (Schraeder, 1994 : 3). Après la
guerre, la lutte contre lexpansion du communisme est au centre de la politique
africaine des États-unis entre 1947 et 1989. Au lendemain de la chute du Mur de Berlin,
George Bush senior arrive au pouvoir avec aucune vision pour le continent africain. Le
nouvel ordre mondial quil tente de mettre sur pied exclut totalement lAfrique
qui vient de perdre son importance géopolitique avec limplosion de lURSS. La
politique étrangère à légard de lAfrique sous William J. Clinton, basée,
pour la plupart, sur des fondements idéalistes beaucoup plus solides, sera en définitive
plus paternaliste que productive. Georges W. Bush, au début de son mandat, est tout
simplement laconique dans ses propos à légard de lAfrique. Peut-être ne
voulait-il pas mettre en exergue ses impérities quant au continent africain. Finalement,
force est de constater quaucune administration, comme nous le verrons plus loin,
na véritablement développé de politique, de stratégie à long terme pour guider
les activités et les implications américaines en Afrique dans les années 1990 et 2000.
La première partie du texte fait le bilan de la politique étrangère américaine à
légard de lAfrique de 1945 jusquà la fin des années 1990. La
deuxième partie quant à elle met en exergue les caractéristiques fondamentales de la
politique africaine des États-Unis dans les années 2000.
La politique américaine à légard de lAfrique 1
Après la Deuxième guerre mondiale, on assiste à la naissance des mouvements
indépendantistes africains et, dès lors, les objectifs de la politique américaine à
légard de lAfrique seront dominés par des principes tels que la liberté,
lautodétermination, la démocratie et les droits de la personne. Malheureusement,
ces principes nobles seront mis aux oubliettes pendant plus de quarante ans. En effet, de
1947 à 1989, lendiguement (containment)2 et leurocentrisme, à un degré
moindre sont les principaux déterminants de la politique américaine à légard du
continent noir. (Ohaegbulam, 1992 : 19). En dautres termes, durant cette période,
la lutte contre lexpansion de lidéologie communiste est la pierre angulaire
de la politique étrangère américaine à légard des pays africains (Jackson, 1983
; Rotberg, 1988 ; Newson, 1990 ; Diamond, 1995 ; Brent, 1990 ; Herbst, 1992).
Lexpansion de cette idéologie en Afrique, soulignent les Américains, représente
une menace pour la sécurité des États Unis et pour celle de la planète toute entière.
En effet, à la fin des années 1950, avec lavènement des indépendances
africaines, les superpuissances commencent à réévaluer la signification géopolitique
de ce continent. LAfrique devient le terrain par excellence de la compétition
américano-soviétique car elle est composée de jeunes États à la recherche dune
idéologie et dune stratégie de développement pour la survie de leurs nouvelles
nations.
En 1957, le vice-président américain de lépoque, Richard
Nixon, suite à une visite effectuée en Afrique, réitère limportance
géostratégique de ce continent au président Dwight Eisenhower: «the course of
(Africas) development... could well prove to be the decisive factor in the conflict
between the forces of freedom and international communism » (cité dans Clough, 1992 :
6). Cette déclaration conduit à la création du Bureau des affaires africaines au
département dÉtat américain en 1958. Bien que lanticommunisme ait été
primordial dans la justification de la présence américaine en Afrique, il faut tout de
même dire que la politique à légard du continent africain était quelque peu
influencée par la philosophie et la doctrine des présidents américains.
Dans les années 1960, John F. Kennedy et son administration adoptent
une nouvelle approche face à lAfrique qui, non seulement, tient compte de
lintérêt national américain et de la lutte contre lexpansion du communiste
mais aussi fait de la place à quelques principes idéalistes tels que la démocratisation
et les besoins humanitaires. Avec ce dernier, laide au développement devient un
instrument de politique étrangère de premier plan avec la mise sur pied du Corps de la
paix, de lAgence américaine pour le développement international (USAID) et de
lAlliance pour le progrès. En vérité, ces agences sont tout simplement des
instruments de lutte contre le communisme.
Faisant suite au bref mandat de Kennedy, le président Richard Nixon et son conseiller à
la sécurité nationale, Henri Kissinger (plus tard secrétaire dÉtat) adoptent une
vision globale de la politique internationale dans laquelle se noient les intérêts
régionaux américains en Afrique. (Ohaegbulam, 1992 : 25)
À partir de 1974, certains événements en Afrique australe font
revivre la question de lanticommunisme dans la politique africaine des États Unis
et, par conséquent, lintérêt pour lAfrique prend de lampleur. En
effet, en 1975, ladministration Ford autorise une intervention militaire secrète
(covert operation) en Angola pour empêcher le Mouvement populaire de libération de
Angola (MPLA) pro-soviétique de prendre le pouvoir. Mais, celle-ci échoue et le MPLA,
malgré tous les efforts américains, accède au pouvoir. Donc, le containment
redevient lidée maîtresse de la politique américaine à légard de
lAfrique.
Le Président Jimmy Carter accède au pouvoir en 1976 et adopte une
nouvelle orientation de la politique africaine des États Unis. Il nest plus
question, pense t-il, que le conflit Est-Ouest et le comportement soviétique soient les
justifications premières de la politique de Washington à légard du continent
africain. Pour ce dernier, il faut tenir compte de bien dautres principes
idéalistes tels que les droits et libertés. Cependant, cette nouvelle vision divise
ladministration parce que pour le conseiller principal en matière de sécurité
nationale de lépoque, Zbigniew Brzezinski, toute politique doit être justifiée
par le comportement soviétique. Alors que pour le secrétaire dÉtat, Cyrus Vance,
il faut traiter les questions africaines dans un contexte purement régional, donc
lapproche globale de Kissinger nest plus acceptable. Mais, la vision de
Brzezinski prend le dessus car la politique africaine de Washington ne tarde pas à être
dominée de nouveau par les problèmes dincursions soviétique et cubaine dans le
continent africain (Schraeder, 1994 : 33)
La politique de Ronald Reagan, qui prend le pouvoir en janvier 1981,
est tout simplement basée sur le facteur soviétique. En effet, toute organisation ou
tout pays africain hostile aux Soviétiques a automatiquement les faveurs de Reagan. Pour
ce dernier : « lURSS est lempire du mal qui est la source
première de linstabilité en Afrique» (Schraeder, 1994 : 34).
Lanticommunisme de Reagan est tel que ce dernier soppose à loi anti-apartheid
(the Comprehensive Anti-Apartheid Act) du Congrès américain qui a pour but de
sanctionner le gouvernement raciste de Pretoria. Pour Reagan, cette loi est inacceptable
parce que lAfrique du Sud est un pays ami stratégiquement bien situé et de
surcroît confronté à la soi-disant menace communiste de la African National
Congress (ANC) de Nelson Mandela. Les années 1975-1985 représente la période où les
Américains sont le plus actifs en Afrique. Malgré quelques écarts dans leurs politiques
étrangères, les administrations Reagan, Ford et Carter basent largement leurs politiques
sur des considérations géopolitiques. Avec la fin de la Guerre froide, on aurait cru,
souligne Michael Clough, que Washington serait enfin libre de développer de nouvelles
relations avec lAfrique, mais cela ne fut nullement le cas (Clough, 1992 : 3).
I- La politique de Washington après la Guerre froide
Ladministration de Georges Bush senior, dès son arrivée au pouvoir, rejette cette
politique basée sur la lutte contre le communisme et épouse, pour ainsi dire, la
vision globale de Nixon qui ne fait aucune place à lAfrique. En effet,
confrontés à léventuelle disparition de lempire soviétique au début de
son mandat, Bush et son administration pensent quil faut aller au-delà du
containment et : « chercher à intégrer les Soviétiques dans la communauté des nations
et de les aider à bénéficier de la coopération internationale » (Schraeder, 1994 :
35). Cette administration, avec la fin de la Guerre froide, établit ainsi les bases du «
Nouvel ordre mondial » dans lequel la domination américaine serait incontestable. Mais,
malgré ce changement dattitude face au communisme, aucune politique viable na
été développée à légard de lAfrique. En fait, Bush na aucune
vision du rôle des États-Unis dans le continent africain.
Ce manque de vision, selon Marguerite Michaels, est dû au fait que la
fin, sinon la défaite du communisme, révèle aux Américains quils nont
aucun intérêt sur ce continent (Michaels, 1993 : 94). Ce manque dintérêt se fait
automatiquement ressentir au niveau administratif. En 1992, le Bureau des affaires
africaines au département dÉtat perd 70 postes. Durant cette même période, la
section africaine de USAID perd environ 40 membres de son personnel sur un total de 130.
Ainsi, le leitmotiv de la politique africaine des États Unis durant cette période est :
«ne faites aucune demande pour lAfrique qui coûte de largent» (Michaels,
1993 : 94)
La politique africaine de Washington sous la présidence de William J. Clinton
Après son élection en 1993, le président Clinton développe une
politique africaine avec des principes idéalistes plus évidents que jamais. Le 21 mai
1993, à la 23ème conférence de la African-American Institute, le
Secrétaire dÉtat Warren Christopher déclare que ladministration Clinton
fournira un soutien considérable et visible pour le mouvement en faveur de la liberté,
de la démocratisation et de léconomie de marché. Au coeur de cette nouvelle
relation, ajoute t-il, se trouve un engagement sans précédent envers la démocratie et
les droits de la personne qui sont les piliers de la politique étrangère américaine à
légard de lAfrique (Christopher , 1993 : 2)
Le 15 septembre 2000, la secrétaire dÉtat adjointe aux affaires
africaines, sadressant au Congressional Black Caucus souligne « le
bilan positif » de la politique africaine de son administration en huit ans de pouvoir :
«ladministration Clinton-Gore a réussi à redéfinir les relations entre les
États-Unis et lAfrique. Nous avons évolué au-delà de cette politique basée sur
lexploitation de lAfrique due à la compétition entre les superpuissances et
à la mentalité patron-client, pour finalement établir avec lAfrique un
partenariat basé sur lintérêt et le respect mutuels» (Rice, 2000 : 1).
Cependant, il faut souligner que, malheureusement, la politique de ladministration
Clinton est très paternaliste et composée dun éventail de décisions et
dactions imprécises et mal coordonnées qui, en réalité, ne sont mises en place
que pour les intérêts américains et pour la personne et limage du président.
Cette absence dune politique étrangère objective et précise est si apparente que
certains auteurs tels que Michael Mandelbaum qualifie la politique étrangère de William
J. Clinton de «Foreign Policy as Social Work», car il sagit dun ensemble
dactions et de décisions humanitaires pour aider lAfrique dans certaines
circonstances (Mandelbaum, 1996).
En matière de démocratisation, ladministration Clinton ne développe
véritablement pas de politique particulière permettant de soutenir les Africains dans
leurs efforts de construction dun système de gouvernance basé sur la règle de
droit et le respect des droits de la personne. Mentionnons à cet égard, lexemple
des négociations dun cessez-le-feu honteux en Sierra Leone par Jesse
Jackson, envoyé spécial du président Clinton à la fin des années 1990. Ces
négociations symbolisent cette absence de politique claire dans ce domaine. Les
négociations ont en effet conduit à la conclusion daccords obligeant le président
Ahmed Tejan Kabbah à nommer, vice-président, Foday Sankoh leader du Front uni
révolutionnaire et responsable de nombreux massacres de civils. (Corry, 2001).
Pétrole vs démocratie en Afrique : ladministration Clinton choisit le pétrole en
abandonnant le mouvement démocratique au Nigeria. En effet, quand le général Sani
Abacha prend le pouvoir par les armes en novembre 1993, Washington continue dacheter
le pétrole nigérian en raison dun demi million de barils par jour et cela
équivaut à 8 % de toutes les importations américaines de pétrole cette année là.
Alors que les défenseurs des droits humains et de la démocratie au Nigeria et la
communauté internationale demandent un embargo pétrolier américain, Clinton, selon ses
propres termes, choisit la voie du « dialogue constructif » qui na fourni aucun
résultat positif (Fadopé, 2004).
Sur le plan économique et des échanges commerciaux entre lAfrique et les
États-Unis, le président Clinton promulgue, le 18 mai 2000, une loi nommée
African Growth and Opportunity Act (AGOA). Cette loi, reconduite en 2002, 2004
jusquen 2015 par ladministration Bush, « permet à des pays dAfrique
subsaharienne dexporter vers les États-Unis dAmérique des produits conformes
à des normes définies par le Système de Préférences Généralisées (SGP) sans
paiement de frais de douane et sans contingentement.» (SAILD, 2003). Le premier accord se
limite essentiellement aux vêtements et au textile. Le 6 août 2002, de nouveaux produits
tels que les montres, les chaussures, les sacs à mains et les produits tricotés (les
chaussettes, les tee-shirts, etc) sont inclus par lAGOA II promulguée par Georges
W. Bush.
Pour être éligible à participer à cet accord, le pays africain doit respecter les
droits de la personne et le pluralisme politique, pratiquer du libéralisme économique et
surtout souvrir au commerce et aux investissements américains. Des efforts au
niveau de la protection de la propriété intellectuelle et de la lutte contre la
corruption et la pauvreté sont aussi exigés aux différents participants du projet. A ce
jour, 37 des 48 pays de lAfrique subsaharienne sont déclarés éligibles à
lAGOA.3 La loi, disent les Américains, a le potentiel de relancer le développement
économique, de créer de nombreux emplois dans des régions avec des taux de mortalité,
de chômage et de malnutrition les plus élevés au monde. (Bureau de la United States
Trade Representative, 2000).
LAGOA, selon le rapport du Bureau du représentant au commerce des États-Unis
publié en mai 2005, représente un véritable succès pour les échanges commerciaux
entre les États-Unis et lAfrique. En effet, en 2004, les exportations américaines
en Afrique subsaharienne connaissent une augmentation de 25 % par rapport à 2003 et se
chiffrent à 8,6 milliards. Les importations de lAfrique se chiffrent à 26,6
milliards en 2004 et présentent, elles aussi, une augmentation de 88 % par rapport à
2003. (United States Trade Representative Office, 2005, p.1). Mais ce rapport omet de
mentionner que ces échanges commerciaux restent extrêmement sélectifs aussi bien quant
aux participants quaux produits concernés. Seulement une poignée de pays,
principalement les gros producteurs de pétrole, en loccurrence le Nigeria,
lAngola et le Gabon se sont accaparés la part du lion quant aux importations et
exportations et surtout aux investissements américains en Afrique. Plus important encore
est quen 2003, 80 % de toutes les importations américaines dans le cadre de
lAGOA sont des produits pétroliers. Le pétrole reste donc la raison principale de
ladoption de cette loi sur les échanges commerciaux entre lAfrique et les
États-unis, car seulement 20 % de ces échanges sont consacrés aux produits du textile
et des vêtements (Colgan, 2005). Ainsi, dun point de vu général, lAGOA fait
peser la balance du côté de la libéralisation des marchés et de lintégration à
léconomie globale dans le seul but de favoriser léconomie américaine, au
lieu de mettre laccent sur le développement durable et équitable en
lAfrique.
Dautres défis de lAGOA sont quen raison de la compétition
internationale croissante et surtout des subventions européennes et américaines
accordées à leurs industries cotonnières respectives, les Africains doivent, non
seulement, trouver les moyens de réduire les coûts de production dans les domaines de
lélectricité, des télécommunications et des transports, mais aussi de combattre
ces subventions qui minent le développement économique et social de nombreux pays du
continent noir. Finalement, il faut souligner que cette loi, mettant laccent sur la
libéralisation des marchés et sur une soi-disante intégration de pays africains à
léconomie globale na, en vérité, le potentiel de bénéficier quà
une poignée de nations plus nanties tels que lAfrique du Sud et le Nigeria. La
raison en est que la grande majorité des États africains na ni la capacité
dattirer les investissements étrangers ni les moyens de produire pour les marchés
internationaux (William, 1998 : 531).
En ce qui concerne laide américaine pour la prévention et les règlements de
conflits en Afrique, on aura aussi remarqué un écart entre les décisions de la Maison
Blanche et leur véritable mise en oeuvre. Le président Clinton sest fait remarquer
par son silence et son absence malgré sa doctrine « Zéro mort » lors des génocides au
Rwanda en 1994, où environ 800 000 personnes perdent la vie en 100 jours. Malgré les
discours grandiloquents prononcés par Clinton aux quatre coins du globe, il ne fait rien
pour arrêter ces massacres. Ainsi, à plusieurs reprises, ce dernier articule à travers
ses interventions au niveau international : « Que vous vivez en Afrique, ou en Europe
centrale ou nimporte où ailleurs, si quelquun sen prend à des
innocents civils et essaie de les tuer à cause de leurs races, de leurs origines
ethniques ou de leurs religions, Nous larrêterons » (Business Day, News in Bref,
2000). « Je veux que nous vivions dans un monde où nous nous entendions avec toutes nos
différences, (...)» (cité par Krauthammer, 1999). Pour le Rwanda, les États-Unis ne
peuvent risquer la vie des soldats américains car Washington na aucun intérêt
aussi bien dans le domaine de la sécurité nationale que dans celui de léconomie
dans ce pays
II- Georges W Bush et lAfrique
Georges W. Bush arrive au pouvoir avec peu de connaissance et dintérêt pour la
politique internationale (Stein, 2002 : 52). LAfrique, quant à elle, est tout
simplement reléguée aux oubliettes dans les relations américaines avec la communauté
internationale. En effet, lors du deuxième débat Bush-Gore durant la campagne
électorale, Bush nhésite pas à déclarer que le continent noir nest pas une
priorité pour les États-Unis contrairement à lEurope, lAsie, le
Moyen-Orient et les Amériques qui sont stratégiquement plus importants4. Lors de ce
même débat, Bush souligne que les efforts pour léradication du sida relèveraient
de la responsabilité de la communauté internationale.
Mais, cette « impression - qualifiée de fausse apparue lors de la campagne
présidentielle», nous dit John Corry, « a été corrigée par la tournée africaine en
fin mai 2001 du secrétaire dÉtat américain Collin Powell. Cette visite reflète
«le nouveau style du gouvernement américain : un style respectueux, franc et direct»
(Corry, 2001). Il est vrai quil existe un changement politique en ce qui concerne
lAfrique, cependant, nous devons souligner que, contrairement à John Corry,
lattitude de Powell nest pas un reflet de la politique de
ladministration Bush à légard de lAfrique. Comment donc expliquer ce
revirement de politique de la Maison Blanche qui constitue lune des plus grandes
surprises du mandat de George W. Bush. En réalité, depuis la fin de la Guerre, deux
approches se sont nettement dessinées dans la politique de Georges W Bush à
légard de lAfrique : il sagit de lengagement sélectif et de la
politique du «Legacy»
Lengagement sélectif et lAfrique
De Ronald Reagan à Georges W. Bush, en passant par Bush senior et Bill Clinton,
lengagement sélectif domine la politique étrangère américaine depuis la fin de
la Guerre froide et de limplosion de lUnion soviétique. Mais, cest sous
la présidence de Georges W. Bush que lapplication de cette approche à
légard de lAfrique demeure évidente. Pour les observateurs de la politique
étrangère, lengagement sélectif, par définition ou par application, nest
ni du multilatéralisme ni de lunilatéralisme (Stein, 2002 : 52). En 2001 Richard
Haass, le chef du Policy Planning Staff au département dÉtat de
ladministration Bush, définit lengagement sélectif comme du «
multilatéralisme à la carte » (Stein, 2002 : 52)
Le Secrétaire dÉtat de lépoque, Collin Powell rejette létiquette
«unilatéraliste» donnée à la politique étrangère après le 11 septembre 2001.
Powell explique que les États-Unis sont: «interested in pulling together coalition [but]
where [US] national interests are not served by being multilateral or participating in
something that we know is not in our national interest and we dont think serves the
purpose that other think it serves, we have to speak out» (Stein, 2002 : 53), autrement
dit, Washington intervient pour défendre ses intérêts quand lui et lui seul le juge
nécessaire. En réalité, lapproche sapparente fondamentalement à un
véritable bilatéralisme beaucoup plus dangereux que lunilatéralisme pour le reste
du monde. En effet, elle conduit la Maison Blanche à faire des choix stratégiques sur le
lieu, le moment et la question sur laquelle les États-Unis doivent intervenir. Le
critère fondamental à souligner quant à lintervention américaine sur la scène
internationale reste lintérêt national américain en terme géostratégique,
économique et sécuritaire et ce, peu importe limpact que celle-ci peut avoir sur
le reste de la communauté internationale.
Les caractéristiques de lengagement sélectif sont :
1. Lengagement sélectif (comme lunilatéralisme
dailleurs) amène Washington à ne pas tenir compte de lopinion de
lensemble de la communauté internationale et aussi surtout de limpact de ses
interventions sur cette dernière.
2. Lapproche de lengagement sélectif favorise la mise sur
pied de politiques basées sur le concept du «Pivotal State» qui amène Washington à
concentrer lessentiel de ses relations vers certains pays considérés comme des
États pivots ou centraux. Ce qui définit lÉtat pivot : « cest sa capacité
à influencer la stabilité régionale [
] leurs succès ou échecs affectent les
pays de la région et surtout les intérêts américains» (Chase, Hill et Kennedy, 1996 :
37). Ainsi, nous pouvons citer lAfrique du Sud en Afrique australe, le Nigeria en
Afrique occidentale. Ces derniers reçoivent des traitements privilégiés de la part de
Washington qui, à travers ces puissances hégémoniques régionales africaines, protège
ses intérêts régionaux.
3. Mais, la conséquence la plus sérieuse est que cette approche
contraint les Américains à se départir de leur responsabilité de seule superpuissance
à légard du reste du monde. En effet, Washington rejette les principes et les
processus multilatéraux quand vient le temps de faire face à certaines catastrophes et
urgences globales. Nous pouvons, à cet effet, rappeler le refus de Bill Clinton
dintervenir lors du génocide au Rwanda en 1994 car Washington ny avait aucun
intérêt aussi bien dans le domaine de la sécurité nationale que dans celui de
léconomie. Autrement dit, lengagement sélectif réduit à néant la notion
de «responsabilité positive » liée au rôle de seule superpuissance du monde qui
devrait conduire Washington à développer des politiques et des initiatives
désintéressées pour daider les pays du Tiers monde à lutter contre la pauvreté,
le sida et à favoriser la naissance dune culture démocratique
Quant à lAfrique, depuis la fin de la Guerre froide, lintérêt national
américain serait principalement lié aux questions de sécurité nationale. Et à un
degré moindre, les questions économiques deviennent de plus en plus importantes depuis
la fin des années 1990 et le début des années 2000 avec la flambée du prix du pétrole
sur le marché international, Washington porte une attention encore plus grande à des
pays tels que le Nigeria et le Gabon, comme nous le verrons plus loin. Depuis les
attentats du 11 septembre 2001 à New York, la lutte contre le terrorisme devient la
pierre angulaire des relations américano-africaines, et ce, en remplacement de
lendiguement. Il sagit en fait dun retour vers la politique dangereuse
et malsaine de la Guerre froide qui amenait Washington à soutenir les dictatures
africaines qui, à des degrés différents, participaient à la lutte contre
lexpansion du communisme et ce, malgré les exactions et violations perpétrées par
ces dernières à légard de leurs populations respectives. De nos jours, la Maison
Blanche applique cette même politique au nom de la lutte contre le terrorisme.
Lapproche de lengagement sélectif conduit donc les États-unis à
sélectionner un certain nombre de pays africains avec lesquels Washington développe des
relations privilégiées pour la défense de ses intérêts économiques ( Nigeria,
Afrique du Sud et Gabon, etc.) et sécuritaires (Djibouti, Kenya, et Somalie etc.).
Les exemples suivants des relations américaines avec Djibouti et surtout, la Mauritanie
qui nétait pas éligible à lAGOA en 2000 à cause des violations constantes
des droits de la personne dans ce pays (Bullard et Waite, 2000), en disent long à ce
sujet.
À Djibouti, les forces armées américaines établissent une base antiterroriste
régionale ayant pour but de surveiller les activités du groupe terroriste Al-Qaida dans
lEst de lAfrique, particulièrement au Kenya, en Somalie, en Éthiopie et dans
certains pays arabes avoisinants tel que le Yémen. En contrepartie, laide
américaine, denviron trois millions de dollars par année avant le 11 septembre
2001 passe à 10 millions de dollars en 2002. Pour lannée 2003, le dictateur
djiboutien, le président Ismaël Omar Guelleh reçoit 31 millions de dollars daide
de ladministration Bush (MacLaughlin, 2003). Mais, il est de notoriété publique
que le président djiboutien, connu sous le nom de « tortionnaire de Djibouti » est
responsable de nombreuses exactions commises à lencontre de la population civile.
Ce dernier, dont les actions sont vivement condamnées par le Parlement européen et la
Commission africaine des droits de lhomme, a fait lobjet dune plainte
pour torture et crimes contre lhumanité en France. Mais, ces faits
nempêchent pas Washington de coopérer avec Djibouti au nom de la lutte contre le
terrorisme.
Lancien président mauritanien Mohaouya Ould Taya, pour souligner lalignement
de son régime sur la diplomatie américaine, quant à lui, procède en mai 2003 à
larrestation de plusieurs membres du Parti du renouveau national dirigé par des
sympathisants du parti Baas irakien et à la fermeture de leurs locaux. Ces derniers sont
accusés davoir violé la constitution et la loi sur les partis politiques.
Toutefois, il faut préciser que la Mauritanie, lors de la première guerre du Golf en
1991, est du côté de Saddam Hussein mais opère un revirement stratégique en nouant les
relations diplomatiques avec lIsraël, allié traditionnel américain, en octobre
1999. Et, depuis les attentats du 11 septembre 2001, nous dit Djibril Touré, le
gouvernement de « Ould Taya [sest lancé] dans une guerre contre le
terrorisme islamiste en Mauritanie en épurant le parti présidentiel de ses
sympathisants baasistes mordus à lidéologie du nationalisme panarabiste» (Touré,
2003). Tous ces comportements et changements que lon pourrait qualifier de
pro-américains valent au gouvernement mauritanien les bonnes grâces de la Maison
Blanche. En effet, selon les autorités américaines, les intérêts
nationaux américains en Mauritanie sont la démocratie, les droits de la personne et la
lutte contre le terrorisme. La condamnation des attentats du 11 septembre par le
gouvernement mauritanien, son soutien explicite à la lutte contre le terrorisme et,
surtout, ses nouveaux engagements envers lIsraël ont ravivé la générosité des
Américains à légard de la Mauritanie. En effet, dans le cadre dun projet
nommé« lInitiative pan-Sahel» qui est une sorte de partenariat entre les
États-unis, la Mauritanie, le Tchad, le Mali et le Niger, les Américains, selon la
Federation of American Scientists (FAS) (2003a) versent 283 000 dollars (83 000 en
2001,100 000 en 2002 et 100 000 de dollars en 2003) pour la formation de larmée
mauritanienne dans le cadre dun programme militaire appelé le International
Military Education and Training(IMET). La Mauritanie est aussi éligible pour
recevoir en 2003 des Excess Defence Articles (EDA) qui sont des subventions qui
serviront au contrôle et au renforcement des frontières et aussi à la participation aux
activités de maintien de la paix. Toujours selon la FAS, dans le cadre dun autre
programme le Nonproliferation, Anti-terrorism, Demining and Related (NADR), le
gouvernement de Nouakchott reçoit 400 000 en 2001, et 200 000 dollars en 2003 pour
déminer le Nord du pays et lutter contre le terrorisme. Et enfin un million de dollars
lui sont versés sous le programme daide économique en 2003 (Federation of American
Scientist 2003b).
Mais, malheureusement pour les Américains, le 2 août 2005 le président mauritanien
Mohaouya Ould Taya est renversé par un coup dÉtat militaire. Washington réagit
vivement et réclame le retour du président déchu car les États-Unis viennent de perdre
un allié important pour la lutte contre le terrorisme. Mais, très vite, Washington
accepte la situation et arrête de demander le retour de Mohaouya. De nos jours les
relations entre Nouakchott et Washington demeurent excellentes et la Mauritanie est
redevenue lalliée indéfectible américain pour la lutte contre le terrorisme.
La politique du «Legacy»
La deuxième approche est celle de la « politique de legacy » qui est construite à
partir du concept de legacy lui-même ou dhéritage. La question fondamentale, comme
lon dirait dans les coulisses de la Maison Blanche à Washington, serait de savoir
« How will the President be remembered? », comment se souviendra-t-on du président?
Concrètement, cette politique consiste à associer à jamais une politique ou des
initiatives au nom de famille du président. Celles-ci peuvent véhiculer des idéologies
ou des messages électoraux favorables au président du moment. Ainsi, cette politique de
legacy permet non seulement, à ladministration Bush de mettre en
exergue son soi-disant intérêt pour lAfrique mais aussi de redorer son blason
auprès de lélectorat noir américain qui dans une certaine mesure sest
toujours soucié du sort du continent africain. Malheureusement, cette approche ne tient
compte ni des résultats ni de limpact des politiques sur les pays africains, comme
nous le verrons dans les paragraphes suivants avec les politiques américaines concernant
laide au développement et le sida.
En effet, pour le traitement du Sida, les pays membres de lOrganisation mondiale du
commerce (OMC) y compris les États-Unis, adoptent la Déclaration de Doha au Qatar en
novembre 2001 et celle-ci stipule que les brevets sur les médicaments ne doivent pas
empêcher les pays pauvres davoir accès aux soins médicaux essentiels. Mais, selon
de nombreux observateurs de la politique africaine des États-Unis, Washington
soppose constamment aux efforts dassouplissement des règles dans le domaine
des brevets qui permettraient aux Africains davoir accès à des versions
génériques bon marché de nouvelles drogues contre le sida. En fait, la positon
officielle américaine est que les États-Unis nacceptent pas les drogues
génériques sécuritaires et efficaces approuvées par lOrganisation mondiale de la
santé (OMS) (Curtius , 2004). Et, cela est tout simplement dû aux liens étroits entre
ladministration Bush et les puissantes compagnies pharmaceutiques qui demeurent
parmi les plus grands contributeurs financiers du Parti républicain américain.
Randall Tobias, ancien président directeur général de la compagnie pharmaceutique Eli
Lilly & Co dans les années 1990, sans expérience aucune ni en santé publique ni
dans le domaine international, est nommé récemment coordinateur de la nouvelle
initiative américaine sur le Sida dotée un budget de 15 milliards de dollars (Africa
Action, 2003). Selon Sharonann Lynch de lorganisation de lutte contre le sida,
Health Global Access Project, Tobias est « the front man for Bushs ideology-driven
policies on prevention and on treatment of AIDS» (Curtius, 2004). En plus de ce rôle de
marionnette idéologique, ce dernier, protégerait aussi les intérêts des firmes
pharmaceutiques en empêchant les pays sous développés qui acceptent laide
américaine de se procurer des drogues génériques bon marché. Il y a donc une
contradiction flagrante entre la déclaration de Bush lors de son discours sur
lÉtat de lunion, le 28 janvier 2003 et les actions concrètes de son
administration. Le résultat de cette politique est que léradication de ce fléau
est un objectif difficile à atteindre car très peu dindividus dans les pays
africains concernés reçoivent des traitements appropriés.
Cette nouvelle vision politique, sous le couvert de la politique de legacy, va au-delà
même de laide à léradication du sida en Afrique, pour toucher un domaine
beaucoup plus large qui est celui de laide internationale. En effet, en mars 2002,
Bush propose une augmentation de 50 % du budget de laide au développement sur trois
ans à raison de 5 milliards par année à travers la création dun «Millennium
Challenge Account» (MCA) qui permettra daider les pays respectant les principes de
justice sociale, de démocratisation et, en général, oeuvrant pour le bien-être de leur
population. Lors de ce même discours sur létat de lunion, il propose une
augmentation de fonds additionnels de 10 milliards de dollars sur les cinq prochaines
années pour combattre le sida en Afrique et dans les Caraïbes. Il demande aussi au
Congrès daccorder 200 millions de dollars pour un fond anti-famine et 100 millions
pour alimenter un fond durgence. Si toutes ces propositions sont entérinées par le
Congrès, le budget total de laide au développement passera denviron 11
milliards dollars en 2002 à 18 milliards de dollars en 2006. Toutes ces initiatives sont
très surprenantes et inattendues de la part dun président républicain
conservateur dont le parti démontre durant de nombreuses années un véritable
antagonisme à légard de laide au développement (Radelet, 2003).
En réalité, il sagit dune opération de relations publiques aussi bien au
niveau national quinternational. George W. Bush soudain devient un leader
conservateur doté dune compassion incommensurable et engagé à aider le peuple
africain à éradiquer le sida. Au plan international, cest, en définitive, que de
lopportunisme politique à la veille du sommet sur le développement à Monterrey au
Mexique du 18 au 22 mars 2003. Pour les stratégistes de la Maison Blanche, une telle
déclaration, jugée convaincante, devrait en principe amener les chefs de gouvernements
présents au Mexique et lensemble de la communauté internationale à considérer le
président Bush comme le champion de la lutte contre le sida et du
sous-développement. Au niveau interne, ces déclarations ont le potentiel de rallier le
vote noir américain lors les élections présidentielles de novembre 2004.
Il faut ajouter enfin que le Millennium Challenge Account» (MCA), mentionné plus haut,
fournirait de laide à très peu de pays africains car rares sont ceux qui
rencontrent les strictes conditionnalités économiques et politiques imposées par cette
initiative pour lobtention de laide. Autrement dit, cette dernière
naide pas véritablement à lutter contre la réduction de la pauvreté en Afrique
car peu de pays sont éligibles à recevoir le financement prévu à cet effet (Colgan,
2005).
La visite de la nouvelle secrétaire dÉtat américain, Condoleeza Rice, au Soudan
et au Sénégal en juillet 2005 ne semble pas avoir convaincu les observateurs de la
politique internationale de la bonne volonté du gouvernement américain de mettre sur
pied les bases dune politique étrangère viable à légard de lAfrique.
En effet, il a été reproché à Rice davoir, entre autres, des visions de
politique internationale contraires aux intérêts du continent africain. «[
] her
trip to Senegal and Sudan was too little and too long in coming, reflecting perhaps a lack
of concern ». Romona Edeliln, académicien et trésorier de la Black Leadership Forum à
Washington, D.C ajoute que : «Dr Rices world view, policies and priorities are
contrary to the interests of African descended people around the globe»
(www.alternet.org/ story/23689/).
Conclusion
La politique étrangère américaine à légard de lAfrique
dans les années 1990 et 2000 est une politique, de prime à bord, opportuniste, sans
probité aucune et paternaliste franchissant les barrières partisanes. Elle est
conceptuellement grandiloquente avec les jaime lAfrique à la
Clinton; politiquement malsaine avec ce retour aux stratégies de la Guerre froide où la
Maison Blanche nhésite pas à financer les dictatures africaines au nom de la lutte
contre le terrorisme et; économiquement peu rentable pour lAfrique, puisque
lintérêt économique américain reste le seul fondement de toutes transactions ou
accords économiques.
Washington devrait développer des politiques construites sur des objectifs précises qui
contribueraient au renforcement de la démocratie, à la résolution des conflits, à la
lutte contre la pauvreté, à léradication du sida et, finalement, à
lextirpation de lAfrique du sous-développement. Ces objectifs seraient
difficilement atteints, uniquement, sur la base de relations bilatérales, bien que
celles-ci soient importantes dans toute politique étrangère. En dautres termes,
labandon de lapproche de lengagement sélectif serait de mise car
celui-ci favorise le développement de relations bilatérales et surtout, avec les États
dit pivots.
Toute nouvelle politique doit adopter une vision régionaliste, comme certaines
administrations ont dailleurs tenté de le faire sans succès car leur approche
régionale était construite à partir du concept de lÉtat pivot. Une approche
régionale efficace devrait conduire Washington à travailler et à coopérer avec les
organisations régionales tels que la Communauté économique des États de lAfrique
de lOuest (CEDEAO) en Afrique de lOuest, et le Southern African Development
Community (SADC) en Afrique australe, lUnion africaine pour ne citer que celles-ci
(Africa Action, 2003). Cette stratégie régionale basée sur la coopération avec les
organisations régionales permettra, non seulement, de tenir compte des réalités
régionales mais aussi de séloigner de la notion de la notion de lÉtat
pivot. Lapproche régionale reste donc un cadre très favorable à la mise sur pied
du partenariat dont parlait Clinton, partenariat basé sur un dialogue constructif non sur
lunilatéralisme de Washington
Notes
1. Dans cet article, nous utiliserons le terme
Afrique pour faire référence à lAfrique Subsaharienne ou à
lAfrique noire. Les raisons, comme le souligne Clough (1992), en sont que
dabord les différentes administrations au pouvoir ont toujours eu tendance à
traiter lAfrique du Nord (lAlgérie, lÉgypte, le Maroc, la Libye et la
Tunisie) comme faisant partie du Moyen Orient, peut être pour des raisons religieuses,
culturelles, etc. Une autre raison est que les intérêts américains dans le Maghreb sont
de loin plus importants quen Afrique noire et cela change la dynamique des relations
entre Washington et les pays de lAfrique du Nord.
2. Pour une idée générale sur la doctrine du containment
voir (Kissinger, 1994); pour une discussion sur la doctrine du containment en
Afrique voir (F. Ugboaja Ohaegbulam, 1988) Michael Clough, U.S. Policy Toward the
Third World in the Twenty-First Century, dans Thomas G. Weiss et Meryl A. Kessler
(édi par), Third World Security in the Post-Cold War Era, London, Lynne Rienner
Publishers, 1991, pp. 67-84.
3. Liste des 37 pays éligibles a lAGOA sont : lAngola; le
Bénin; le Botswana; le Burkina Faso; le Cameroun; le Cape Vert; le Tchad; le Congo; la
République démocratique du Congo; Djibouti; lÉthiopie; le Gabon; la Gambie; le
Ghana; la Guinée; la Guinée Bissau; le Kenya; le Lesotho; Madagascar; le Malawi; le
Mali; la Mauritanie; lIle Maurice; le Mozambique; la Namibie; le Niger; le Nigeria;
le Rwanda; Sao Tome et Principes; le Sénégal; les Seychelles; le Sierra Leone;
lAfrique du Sud; le Swaziland; la Tanzanie; lUganda; et la Zambie. En
décembre 2004, le Burkina Faso est ajouté à la liste des pays éligibles et la Côte
dIvoire retirée à cause des problèmes politiques et sociaux quelle vit de
nos jours
4. www.americasdebate.com/forums/index.php?showtopic= 9026&st=20)
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