par
Paul NUEMBISSI KOM ATER/FSJP
    Introduction 
    
    La stasiologie, science des partis (Duverger 1976 : 551), au même titre que la cratologie
    ou la statologie, est une branche canonique de la science politique. Mieux, «
    létude des partis politiques est presque aussi vielle que la science politique »
    (Charlot, 1971 : 3). Selon Monthero et Gunther (2003 : 3) plus de 11 500 livres ont été
    publiés sur les partis politiques. Alors même que les nombreuses études peuvent faire
    douter de lutilité détudes supplémentaires sur les partis, un constat
    simpose : 
        il y a un certain retour à une littérature de la névrose dans
    le champ détudes des partis qui nest pas sans rappeler les études
    fonctionnalistes du début du siècle. A un discours en termes de « déclin des partis »
    (Ware, 1996 : 13), de « fin des partis en Occident » (Offerlé, 2002 : 126), de la «
    crise de partis » (Monthero et Gunther, 2003), « characterized by its somewhat
    fatalistic analysis of the organizational, electoral, cultural and institutional symptoms
    of party decline » (Monthero et Gunther, 2003 : 8), soppose un autre discours
    mettant en avant leur caractère « irremplaçable » (Doherty, 2001) ou encore leur «
    indispensabilité », (Katz et Mair, 1995 : 25). Cette analyse subjective en termes
    dâge dor et de déclin montre à quel point les partis ont cessé
    dêtre considérés comme des « choses » au sens de Durkheim (1987 : 15),
    c'est-à-dire des faits sociaux que lon étudie froidement, pour devenir un objet de
    toutes les passions. 
        il y a un contraste saisissant entre labondante
    littérature consacrée aux partis occidentaux et la relative faiblesse de celle dévolue
    aux partis politiques dailleurs, notamment ceux dAfrique. Lengouement
    pour létude de ces derniers dans lEtat colonial et lEtat post-colonial
    de la première génération (Apter, 1965 ; Lavroff, 1978 ; Coleman et Rosberg, 1960 ;
    Sylla, 1977 ; Schachter-Morgenthau, 1998 ; etc.) a fait place à une suspicion à leur
    égard depuis les années 1990. Les « tares » généralement attribuées à lÉtat
    en Afrique leur sont transférées : patrimonialisés (Médard, 1990), faiblement
    institutionnalisés, autoritaires, sans idéologies (Buijtenhuijs, 1994 ; Vaziri, 1990 ;
    Konings, 2004) ou encore faiblement idéologisés (Van De Walle, 2004 : 113), etc. Ici, le
    discours de lhomme de la rue et lagenda des bailleurs de fonds semblent avoir
    pris le pas sur lanalyse scientifique. Lintérêt est porté sur la société
    civile, les ONG, les « modes populaires daction politique », (Bayart et al, 1992 ;
    Badie, 1992 : chap. 5).
        Ce double constat explique pour une large part la faiblesse et
    labsence dune théorie générale des partis politiques relevée par Blondel
    (2003 :247-264). Doù lintérêt dune revue critique qui prenne en
    compte luniversalité du phénomène partisan. Les dernières revues de ce genre se
    sont soit limitées à une aire géographique donnée : létude des partis
    politiques aux Etats Unis (Reiter, 2006), des partis occidentaux en général (Monthero et
    Gunther, 2003), des partis africains (Carbone, 2006 ; Gazibo, 2006), soit, se sont
    appesanties sur un aspect précis du phénomène : lorganisation partisane (Rihoux
    (2001), ou alors à une simple recension des ouvrages majeurs publiés dans le domaine de
    létude des partis (Wolinetz, 2007 ; Van Biezen, 2005 ; Charlot, 1971). Dans la
    plupart des cas, lobjet « parti politique » est pris comme une donnée naturelle,
    un fétiche quon ne prend plus la peine de définir. 
        Cest en prenant acte des apports et des limites de ces travaux
    que nous faisons le choix dinscrire cette revue sur les partis dans une double
    problématique, celle large de la scientificité et celle spécifique de la politique
    comparée. Autrement dit, comment lobjet « parti politique » sest il
    constitué et quelles sont les méthodes qui lui sont appliquées lorsquon
    létudie ? Car, dans la perspective de Durkheim (1987 : 3), « avant de chercher
    quelle est la méthode qui convient à létude des faits sociaux, il importe de
    savoir quels sont les faits que lon appelle ainsi » ; ensuite, dans la
    problématique de la politique comparée, les paradigmes de luniversalisme et du
    relativisme culturel seront mobilisés. Cette posture méthodologique nous permettra de
    voir comment un concept construit ailleurs est reçu et appliqué en Afrique, Dans la
    mesure où ce qui nous intéresse au final ce sont les partis africains.
        Dans cette perspective, après avoir passé en revue le concept de
    parti et les diverses écoles détudes existantes (I), nous verrons si ce concept et
    ces théories font sens en Afrique (II). 
    
    I - Des partis politiques en général
    
        Il existe deux méthodes pour déterminer les caractéristiques
    dun fait social : sa définition rigoureuse, mais surtout, la revue de la
    littérature pertinente, car elle permet plus sûrement de mettre en relief les positions
    théoriques que la recherche retient comme pertinentes.
    
    A - Ce que « parti politique » veut dire : entre polysémie et unicité
    
        Il est difficile de définir un parti parce quil sagit
    dun « concept formé en dehors de la science et pour des besoins qui nont
    rien de scientifique » (Durkheim, 1987). Ce faisant, il est forcement chargé de valeurs
    et didéologies. Sa définition est hantée par le normativisme et le positivisme. 
    
    1 - Le parti comme concept polysémique
    
        Le parti en tant que concept polysémique résulte de lhistoire
    du mot. Il sagit dun phénomène social étudié avec tous les préjugés. Il
    est substrat didées contradictoires. Dans cette perspective normative, il rime avec
    désordre, scission, division. En tant que fait social, les partis politiques ont une
    histoire donc lorigine se situe en occident. En tant que objet scientifique, il est
    plus récent et commence dans une certaine mesure avec M. Ostrogorski.
    
    a - Un phénomène social ancien
        Le phénomène social quon nomme « parti politique » a une
    longue histoire dont on peut rendre compte à partir de létymologie du mot
    dune part et du développement de la chose dautre part.
        Du point de vue étymologique, on constate que « parti », derivé du
    latin partire, signifie diviser (Sartori, 1976 : 4). Pour Seiler par contre, « parti »,
    « partido » « party » « partito », « partei », « partia » en russe ou en
    polonais, « part » en Hongrois dérive dun verbe français aujourdhui
    disparu : « partir » qui signifiait faire des parts. Une signification qui implique, de
    manière très claire, laction de diviser une totalité quelconque. En effet, le «
    concept de parti renvoie toujours à la division donc au conflit, ce qui explique
    limpopularité initiale des partis et la volonté exprimée par toutes les
    idéologies totalisantes, tous les populismes, den finir avec les partis, ces
    éternels diviseurs » (Seiler, 2001 : 6). « Parti» sera ainsi utilisé tour à tour
    pour désigner une troupe militaire dirréguliers, une faction armée organiquement
    constituée, une faction politique, avant de revêtir sa signification actuelle (Seiler,
    2000 :8 ; Seiler, 1986). Dans la même perspective, Lavau notera que « les partis
    (létymologie du mot lindique assez) sont des organisations qui «
    fractionnent », qui sont tournées vers la lutte, qui ne représentent que des minorités
    actives » (1971 : 185), rejoignant la conception de Bolingbroke, pour qui, « Governing
    by party
must always end in the government of a faction
Party is a political
    evil, and factions is the worst of all parties » (cité par Sartori, 1976 :6)1.
        Etymologiquement, « le mot parti est plus ancien dans le
    vocabulaire politique que le terme classe dans le vocabulaire social
    puisquon a pu le relever aux XVI e et XVII e siècles. Pendant la révolution de
    1789, en 1848 et entre 1869-1872, il ne recouvre pas la même réalité
    quaujourdhui. Vague et péjoratif en 1790 et 1793, il est souvent mis en
    parallèle avec faction. » (Charlot, 1971 :11-12).
        Du point de vue proprement historique, même si lidéal
    démocratique fut inventé par lantiquité grecque, il ne semble pas que la
    République Athénienne ait connu des phénomènes de type partisan, lusage du
    tirage au sort pour la désignation des responsables civils prévenant les luttes de ce
    type. Par contre, la République romaine connait des luttes partisanes. En effet, selon
    Jean Blondel, vers « la fin de la République, un système des partis émergea ; des
    enjeux clairement définis séparèrent conservateurs ou traditionalistes des
    progressistes. Les Gracques furent peut-être les premiers chefs de partis avec un
    authentique soutien populaire » (Blondel, cité par Seiler, 1986 : 33-34).
        Seiler résume ainsi les formes de conflits ayant donné lieu à la
    qualification de parti dans lhistoire : « On distingue
trois formes de conflit
    politique intra étatique où les camps opposés sont désignés au moyen du mot parti. En
    premier lieu, une forme archaïque qui prolonge mais dépasse en ampleur les « guerres
    privées ». La mobilisation seffectue suivant le code féodal et les prétentions
    des uns et des autres sont argumentées par des considérations juridiques. En deuxième
    lieu, on retrouve des oppositions, souvent de classes, où la mobilisation repose sur
    ladhésion des acteurs - prise de parti  et repose essentiellement sur les
    prétentions des mobilisateurs antagonistes ; elles sont argumentées au moyen de
    justifications idéologiques. En troisième lieu enfin on rencontre une forme mixte où
    les solidarités féodales sétant affaiblies au bénéfice du Centre étatique ou
    pré-étatique, les grands vassaux se voient alors contraints, pour satisfaire leurs
    appétits politiques, de récupérer les courants idéologiques du temps » (1986 : 42).
        Les partis modernes sont toutefois « les enfants du suffrage universel
    et de la démocratie » pour une raison simple : cest au XIXe siècle que
    lentrée des masses populaires dans la vie politique se généralise. La principale
    conséquence de cette irruption est lélaboration des modes de scrutin de plus en
    plus perfectionnés et corrélativement le développement des organisations partisanes de
    plus en plus proches de leur forme actuelle. Cest dans cette perspective quil
    est de tradition de dater les partis modernes du XIXe siècle. Il y a toutefois une
    controverse dès lors quil sagit de fixer une date et un lieu précis. Pour
    les uns, les partis modernes ont vu le jour en Angleterre, avec le Reform Act de 1832 qui
    impose aux partis britanniques le souci de sorganiser dans des circonscriptions. Les
    Registrations societies se créent dans ce sens pour inciter les nouveaux citoyens à
    sinscrire sur les listes électorales. Dans cette perspective, les ancêtres des
    partis modernes sont les Whigs et les Tories. Pour dautres par contre, « cest
    à la jeune république américaine que revint lhonneur de créer, avec les
    Fédéralistes et les Démocrates - républicains, les premiers partis de représentation
    populaire ou pour reprendre lexpression de Blondel, le premier système
    représentatif des partis » (Seiler 1986 : 44-47). Dans cette deuxième perspective, on
    date la naissance des partis en 1800, notamment parce que William Nisbet Chambers (cité
    par Sartori) relève déjà à cette époque trois traits caractérisant les fonctions des
    partis américains : existence dun débat politique entraînant des prises de parti
    - « eux/nous » - et opposant des politiques et des idéologies ; existence dune
    médiation des conflits partisans dans une libre compétition pour le pouvoir et dans le
    respect de la minorité ; existence dune chance raisonnable pour les partis qui sont
    « out » de devenir un jour « in », c'est-à-dire daccéder au pouvoir. 
        Dans tous les cas le phénomène social partisan se développera dans
    le reste du monde sous cette forme. Il convient dès lors, de voir comment ce fait social
    est devenu un objet scientifique, étant entendu que le passage de lun à
    lautre nest pas automatique.
    
    b - Un objet scientifique récent 
        Phénomène social ancien, les partis ne sont véritablement
    devenus des objets scientifiques que récemment. Lobjet social soumis à
    létude ne devient objet scientifique que par une coupure épistémologique,
    cest-à-dire la séparation de lunivers de la conscience immédiate de celui
    de la réflexion scientifique (Grosser, 1972 : 46). En effet, en sciences sociales, il est
    peu de concepts univoques ayant une signification précise à la fois claire et acceptée
    par tous. Les partis politiques ont donné lieu à de multiples définitions. Autant à
    lorigine, il y avait une certaine unanimité pour leur accoler une signification
    péjorative, autant la recherche a été féconde en définition. En science politique, la
    définition dun parti est très souvent fonction de la perspective théorique
    adoptée.
        Ainsi, par exemple, pour Hodgkin, les partis sont « toutes
    organisations politiques qui se considèrent elles-mêmes comme des partis et qui sont
    généralement considérées comme tels » (Hodgkin, cité par Gonidec et Tran Van Minh,
    1980 : 311). Pour Michels (1979 : 288), « un parti nest ni une unité sociale ni
    une unité économique. Sa base est formée par son programme ». Autrement dit, un parti
    politique se distingue des autres organisations par le projet de société quil
    défend. Duverger (1979 :20) par contre met laccent sur le fait que « 
les
    partis actuels se définissent beaucoup moins par leur programme ou la classe que par la
    nature de leur organisation : un parti est une communauté dune structure
    particulière » ; Michel Offerlé analyse les partis en termes d « entreprise de
    représentation » (2002 : 10-11) alors que Alan Ware lappréhende davantage comme
    une « institution » (1996 : 5) dont lessence réside dans la coordination des
    ressources individuelles dans le but commun dexercer le pouvoir au sein de
    lÉtat (1996 : 127)2. Ces multiples définitions au final permettent de faire
    ressortir les différents aspects du phénomène partisan sans pour autant en donner une
    signification unitaire opératoire.
    
    2 - Le parti comme signifiant unitaire 
    
        Labondance des définitions données au concept de parti
    politique nest pas en soi un problème. Elle permet de mettre en exergue la
    fécondité de lobjet de recherche. Ce qui compte au final pour lanalyste pour
    reprendre Apter (1965 : 182), cest de distinguer « 
the three aspects of
    political parties - as intervening, dependent, or independent variable », ce qui permet
    de se mettre à labri des confusions. Dès lors, la définition opératoire du parti
    pour une étude comparative doit être pauvre en se limitant à ce qui en est
    lélément fondamental. Dans cet ordre didées, la définition de Lapalombara
    et Weiner et linvariant partisan identifié par Seiler permettent davoir une
    signification unitaire du concept « parti ». 
        La définition de Lapalombara et Weiner est sans doute la plus
    partagée notamment parce quelle est synthétique, objective et opératoire. Il faut
    entendre par parti politique : «1- une organisation durable, c'est-à-dire une
    organisation dont lespérance de vie soit supérieure à celle de ses dirigeants en
    place ; 2- une organisation locale bien établie et apparemment durable, entretenant des
    rapports réguliers et variés avec léchelon national ; 3-la volonté délibérée
    des dirigeants nationaux et locaux de lorganisation de prendre et exercer le
    pouvoir, seuls ou avec dautres, et non pas- simplement -dinfluencer le pouvoir
    ; 4- le souci, enfin de rechercher un soutien populaire à travers les élections ou de
    toute autre manière » (Charlot, 1971 : 22).
    Cette approche permet de distinguer les partis des cliques, clubs et comités de notables
    qui sont les ancêtres des partis politiques modernes dans la plupart des pays
    occidentaux. Cependant, cette définition nest pas complète dans la mesure où elle
    ne prend pas en considération lélément idéologique. Cest pour combler
    cette lacune que Seiler (1986 :103) propose une synthèse des définitions. En effet selon
    cet auteur, quelque soit la posture théorique adoptée, il existe un invariant partisan.
    Ce que toutes ces définitions ont en commun, cest la mise en exergue de la logique
    du projet, de lorganisation et de la mobilisation étant entendu que les partis
    politiques sont des organisations visant à mobiliser des individus autour dun
    projet afin de conquérir le pouvoir de gouvernement. Les partis peuvent également être
    appréhendés comme des médiateurs entre le peuple et le pouvoir, les individus et la
    scène politique (Bréchon, 1999 : 81), ou mieux encore comme le lien entre la société
    civile et lEtat (Katz et Mair, 1994).
        La conclusion qui découle de la définition du concept de « parti
    politique », pour reprendre Charlot (1971), cest quon ne peut pas étudier un
    parti de tous les points de vue à la fois. Doù lintérêt didentifier
    les diverses écoles en présence.
    
B - Ce que penser les partis
    politiques veut dire
    
        La science politique en tant que discipline sest constituée avec
    lavènement des partis politiques modernes. Le problème qui en découle est que
    quand il sagit didentifier les écoles détude des partis, on se
    retrouve facilement à faire une recension de toutes les grilles danalyse de la
    science politique. A titre dillustration, Charlot (1971 : 36) identifie ainsi
    lapproche du développement politique, structurelle, fonctionnelle, systémique, et
    par lidéologie ; Lawson (1976), y ajoute lapproche historique et
    behavioriste, Schwartzenberg (1998 : 417-418), lapproche stratégique et le modèle
    des coalitions ; enfin Ware (1996 : 8-12) quant à lui, retient trois grandes approches,
    sociologique, institutionnaliste et compétitive. Dans une revue de létude de la
    littérature consacrée aux partis politiques dans lAmerican Political Science
    Review, Reiter fait ce constat : « In the early years, as political scienctists sought to
    understand the functioning of the state, knowledge of parties seemed essential. Scholars
    such as Lord Bryce (1893-1895) and Woodrow Wilson (1908) may have been critical of how
    parties functioned, but none denied the centrality of parties to the performance of
    democratic government.scholarship reflected that knowledge, as parties and party systems
    were examined holisticallly, and discussions of current political trends often centered on
    parties. A century later, scholars focus on particular aspects of parties- in the familiar
    triad, parties in the electorate, parties in government, or (less common in recent years)
    parties as organizations » (2006 :613). 
        Ce constat de Reiter résume assez bien le cours de lévolution
    de la réflexion sur les partis. En dautres termes, holistes, les études portant
    sur les partis politiques sont devenues de plus en plus individualistes. 
        Sil est constant que toutes les grilles peuvent permettre
    dappréhender les partis, il convient de privilégier des paradigmes synthétiques
    susceptibles den rendre compte dans une perspective comparée. Dans leur revue
    critique de la littérature sur les partis politiques, Monthero et Gunther (2003)
    proposent de retenir lapproche structuro-fonctionnaliste, lapproche des choix
    rationnels et lapproche inductive. Notre analyse se situe dans cette perspective.
    
    1 - Lapproche structuro-fonctionnaliste
        Lapproche structuro-fonctionnaliste est entendue ici dans sa
    conception large. Elle repose sur le postulat que toute théorie sur les partis
    politiques, comme pour tout autre phénomène politique, passe par lidentification
    des attributs communs et des rôles joués par ces derniers dans le système politique.
    Pour ce faire, on étudie leurs origines, leurs histoires, leurs modes dorganisation
    et limpact quils ont sur le système politique. Dans cette perspective très
    souvent holiste, lhypothèse est faite de ce que les partis politiques,
    appréhendés comme des agents, des instruments, assurent larticulation et
    lagrégation des intérêts, la socialisation, le recrutement et la communication
    politique. Les études regroupées ici se sont efforcées didentifier ses fonctions
    et ses rôles tandis que dautres mesuraient les écarts entre lidéal et le
    réel.
        Cest ce qui ressort des travaux des pionniers comme Ostrogorski,
    Michels et Duverger, et des auteurs plus contemporains comme Lipset et Rokkan, Coleman et
    al, pour sen tenir aux auteurs les plus emblématiques.
    
    a - Ostrogorski (1979) : létude des forces politiques, entre science et «
    essayisme »
        Moisei Ostrogorski en 1902 formule lhypothèse quil
    faut passer des études en termes de « forme de Gouvernement » à une analyse des «
    forces politiques » proprement dites. La rupture est fondamentale dans la mesure où,
    avant lui de manière récurrente, Montesquieu et Tocqueville dont il sinspire et se
    démarque, et plus largement Aristote, Machiavel, Locke entre autres, sintéressent
    presque exclusivement aux formes de gouvernement sans prêter une attention spécifique
    aux forces politiques. Il se propose pour ce faire de recourir à une méthode «
    scientifique ». De ce fait, sa contribution doit être évaluée sur la base de deux
    critères.
        Sur le plan de la méthode, il dépasse la simple description et
    invente lenquête par participation. Il fait uvre de comparatiste
    lorsquil choisit détudier les partis politiques anglais et britanniques. Il
    inaugure ainsi la stratégie de comparaison des systèmes les plus similaires et la
    comparaison binaire dans le domaine des partis politiques (Dogan et Pelassy, 1981). De ce
    point de vue, la critique de Rihoux (2001 : 33) qui soutient que « sa base empirique
    apparaît en particulier bien étroite : il se limite en effet à deux pays et y étudie
    uniquement des partis « bourgeois », ne tient pas. Il se trompe dobjet, notamment
    parce que Ostrogorski explicite clairement son choix théorique justifié par le fait
    quau moment où il écrit, les partis sont assez développés dans ces deux pays.
        Sur le plan empirique, il établit le lien entre le phénomène
    électoral et sa démocratisation et le développement des organisations partisanes. Il
    produit ce faisant les premiers éléments dune véritable sociologie des
    organisations (Rosanvallon, 1979 : 15), ou encore ce qui deviendra avec Duverger
    lapproche institutionnelle du développement partisan (Seiler, 1986 : 18-19). En
    effet, il soutient que : « Lorganisation matérielle des partis me paraissait
    offrir le poste dobservation, et son développement fournir les points de repère
    historiques nécessaires pour suivre le développement des tendances et des forces
    politiques elles-mêmes, ce qui permettrait de remonter du présent au passé, des effets
    aux causes, et de considérer dans son ensemble le fonctionnement du gouvernement
    démocratique, non pas dans le cadre inanimé des formes politiques, mais au milieu de la
    société vivante » (Ostrogorski, 1979 : 29-30). 
        En dépit de toutes ces précautions de méthode, lanalyse
    dOstrogorski se trouve confrontée à plusieurs problèmes. Comme le note très
    justement Seiler (1986 : 18), « faute davoir explicité sa philosophie libérale en
    un cadre théorique, Ostrogorski réduit (
) cette dernière au rang de prénotion et
    tombe dans lidéologie ». Dans la troisième partie de son ouvrage consacrée à la
    critique de linfluence des organisations partisanes sur la démocratie, il formule
    des propositions qui relèvent plus de la thérapeutique politique que de la science
    politique. Pour Ostrogorski, les partis permanents sont contre lesprit
    dassociation, et par conséquent contre la démocratie, notamment parce quils
    ont des programmes omnibus. Il propose dans cette perspective, d « éliminer de la
    pratique lusage des partis rigides, des partis permanents ayant pour fin le pouvoir
    » pour les remplacer par des groupements ad hoc susceptible de permettre que « des
    citoyens qui seraient séparés sur une question feraient route ensemble sur une autre »
    (Ostrogorski, 1979 : 173-174). Cest dans cette perspective quil lancera « a
    bas le parti et vive la ligue ! » (Ostrogorski, 1979 : 226). Mieux, « les partis
    temporaires et à objet unique fourniront ainsi, par la vertu même de leur constitution
    et de leur fin, une sorte de vaccin contre la rage de parti et le fanatisme de secte ; ils
    deviendront des écoles desprits tolérants et larges » (Ostrogorski, 1979 : 231).
        Essayiste, Ostrogorski croit fortement à lidée selon laquelle
    les partis multiples sont facteurs de désordre, de division, de confiscation de pouvoir,
    etc. Doù cette liste de solutions. Toutefois pour aussi « naïves » quelles
    soient, ces recommandations ont eu une portée prédictive. Ses propositions trouvent
    échos aujourdhui, non seulement dans les Nouveaux Mouvements Sociaux (NMS), mais
    aussi dans les partis à objet unique, comme les partis écologistes, féministes,
    ethniques, etc. 
    
    b - Michels (1971): la loi dairain de loligarchie ou « maladie »
    oligarchique ?
        Contrairement à Ostrogorski, lobjet détude est moins
    large et plus précis. Comme le note Seiler (1986) : « le discours de Robert Michels est
    indubitablement scientifique : par sa théorie, son hypothèse et sa démarche ». Sa
    démarche se situe en droite ligne de la théorie des élites. Il applique en la
    rectifiant celle-ci aux partis. Pour lui, les partis sont des appareils indispensables à
    la démocratie : « La démocratie ne se conçoit pas sans organisations (
). Le
    principe de lorganisation doit être considéré comme la condition absolue de la
    lutte politique conduite par les masses. Mais le principe, politiquement nécessaire, de
    lorganisation, sil permet déviter les dispersions des forces propices
    aux adversaires, recèle dautres périls. On échappe à Scylla pour échouer contre
    Charybde. Cest que lorganisation constitue précisément la source doù
    les courants conservateurs se déversent sur les plaines de la démocratie et occasionnent
    des inondations dévastatrices qui rendent cette plaine méconnaissable » (Michels, 1971
    : 25-26). 
        Il sinspire de la théorie des élites telle que formulée par
    Gaetano Mosca et Wilfredo Pareto pour procéder à une analyse sociologique de la social
    démocratie allemande en sen démarquant cependant, « La théorie de la circulation
    des élites formulée par M. Pareto, ne peut être acceptée quavec des réserves en
    ce sens quil sagit bien moins souvent dune succession pure et simple que
    dun mélange incessant, les anciens éléments attirant, absorbant et assimilant
    sans cesse les nouveaux » (Mosca et Pareto, 1971 : 280). Le parti nest pas
    seulement un organisme de conquête de pouvoir, mais une micro société. Il montre que
    les exigences de la compétition démocratique conduisent à la centralisation des partis
    pour des besoins defficacité décisionnels.
        Cependant, si son analyse lui permet de découvrir une loi
    sociologique, la loi dairain de loligarchie, il traite ce phénomène comme
    une pathologie, une dérive du fonctionnement normal des partis politiques quil
    convient de soigner. Suivant ses propres termes, « la maladie oligarchique des partis
    démocratiques » (Mosca et Pareto, 1971: 171) est « incompatible avec les postulats les
    plus essentiels de démocratie » (Mosca et Pareto, 1971 : 295). Ce faisant, il quitte le
    champ de la science pour celui des normes.
        Son apport à la science des partis reste significatif. En mettant
    laccent sur le fonctionnement interne des partis, il apparaît comme le précurseur
    de la démocratie intra partisane qui constitue un domaine spécifique dans létude
    des partis. Par ailleurs, il peut être considéré comme le premier à mettre en exergue
    le processus dinstitutionnalisation des partis lorsquil affirme que : « le
    parti, en tant que formation extérieure, mécanisme, machine, ne sidentifie pas
    nécessairement avec lensemble des membres inscrits et encore moins avec la classe.
    Devenu une fin en soi, se donnant des buts et des intérêts propres, il se sépare peu à
    peu de ceux quil représente (
). Cest une loi inéluctable que tout
    organe de la collectivité né de la division sociale du travail, se crée, dès
    quil est consolidé, un intérêt spécial, un intérêt qui existe en soi et pour
    soi
 » (1979 : 289-290). Ce processus sera systématisé plus tard par Huntington
    (1968 : 12).
        En outre, Michels, en dépit des critiques plus ou moins fondées
    adressées à son uvre, a fait preuve dun réalisme et dune lucidité
    qui manque à beaucoup de spécialistes des partis politiques aujourdhui, notamment
    lorsquil affirme clairement que : « Le trésor de la fable peut très bien
    symboliser la démocratie. La démocratie est, elle aussi, un trésor que personne ne
    pourra jamais mettre à jour. Mais en poursuivant les recherches et en fouillant
    infatigablement pour trouver lintrouvable, on nen accomplira pas moins un
    travail profitable et fécond pour la démocratie » (1979 : 300). 
        A ce titre, sa démarche nest pas très éloignée de celle de
    Samuel Huntington de « la troisième vague » ou dun Robert Dahl « De la
    démocratie ». Autrement dit, selon ce maître, la « maladie oligarchique » même si
    elle nest pas curable, nempêche pas que lon fasse des efforts pour la
    guérir. Ce réalisme soppose ainsi nettement, de la « naïveté » de Moisei
    Ostrogorski, qui proposait purement et simplement la suppression des partis politiques.
    Alors que ces deux auteurs se contentent danalyser des aspects précis du
    phénomène partisan, Duverger a adopté en 1951, une approche plus large et propose une
    théorie globale des partis.
    
    c - Duverger (1976) : la théorie de lorigine des partis modernes et les
    conséquences politiques des lois électorales
        Maurice Duverger est un continuateur dOstrogorski et
    Michels, en ce sens que comme eux, il sinscrit dans létude des institutions
    partisanes et de leur rôle dans lEtat. Mais il rompt avec ces derniers quant à
    lampleur de son champ empirique et de son ambition théorique. En effet, il «
    propose ici un modèle théorique permettant de comprendre en profondeur leur
    configuration et leur jeu, et de prévoir dans toutes les situations possibles »
    (Duverger, 1976 : 10). La problématique de son étude est précise : « Pas plus que leur
    doctrine, la composition sociale de ceux-ci ne fera cependant lobjet principal de
    cette étude, essentiellement orienté vers les institutions partisanes et leur rôle dans
    lEtat. Car les partis actuels se définissent beaucoup moins par leur programme ou
    la classe que par la nature de leur organisation : un parti est une communauté dune
    structure particulière » (Duverger, 1979 : 20). 
        Sur la base de cette problématique, on peut mesurer lapport de
    Duverger à trois niveaux, sa contribution à la formulation de la théorie de
    lorigine des partis, sa typologie des partis3 et sa conceptualisation des rapports
    entre systèmes de partis et systèmes électoraux communément labellisé « lois de
    Duverger ».
        La théorie de lorigine des partis telle que conçue par Duverger
    sappuie sur lidée que la compréhension des partis politiques passe par la
    connaissance des circonstances différentes de leur naissance. Dans cette perspective, il
    considère que « dans lensemble, le développement des partis parait lié à celui
    de la démocratie, cest à dire à lextension du suffrage populaire et des
    prérogatives parlementaires », rejoignant sur ce point Ostrogorski. Cest sur la
    base de ce postulat quil distingue les partis dorigine électorale et
    parlementaire des partis de création extérieure. Les premiers sont le résultat
    dun processus évolutif allant des cellules aux groupes parlementaires en passant
    par les comités électoraux. Les seconds quant à eux sont issus des syndicats, des
    sociétés de pensées, des églises, et des associations danciens combattants
    (Duverger, 1979 : 23-39). Tirant les conclusions de « linfluence de la genèse
    dun parti sur sa structure définitive », il note ainsi que les partis de création
    électorale et parlementaire sont généralement plus centralisés notamment parce
    quils sont créés par le sommet alors que les partis de création extérieure le
    sont moins parce quils partent de la base. De même, linfluence des députés
    est plus forte sur les premiers que sur les seconds. Cest sur la basse de ces
    considérations quil établit la célèbre distinction partis de masses et partis de
    cadres. Cette théorie de lorigine des partis sera complétée par Harmel (1985) qui
    distinguera les partis nés par scission, fusion etc.
        Les lois de Duverger quant à elles sont le produit de la mise en
    rapport des relations complexes entre système de partis et système électoral. Il part
    du constat que les systèmes de partis sont le résultat de nombreux facteurs : ceux
    propres à chaque pays (tradition, histoire, croyances religieuses, compositions
    ethniques, rivalités nationales, etc.) et ceux généraux et communs à tous les pays
    (facteurs socio-économiques, idéologiques et techniques). Son choix se porte toutefois
    sur un facteur technique « essentiel » : le régime électoral : « En définitive,
    système de partis et système électoral sont deux réalités indissolublement liées,
    parfois même difficiles à séparer par lanalyse : lexactitude plus ou moins
    grande de la représentation politique par exemple, dépend du système électoral et du
    système de partis, considérés comme éléments dun même complexe, rarement
    isolables lun de lautre. On peut schématiser linfluence générale du
    mode de scrutin dans les trois formules suivantes : 1° la représentation proportionnelle
    tend à un système de partis multiples, rigides, indépendants et stables (sauf le cas
    des mouvements passionnels) ; 2° le scrutin majoritaire à deux tours tend à un système
    de partis multiples souples, dépendants et relativement stables (dans tous les cas) ; 3°
    le scrutin majoritaire à tour unique tend à un système dualiste, avec alternance de
    grands partis indépendants » (Duverger, 1976 : 291). 
        Au total, en mettant explicitement laccent sur « les
    institutions juridiques (constitutions, lois électorales, etc.) et les forces politiques
    (partis et groupes de pressions) pour variable fondamentale » (Duverger, 1976 : 15), en
    insistant sur « les institutions partisanes et leur rôle dans lEtat » (Duverger,
    1976 : 20), Duverger a ouvert la voie à lanalyse institutionnaliste des partis
    politiques et à sa banalisation dans la science politique. On peut relever la postérité
    de cette contribution de Duverger, dans le travail de Rae (1967) qui a systématisé les
    conséquences politiques des lois électorales sur les partis politiques ou encore le
    travail de Janda (2005) sur les « party law ». Jean-Benoît Pilet (2008) montre « les
    nouveaux souffles dans lanalyse des systèmes électoraux » dans la science
    politique.
        Toutefois, ce livre soulève de nombreuses critiques. Louvrage
    est taxé dethnocentrisme dans la mesure où il est dans une large mesure franco
    centré (Seiler : 1986 : 22-23). En effet, alors que son ambition est de proposer « un
    modèle théorique permettant de comprendre en profondeur leur configuration et leur jeu,
    et de prévoir dans toutes les situations possibles » (Duverger, 1971 : 10), sa
    connaissance des partis dans les autres pays semble limitée. Ce faisant, il succombe dans
    une large mesure à la « tentation de lillère » (Gazibo, 2002 : 441), dans
    la mesure où pour combler son déficit de connaissance des cas étrangers, il se laisse
    guider principalement par les cas français quil connaît le mieux. 
        Les critiques les plus sérieuses ont été formulées par Aaron
    Wildavsky (1968 : 368-375). Ces critiques portent sur les erreurs méthodologiques faites
    par ce dernier. Duverger est encore prisonnier de certaines illusions et idées reçues :
    un déterminisme évolutionniste (historicist fallacy) qui lamène à postuler un
    sens « naturel » dans lévolution des partis. Lillusion mystique (mystic
    fallacy) qui lamène à postuler un caractère « naturel » des dualismes des
    oppositions (droite/gauche)4. Un rejet implicite dune approche multi causale, alors
    même que son ambition « théorique est de saisir tous les cas possibles ». 
    
    d - Coleman, Lipset et Rokkan et les autres : le multifonctionnalisme des partis
        Alors que Ostrogorski, Michels et Duverger se sont attelés à
    examiner les structures matérielles (organisations) et immatérielles (idéologies) des
    partis pour en tirer des conséquences quant à leur utilité pour le système politique
    en général et la démocratie en particulier, les auteurs que nous regroupons sous cette
    rubrique se sont intéressés à lidentification des différentes fonctions
    susceptibles dêtre remplies par un parti politique. Nous retiendrons ici les
    contributions originales.
    
    - Coleman et al. (2006 : chap. 5) et Lowi (1971) : fonction dagrégation,
    constituante et programmatique des partis
        La première fonction spécifique des partis politiques selon
    Coleman et al. (1960, 2006: 81) est celle dagrégation des intérêts. En effet, «
    political parties are important in interest aggregation in democratic and in non
    democratic systems », « interest aggregation is the activity in which the political
    demands of individuals and groups are combined into policy programs » (81). Le mérite de
    cette approche des partis, cest de rompre avec une approche qui tend à évaluer le
    rôle des partis politiques en fonction de leur utilité pour la démocratie. Lowi (1971
    :102-105) pour sa part identifie les fonctions constituantes et programmatiques des
    partis. La fonction constituante renvoie à « ce qui est nécessaire à la formation du
    tout, ce qui compose, ce qui constitue ». Ainsi, selon Lowi, un parti qui remplit des
    fonctions constituantes ou constitutionnelles aura des rapports réguliers et fondamentaux
    avec la structure, la composition et le fonctionnement du régime ou du système. Par
    ailleurs, les partis peuvent également remplir des fonctions programmatiques,
    c'est-à-dire, énoncer les mesures quils proposent de prendre et la politique
    quils mettraient en uvre une fois parvenus au pouvoir.
        Dans la perspective de Lowi cependant, les partis bifonctionnels,
    c'est-à-dire ceux qui remplissent à la fois des fonctions constituantes et
    programmatiques sont des « partis responsables » tandis que les partis unifonctionnels
    ne le sont pas. Cest sur cette base quil distingue les partis européens, «
    responsables », des partis américains, unifonctionnels.
    
    - Lipset et Rokkan (1967) : les partis, agents de conflit et instrument
    dintégration 
        En sinspirant de Parsons, Lipset et Rokkan (1967 : 3) ont
    quant à eux mis en lumière le fait quun parti politique est à la fois un agent de
    conflit et un instrument de son intégration. A partir de lexpérience occidentale,
    ils montrent que les partis sont des agents de conflit compte tenu de leurs liaisons
    initiales avec les clivages, les tensions et les conflits sociaux, et des instruments
    dintégration notamment parce quils nexcluent pas les possibilités de
    compromis et de coalitions. En effet, « The opening up of channels for the expression of
    manifest or latent conflicts between the established and underprivileged classes may have
    many systems out of equilibrium in the earlier phase but tended to strengthen the body
    politic over time. This conflict integration conflict dialectic is central in
    current political research in comparative sociology of political parties
They
    (parties) help to crystallize and make explicit the conflicting interests, the latent
    strains and contrasts in the existing social structure, and they force subjects and
    citizens to ally themselves across structural cleavage lines and to set up priorities
    among their commitments to established or prospective roles in the system. Parties have an
    expressive function; they develop rhetoric for the translation of contrast in the social
    and cultural structure into demands and pressures for action or inaction. But they also
    have instrumental and representative functions: they force the spokesmen for the many
    contrasting interests and outlooks to strike bargains, to stagger demands, and to
    aggregate pressures » (Lipset et Rokkan, 1967: 5).
        Alors que les pionniers étaient contre les partis notamment parce
    quils seraient facteurs de division (Ostrogorski) ou dysfonctionnel par rapport à
    la démocratie (Michels), Lipset et Rokkan (1967) montrent que les partis
    institutionnalisent les conflits.
    
    - Lavau (1971) : Les partis anti-système et la fonction tribunicienne
        Comme Lipset et Rokkan, Georges Lavau sinspire de Merton
    pour proposer une analyse rénovée des fonctions des partis politiques. Dabord, il
    précise la notion de « fonction » qui fait lobjet de confusion chez la plupart
    des auteurs et formule la théorie des partis anti-système.
        La première contribution de Lavau porte sur « le problème des
    fonctions des partis politiques ». Il relève la confusion qui règne dans
    lutilisation du mot « fonction » : soit la distinction nest pas faite entre
    fonctions manifestes et fonctions latentes, soit on les amalgame et le mot fonction
    recouvre des sens différents. « Fonction » est tantôt synonyme de fonction latente,
    dactivités remplies par les partis, des effets de lactivité des partis sur
    le système politique ou enfin, fonction est synonyme dexigences fonctionnelles des
    systèmes politiques. Ce faisant, il propose une définition synthétique des fonctions :
    « les fonctions sont des contributions (ou des solutions) que des acteurs apportent, par
    leurs actes, à des exigences fonctionnelles des systèmes auxquels ces acteurs sont
    reliés, ces exigences fonctionnelles étant supposées être ce qui est nécessaire à ce
    système pour survivre, sadapter, atteindre ses buts, ne pas se dénaturer »
    (Lavau, 1971 :179). 
        En partant de la problématique des interrelations complexes entre les
    partis et le système politique ensuite, il formule lhypothèse qu « aucun5
    parti politique nest purement fonctionnel (ni »fonctionnaire ») pour le système
    politique (
). Les partis (létymologie du mot lindique assez) sont des
    organisations qui « fractionnent », qui sont tournées vers la lutte, qui ne
    représentent que des minorités actives. A ce titre, ils ne peuvent être purement et
    simplement des serviteurs impassibles du système politique » (Lavau, 1971 : 185).
    Cest sur la base de ce constat quil identifie les partis « anti-système »
    ou tribunitien, c'est-à-dire des partis qui sadonnent « totalement et en
    permanence » à « la critique du système, de ses valeurs et de ses normes, de ses
    structures et de ses autorités » Lavau, 1971 : 192). Dès lors se pose la question de
    savoir si on peut appréhender la fonction tribunitienne comme une « contribution » au
    système politique, dans la mesure où la critique peut aller au delà de ce que le
    système peut supporter. Lavau apporte une réponse nuancée à cette question. Il
    considère dans un premier temps que laccomplissement de cette fonction nest
    pas une contribution dans la mesure où elle gène le fonctionnement « harmonieux »du
    système et est susceptible daboutir à des activités et à des comportements «
    irresponsables » de la part de ces partis. Dans un second temps, il soutient quil
    sagit dune contribution dès lors qu « elle dévie des virtualités
    révolutionnaires et quelle est, dans certaines situations explosives, un des moyens
    de vivre avec des clivages.6 » (Lavau, 1971 : 190).
        Cette contribution est probablement la dernière significative dans
    lapproche structuro fonctionnaliste des partis politiques. En dehors de quelques
    références subjectives, elle a connu une postérité et permet dappréhender les
    partis populistes, protestataires et extrémistes. Cette analyse a été récemment
    renouvelée (même si ces derniers ne font pas référence explicite aux travaux de
    Lavau). A titre dillustration Schedler (1996 : 291-312) étudie le développement
    des « anti-political-establishment-parties » à partir des années 1980 et Copoccia
    (2002), sintéresse aux « anti-system parties ». Cest dans cette perspective
    que lon peut, dans une certaine mesure situer lanalyse que fait Basedeau et
    al, (2007) des partis interdits (party ban) en Afrique. 
        Au total, ce qui unit tous ces auteurs cest quils
    communient tous à la même source, celle des structures et des fonctions. Ici, on
    sintéresse aux partis dans la mesure où ils ont un comportement significatif à
    légard des exigences fonctionnelles du système politique, or les partis ne «
    remplissent pas tous et pas nécessairement les fonctions du système », ou bien les
    partis seront considérés comme des agents des processus dinteraction qui
    permettent aux systèmes politiques de persister et de sadapter aux changements de
    lenvironnement, ou encore ils seront traités comme des reflets ou des agents de
    cristallisation des cultures ou des subcultures du système. Quelque soit langle
    adopté par ces auteurs, le postulat quils cherchent à expliciter est celui du lien
    entre partis et démocratie. Les multiples fonctions que les partis sont sensés exercer
    ont tous partie liée avec la performance démocratique du système. Or, comme le relève
    à juste titre Bréchon, « plutôt que de chercher à dire si les partis sont
    fonctionnels ou dysfonctionnels pour une bonne démocratie, il est plus intéressant de
    sinterroger sur les liens entre des partis et des systèmes politiques. Une
    société a probablement des partis à limage de ce quelle est » (Bréchon,
    1999 : 73). Cette mise en garde est prise au sérieux par lapproche des choix
    rationnels qui ne fait pas de la démocratie son angle dattaque.
    
    2 - Lapproche des choix rationnels 
    
        Cette approche majeure en science politique (Green et Shapiro, 1995)
    part de lanalogie qui est faite entre marché économique et marché politique. De
    manière plus globale, cette perspective résulte de limportation dans le champ de
    la science politique des concepts de la science économique. Ici, les partis politiques,
    contrairement à la perspective structuro fonctionnaliste, ne sont pas définis par
    rapport à leurs fonctions ou leur dysfonction, ou encore leur utilité pour le système.
    Ils sont considérés comme des entreprises politiques qui se battent sur un marché
    politique, dont lenjeu est la définition des règles de tous les autres jeux. Dans
    cette perspective, les acteurs en présence, électeurs, politiciens professionnels et
    partis politiques, sont tous conscients de leurs intérêts spécifiques. Les partis
    politiques en tant quinstitution ont des intérêts propres, distincts de ceux des
    politiciens professionnels et de ceux des électeurs. Max Weber (1959), Anthony Downs
    (1951) et Joseph Schumpeter ont banalisé létude des partis en tant
    quentreprise politique ; ce faisant, ils ont donné naissance à tout un courant
    spécifique détude des partis. Gaxie (1977) et Offerlé (2002) apparaissent dans
    une certaine mesure comme les représentants français de cette approche.
    
    a - Weber (1959) : le parti comme entreprise politique 
        Dans sa préface à Weber (1959), Aron (1959 : 35) note que « Max
    Weber suivait à travers les siècles, le développement dune catégorie sociale,
    dun type dhomme, quil appelait politicien professionnel, celui qui tire
    sa subsistance de la politique, qui vit par en même temps que pour elle ». Cest en
    ayant à lesprit cette considération fondamentale que lon peut saisir
    lapport de Weber à létude des partis politiques qui sont de deux ordres. 
        Tout d abord , il est le premier à proposer une évolution des
    formes des organisations partisanes : on serait ainsi parti des « partis » des villes
    médiévales (ceux des Guelfes et des Gibelins) qui se composaient uniquement des clients,
    à comités interrégionaux et caractérisés par une organisation militaire sévère ;
    aux cliques aristocratiques ou partis de la noblesse en Grande Bretagne , aux partis de
    notables, avec lascension politique de la bourgeoisie , pour aboutir enfin aux
    organisations politiques modernes « enfants de la démocratie, du suffrage universel, de
    la nécessité de recruter et dorganiser, de lévolution des partis vers
    lunification de plus en plus rigide au sommet et vers la discipline la plus sévère
    aux divers échelons » (Weber, 1959 : 171). Bref, Weber propose lévolution qui a
    conduit avec « lentrée en jeu de la démocratie plébiscitaire » des « machines
    » ou « entreprise politique » (Weber, 1959 : 172). 
        Cest logiquement de cette évolution quil propose en second
    lieu, une définition nouvelle des partis quil considère comme des « sociations
    reposant sur un engagement (formellement) libre ayant pour but de procurer à leurs chefs
    le pouvoir au sein dun groupement et à leurs militants actifs des chances 
    idéales ou matérielles- de poursuivre des buts objectifs, dobtenir des avantages
    personnels ou de réaliser les deux ensemble » (Weber, cité par Offerlé (2002 : 10).
    Weber constate en effet que lorsquil doit y avoir une élection périodique des
    détenteurs du pouvoir, « lentreprise politique est nécessairement une entreprise
    dintérêts. Cela signifie quun nombre relativement restreint dhommes
    intéressés au premier chef par la vie politique et désireux de participer au pouvoir
    recrutent par libre engagement des partisans, se portent eux-mêmes comme candidat aux
    élections ou y présentent leurs protégés, recueillent les moyens financiers
    nécessaires et vont à la chasse des suffrages » (Weber, 1979 : 164-165) 
        Ainsi donc, contrairement à Ostrogorski et à Michels, et plus
    largement aux tenants de lapproche structurofonctionnaliste, Weber part de
    lidée que, loligarchie nest pas une pathologie mais une condition «
    indispensable » au fonctionnement des partis politiques, dans la mesure où il pense que
    « lexistence des chefs et de partisans qui en tant quéléments actifs
    cherchent à recruter librement des militants et, par contre coup, lexistence
    dun corps passif constituent des conditions indispensables à la vie de tout parti
    politique »(Weber, 1979 : 165). Avec lui, les partis apparaissent comme ce quils
    sont, des organisations qui visent lexercice du pouvoir, défendent certains
    intérêts et promettent de gouverner en fonction de conceptions vagues et générales.
    Downs pousse cette conception un peu plus loin en développant le postulat de la
    rationalité absolue.
    
    
    b - Downs (1954) : la rationalité absolue des partis 
        Dans sa « théorie économique de la démocratie », Anthony
    Downs formule la façon dont les partis sont censés se comporter et évoluer. En vertu de
    son postulat central, les citoyens électeurs, les dirigeants politiques et les partis
    agissent tous trois rationnellement poursuivant des objectifs clairement définis. Dans
    cette perspective, il considère qu « un parti politique cest une équipe
    dhommes qui vise à contrôler lappareil du pouvoir en sassurant les
    postes nécessaires lors délections dûment organisées. Par équipe
    nous entendons une coalition dont les membres sont daccord sur les objectifs au lieu
    de lêtre simplement sur une partie dentre eux. Chaque membre de
    léquipe a donc exactement les mêmes objectifs que tous les autres. Comme nous
    posons par ailleurs que ces membres sont rationnels, nous pouvons envisager leurs
    objectifs comme une échelle de priorités cohérente et simple
 » (Downs, cité par
    Charlot, 1971 : 51).
        Il découle de cette définition des partis une certaine conception de
    lapproche compétitive des partis et de leur relation avec lélectorat. Le
    citoyen électeur agit prioritairement en vue de maximiser son intérêt personnel et son
    revenu utilitaire (utility income), les dirigeants politiques poursuivent le seul but
    dêtre élus, et lobjectif des partis est la maximisation de leur résultat
    électoral. Dans cette perspective, il a mis en exergue lidée que la compétition
    pour les votes peut être comprise à partir dun modèle spatial. Chaque parti
    politique peut être situé sur un spectre idéologique gauche droite.
    Lobjectif poursuivi par les partis étant dêtre élus, ils se déplacent
    constamment sur cet axe pour coller à la demande des électeurs. Autrement dit, dans la
    perspective de Downs, les idéologies ne sont pas immuables, elles sont susceptibles
    dêtre modifiées en fonction des contextes et des conjonctures. Cette conception a
    fait école. Ian Budge et David Robertson, pour tester cette théorie ont analysé les
    programmes électoraux et les manifestes dans les démocraties libérales depuis la
    Deuxième Guerre mondiale. Ils parviennent à la conclusion que les programmes politiques
    des partis dans la plupart de ces pays reflètent une seule dimension spatiale droite -
    gauche. Cest sur ces considérations quils identifient quatre grandes familles
    politiques sur ce spectre : les familles communistes, socialistes, centristes et
    conservatrices (sur ce point cf. Ware, 1996 :18). Cest toujours dans le paradigme de
    la rationalité des partis, des politiciens et des électeurs quon peut ranger les
    analyses que Daniel Gaxie (1977) fait de la rétribution du militantisme dans les partis
    français.
        Le principal mérite de lapproche de Downs cest
    davoir désencapsulé lobjet parti politique des considérations purement
    téléologiques et idéologiques. Avec lui les partis cessent dêtre de simples
    agents pour devenir de véritables acteurs. Dans ce sens, il est linspirateur de
    lapproche électoraliste et compétitive des partis. Il dépasse ainsi
    lapproche en termes d « entreprise politique » de Weber, pour mettre en
    exergue la rationalité propre des partis- Weber met plus laccent sur celle des
    entrepreneurs politiques. Mais cette approche a abondamment été critiquée. On peut
    situer cette critique sur deux plans: le reproche de la rationalité absolue postulée par
    Downs et sa conception limitée de lidéologie.
        Premièrement, toute lanalyse de Downs se fonde sur le postulat
    de la rationalité absolue des partis. Or, depuis March, on sait que la rationalité
    absolue est une illusion, puisquelle est nécessairement limitée (March, 1991 :
    133-163). La rationalité absolue des partis suppose de considérer ce dernier comme une
    entité homogène, ce qui est rarement le cas dans la réalité. Comme le souligne Sartori
    (1976: 326-327): « If parties are defined as vote maximizers, the objection
    immediately is that this conceptualization is largely untrue to facts. Likewise, Downs, is
    often criticized because he assumes parties to be teams and indeed coherent
    and unified teams rather than largely disconnected and multifaceted coalitions
    ». En effet, il existe dans les partis politiques concrets des groupes, factions,
    tendances, etc. qui développent des stratégies diverses, parfois efficaces pour le
    positionnement à lintérieur du parti, mais pas nécessairement efficaces à
    lextérieur des partis (Kolner et Basedeau (2006) ; Reiter (2006b). Par ailleurs, il
    est quelque peu naïf de penser que lobjectif dun parti se limite à la
    recherche de la maximisation des résultats électoraux. Cette conception ne peut
    permettre de saisir quune catégorie de partis (les partis Catch all et Cartels par
    exemple). Comme le montre Rihoux (2001 : 46) « dans le cas précis des partis
    écologistes, il est par exemple tout à fait envisageable que des choix peu efficaces en
    matière de maximisation du résultat électoral soient posés, et ce afin de conserver
    une pureté organisationnelle et/ou idéologique ». Cest également le cas pour des
    partis fondamentalistes, léninistes 
        Deuxièmement, la conception de Downs de lidéologie est assez
    simpliste. Downs soutient que « parties formulates policies in order to win elections,
    rather than win elections in order to formulate policies » (Downs, cité par Sartori,
    1976: 24). Autrement dit, les partis politiques dans la perspective de Downs, adaptent
    leurs idéologies en fonction des désirs électoraux. Or comme le note à juste titre
    Ware (1996: 328), « party ideology is not something that can change as firms change
    marketing strategies. Parties are not free to move along ideological spectrum at will ».
    Les partis sont souvent prisonniers des circonstances et des conditions qui les ont vus
    naître.
    
    c - Offerlé (2002) : les partis comme lien social 
        La contribution de Michel Offerlé à létude des partis est
    à la fois novatrice et ambiguë. Linnovation réside dans lambition de
    lauteur détudier les partis politiques sociologiquement et historiquement en
    tirant parti des acquis à la fois de la sociologie classique (Marx, Durkheim, Weber), de
    la sociologie des organisations, des interactionnismes, des sociologies de laction
    collective et de la sociologie des champs de Bourdieu. Il formule lhypothèse des
    partis comme relation sociale. Dans cette perspective, un parti doit être analysé comme
    un espace de concurrence entre des agents et comme une entreprise dun type
    particulier (Offerlé (2002 : 4-5). Sur la base de cette hypothèse, il définit un parti
    « comme un espace de concurrence objectivé entre des agents ainsi disposés quils
    luttent pour la définition légitime du parti et pour le droit de parler au nom de
    lentité et de la marque collective dont ils contribuent par leur compétition à
    entretenir lexistence ou plutôt la croyance en lexistence » (Offerlé (2002
    : 15). Il ressort de cette définition qui sinspire ouvertement de celle de Weber,
    que si les partis sont des entreprises dintéressés, tous les agents ne sont pas
    intéressés au même titre, il y en a qui sont plus intéressés que dautres ;
    dautre part, même si les partis sont des entreprises, ils sont des entreprises
    dun genre particulier qui proposent des produits spécifiques.
        Lambiguïté de lanalyse de Offerlé se situe à deux
    niveaux, celui des concepts utilisés et celui du niveau danalyse. Sur le premier
    point, alors quil se propose de « désenclaver » lobjet parti politique pour
    le traiter dans une perspective sociohistorique, son vocabulaire et ses postulats sont
    essentiellement ceux des choix rationnels : entreprise, biens, marché, capitaux,
    produits, agents intéressés etc.- cest la raison pour laquelle nous le rangeons
    dans lapproche générique des choix rationnels. Bien plus, le choix de faire une
    amalgame de toutes les sociologies ne semble pas un choix judicieux, plutôt que de
    désenclaver les partis comme il le prétend, cette approche contribue à rendre confus
    cet objet pourtant bien délimité par la littérature classique. Sur le second point, on
    se trouve confronté avec cette approche, à un problème du niveau danalyse. En
    effet, lorsquil soutient qu« étudier un parti, cest étudier les
    interactions visibles qui se déroulent dans un certain espace de jeu, cest insister
    aussi sur le « liant » invisible qui associe des agents dans une coopération
    concurrentielle. Un parti nest pas une chose mais doit être analysé comme un champ
    de force7, c'est-à-dire comme un ensemble de rapports objectifs simposant à tous
    ceux qui entrent dans le champ » (Offerlé 2002 : 14-15), il y a un problème
    épistémologique qui se pose. Cette proposition est fausse en ce quelle est absolu
    ; un parti peut très bien être analysé comme une chose, au sens que Durkheim donne à
    cette expression, cest à dire un fait social. Par ailleurs, il ny a pas, à
    priori, de contradiction à analyser un parti à la fois comme une « chose » et comme un
    « champ de force » (Charlot, 1971, Sartori, 1976). En outre, un champ de force peut
    être analysé comme une chose. Mieux, la perspective sociologique et historique qui est
    la sienne aurait du lamené à prendre au sérieux le processus
    dinstitutionnalisation des partis, c'est-à-dire leur « solidification » et «
    réification ».
    
    d - Harmel et Janda(1994) : la théorie intégrée des objectifs et changements
    partisans
        Létude de Harmel et Janda (1994), essaie dexpliquer
    pourquoi les partis politiques changent leurs stratégies, leurs caractéristiques
    organisationnelles et leurs idéologies. Dans cette perspective, ils formulent
    lhypothèse que : «
 party change does not just happen. In fact,
    decisions to change a partys organization, issue positions or strategy face a wall
    of resistance common to large organizations. A successful effort to change the party
    usually involves both a good reason (which, granted, often does involves the need to take
    account of environmental changes) and the building of a coalition of support
Far from
    assuming that party changes just happen or must happen, we suggest
    that party change is normally a result of leadership change, a change of dominant faction
    within the party and/or an external stimulus for change » (Harmel et Janda, 1994:
    261-262)
        La théorie intégrée sinspire dans une large mesure des
    connaissances accumulées sur les objectifs et sur les changements partisans pour formuler
    trois postulats novateurs. La littérature classique nous apprend que les partis
    politiques sont des institutions conservatrices. Une fois institutionnalisés, ils sont
    réfractaires au changement ; de ce fait, pour étudier les changements partisans, il faut
    prendre en compte aussi bien les facteurs internes quexternes. En prenant en compte
    ces propositions dans ce quelles ont de général, Harmel et Janda formulent une théorie
    qui sappui sur trois postulats spécifiques majeurs : 
    (1) même si tous les partis ont tous de multiples objectifs, chaque parti poursuit un
    seul objectif primaire (primacy goal) qui peut être la maximisation des résultats
    électoraux, la maximisation des postes exécutifs, la défense des propositions
    programmatiques et la maximisation de la démocratie intra partisane. 
    (2) même si les changements partisans peuvent sopérer sous linfluence de
    facteurs internes (conflits internes/changement de leadership), « the most dramatic and
    broadest change will occur only when the party has experience an external
    chock », parce que les partis sont essentiellement conservateurs. 
    (3) les chocs externes sont des stimuli qui ont une influence directe sur lobjectif
    primaire poursuivit par le parti. Dautres stimuli externes peuvent affecter le
    changement partisan, mais de façon moins significative. Autrement dit, un stimulus
    électoral aura plus dimpact sur les partis dont lobjectif primaire est la
    maximisation des résultats électoraux que ceux qui recherchent la démocratie intra
    partisane par exemple (Harmel et Janda, 1994 :265).
        Sur la base de ces postulats, ils énoncent cinq hypothèses primaires
    et neuf hypothèses secondaires avant de formuler dix sept propositions pour compléter
    leur théorie (Harmel et Janda, 1994 : 277-283).
        Cette étude de Harmel et Janda (1994) est la plus ambitieuse dans
    létude des partis politiques. Non seulement elle apparaît comme un raffinement des
    propositions de Downs et de ses suiveurs qui se limitent à considérer la maximisation
    électorale, mais aussi elle envisage aussi la possibilité quun parti peut
    poursuivre simultanément différents objectifs. En outre, leur mérite cest
    davoir comblé le vide qui existait dans la littérature sur la théorie des
    changements partisans et la théorie des objectifs partisans. Comme ils le notent
    eux-mêmes, « 
 the theory explains not only the occurrence of party change, but
    also, the magnitude of party change, and offers at least some potential for producing the
    type of party change as well » (Harmel et Janda, 1994 :262). Enfin, cette théorie peut
    permettre de faire une typologie des partis, non plus en sappuyant sur la structure,
    lidéologie, lhistoire, les clivages exprimés, etc. mais à partir des
    objectifs primaires des partis politiques. Ce qui permet ainsi de distinguer quatre types
    de parti : « vote-seeking-parties », « office-seeking parties », « policy-seeking
    parties » et « democracy-seeking parties ». (Cette typologie appliquée à
    lAfrique peut permettre de comprendre les comportements à première vue
    irrationnels de certains partis).
        Si lapproche des choix rationnels échappe aux considérations
    normatives qui soutendent lapproche structurofonctionnaliste, elle tombe dans un
    autre travers. En effet, la conception instrumentale des partis, leur homogénéisation
    amène les tenants de cette approche à les traiter comme des acteurs uniques. La
    principale conséquence qui en découle est lignorance relative de la complexité
    organisationnelle des partis, la négligence des conflits sur les buts et les
    préférences à lintérieur des partis. Monthero et Gunther (2003: 15) relèvent
    que « the dowsian model and many of those who have adopte it maked a grave error when
    they simplify these dynamics to the point of eliminating politics from political
    competition »8.
    
    3 - Lapproche inductive 
    
        Cette approche est la plus heuristiquement féconde pour étudier les
    partis car, elle intègre les problématiques disparates du structuro-fonctionnalisme et
    de lapproche des choix rationnels. Cest elle qui a permis de produire des
    modèles et des typologies. Elle permet à la fois de comprendre les structures
    organisationnelles et idéologiques, les stratégies et les comportements des partis
    politiques. Lidée directrice au cur de cette approche est quà chaque
    période historique correspond un type de parti dominant. Suivant cette perspective, on
    serait parti des partis délites, de patrons aux partis de masses (Duverger, 1976),
    en passant par les partis catch all (Kirchheimer, 1966) pour aboutir aux partis cartel
    (Katz et Mair, 1994). Ce qui caractérise cette démarche, cest quelle
    sinspire quasi exclusivement de lexpérience occidentale. Cest à ce
    titre que la nouvelle typologie proposée par Gunther et Diamond (2003) constitue un
    apport significatif à lunification théorique de létude des partis, ce
    dautant plus quils prennent en compte lexpérience des partis extra
    occidentaux. De toutes ces typologies, la théorie des clivages sociaux de Lipset et
    Rokkan (1967) et lapprofondissement de Seiler (1986, 2000, 2001) occupent une place
    à part.
    
    a - Lipset et Rokkan (1967) : la théorie des clivages sociaux.
        La théorie des clivages sociaux part dune analyse du rôle
    joué par les partis politiques dans la société et établit ainsi une typologie des
    partis fondés sur le projet de société ou idéologie. Selon Lipset et Rokkan (1967
    :14), quatre clivages sociaux traversent les sociétés politiques occidentales : « Two
    of these cleavages are direct products of what we might call the National Revolution: the
    conflict between the central nation-building culture and the increasing resistance of the
    ethnical, linguistically, or religiously distinct subject population in the provinces and
    the peripheries (1); the conflict between the centralizing, standardizing, and mobilizing
    National State and the historically established corporate privileges of Church (2). Two of
    them are products of the Industrial Revolution: the conflict between the landed interests
    and the rising class of industrial entrepreneurs (3); the conflict between owners and
    employers on the one side and tenants, laborers, and workers on the other (4)
        Much of the history of Europe since the beginning of the ninetheeth
    century can be described in terms of the interaction between these two processes of
    revolutionary change: the one triggered in France and other originating in Britain»
        Suivant cette logique, la Révolution nationale a été à la base du
    clivage Eglise/Etat, qui a engendré les partis démocrates chrétiens et les partis
    anticléricaux et laïques dune part, dautre part le clivage
    Centre/Périphérie a donné naissance aux partis centralistes et péripheristes. La
    Révolution industrielle a donné naissance au clivage possédants/travailleurs, à la
    base des partis bourgeois et ouvriers, et le clivage primaire/secondaire qui a donné lieu
    aux partis agrariens et urbains. Dans un ouvrage postérieur, Rokkan en ajoute un
    cinquième clivage, issu des conflits possédants/travailleurs. La victoire bolchevique en
    Russie engendre la révolution internationale. Elle divise le camp des non propriétaires
    et travailleurs en ceux qui se rallient à la révolution soviétique et ceux qui sy
    opposent ou du moins refusent den accepter les mots dordre (Seiler, 2000 :
    75-77). Elle donne naissance au clivage socialiste/communiste, et aux partis socialistes
    et communistes.
        Le principal apport de cette typologie tient à ce que Lipset et Rokkan
    (1967) partent de lanalyse des conflits politiques qui ont présidés par
    occurrences successives à la différenciation des systèmes partisans. Comme le note
    justement Hottinguer (1998 : 20) , le message essentiel de son modèle est simple dans son
    principe « il signifie quon ne peut pas expliquer la forte différentiation
    observable dans la structuration des partis politiques de masse en Europe de lOuest
    sans remonter loin dans lhistoire, sans analyser ses conditions fondatrices fort
    distinctes selon les pays, sans donc prendre en compte les processus précurseurs
    dorganisations territoriales, de construction des Etats et de gestion des ressources
    de pouvoir ».(appliquée à notre champ détude, elle implique la prise en compte
    de la longue durée).
        La principale critique formulée contre cette théorie concerne
    lhypothèse de la congélation (freezing) des systèmes partisans. En effet, selon
    Lipset et Rokkan (1967 :50-51), les systèmes de partis en Europe se seraient congelés
    après la Première Guerre Mondiale et linstauration généralisée du suffrage
    universel. Largument invoqué par la plupart des auteurs consiste à dire que depuis
    1920, les systèmes partisans se sont mis en mouvement avec la résurgence par exemple des
    nationalismes et des conflits sur les valeurs. Cette théorie inspire la plupart des
    typologies depuis 1967 et plus particulièrement celles de Seiler et Klaus von Beyme qui
    en sont des prolongements et approfondissements. 
    
    b  Seiler9 : la remise en cause de la pertinence de la distinction droite/gauche
    et lapprofondissement de la théorie des clivages
        La contribution de Seiler telle quelle ressort de ses trois
    principales publications (1986, 2000, 2001) peut être regroupée en deux axes :
        Le premier apport de Seiler à la typologie des partis se situe au
    niveau de la remise en cause des typologies de sens commun droite/gauche. En effet, Selon
    Seiler (2000 : chap. 3 et 4, 2001), les classifications fondées sur les critères
    didéologie ou de programme sont extrêmement relatives. Il sagit plus
    précisément des typologies qui sappuient sur laxe droite-gauche notamment
    parce que ce concept est ethnocentré et à géométrie variable. Lethnocentrisme du
    concept vient de ce quil a été initialement inventé en France vers 1792 pour
    designer une série doppositions successives, absolutistes contre libéraux,
    monarchistes contre républicains, cléricaux contre laïcs, possédants contre
    travailleurs, etc. (Seiler, 2001 : 10). Ensuite, les mots droite/gauche ont une
    signification à géométrie variable dans le temps et dans lespace. Émotive ment
    chargés, culturellement connotés, ces deux mots sont dénués de toute pertinence
    scientifique et ne peuvent donc pas fonder une classification sérieuse des partis. Toutes
    les typologies issues de ce vocabulaire sont ainsi qualifiées de « typologie étiquette
    », cest à dire celle qui consiste à croire que les étiquettes des partis
    quon retrouve en abondance et dans le même énoncé dans la plupart des pays
    désignent la même réalité. Autrement dit, confondant les « mots » et les « choses
    », cette typologie postule que les vocables comme conservateur,
    démocrate-chrétien, libéral ou socialiste signifient
    partout la même chose et que, par conséquent leur portée serait, sinon universelle, du
    moins valable pour laire culturelle occidentale » (Seiler, 2001 : 9). Dans le même
    sens, Offerlé (2002 : 120) note à juste titre que « derrière un même sigle se cachent
    dans lespace et dans le temps des sociations extrêmement différentes ». Cette
    critique en dépit de sa pertinence semble sombrer dans les travers du substantialisme et
    de lessentialisme qui consistent à donner un contenu fixé une fois pour toute à
    un concept. Les concepts comme les choses changent. En essayant déchapper à «
    lélasticité conceptuel » Seiler frise la glaciation des concepts.
        Le second apport de Seiler (2000) réside dans lélargissement du
    paradigme de Lipset et Rokkan (1967). Il identifit ainsi huit familles de partis en
    occident qui procèdent des deux versants opposés de chacun des quatre clivages
    fondamentaux. Il obtient ainsi :1- les partis patrimoniaux ou « bourgeois » ou de «
    droite », 2- les partis ouvriers ou de « gauche », issus pour ces deux familles du
    clivage possédants/travailleurs ; 3- les partis cléricaux ou chrétiens, issus du
    versant ecclésial du clivage Eglise/Etat ; 4- les partis agrariens et écologistes, issus
    du versant « rural » ou « nature » du clivage rural/urbain ; 5- les partis de défense
    territoriale, issus du versant « périphérie » du clivage centre/périphérie ; 6- les
    partis nationalistes centristes, issus du versant « centre » de ce clivage ; 7- les
    partis anticléricaux et alternatifs, issus du versant « Etat » du clivage Eglise/Etat ;
    8- les partis de défense urbaine(Seiler, 2000 :79).
        Le principal mérite de Seiler outre davoir fait un effort pour
    éviter les expressions issues du sens commun, cest de montrer que plusieurs partis
    dun même pays peuvent appartenir à la même famille de parti, et que ces derniers
    peuvent, à leur tour être subdivisés. Par ailleurs, même si les partis sont des
    acteurs historiques autonomes, ils ne sont jamais « mariés à vie » avec la famille
    politique dorigine car, ils peuvent se réaligner dans un clivage plus porteur. En
    effet, « Le phénomène de survivance, relève Seiler, démontre à souhait le dynamisme
    et la capacité dadaptation des organisations face à la logique de lhistoire.
    Il sagit des cas où des partis survivent aux causes qui les engendrent et à
    lobsolescence de leur projet. Le phénomène de décalage peut aussi se manifester
    en sens inverse
 » (Seiler, 1986 : 116). 
        Cette analyse de Seiler, est aussi dans une large mesure une version
    revue et corrigée des « familles spirituelles » de Klaus von Beyme, qui
    sintéressant aux démocraties occidentales, identifie en 1985 neuf familles
    politiques qui se sont succédées dans le temps sur le champ politique (liberal and
    radical parties, conservative parties, socialist and social democratic parties, christian
    democratic parties, communist parties, agrarians parties, regional and ethnic parties,
    right-wing extremist parties and ecology movement) (Ware, 1996 : 21-43).
    
    c - Duverger (1976) : La distinction partis de cadres / partis de masses 
        La typologie de Duverger (1976 : 119-129) se fonde sur la
    structure des partis : « la distinction des partis de cadres et des partis de masses ne
    repose pas sur leur dimension, sur le nombre de leurs adhérents : il ne sagit pas
    dune différence de taille, mais de structure ». Trois critères sont mis en
    uvre pour opérer la distinction, le mode de recrutement et le financement,
    linfrastructure social et politique et larmature des partis.
        Suivant le premier critère, les partis de masses sont ceux qui
    accordent une importance fondamentale au recrutement pour deux raisons : politiquement les
    matières des partis de masses sont leurs adhérents à qui il faut apporter une «
    éducation politique » pour en dégager une élite susceptible de prendre en main le
    gouvernement et ladministration du pays. Financièrement, les partis de masses
    reposent sur les cotisations des membres qui permet à la fois léducation politique
    et le financement des élections dans la mesure où le « financement est démocratique et
    non capitaliste ». Les partis de cadres par contre sont ceux où ladhésion est
    basée sur les qualités et la situation personnelle de lindividu, et donc
    réservée à quelques individus triés sur le volet, à savoir les notables influents,
    techniciens ou financiers. Le financement est donc capitaliste.
        Le second critère, linfrastructure sociale et politique, renvoie
    au passage du suffrage restreint au suffrage universel, ce que Weber (1959 :171) qualifie
    de « démocratie plébiscitaire ». Ici, les partis de cadres sont ceux qui se sont
    développés dans le cadre du suffrage restreint alors que les partis de masses ont connu
    leur développement avec la démocratisation de laccès des populations à la scène
    politique. Doù il ressort que « la distinction des partis de cadres et des partis
    de masses correspond également, à peu près, à celle de la droite et de la gauche, des
    « partis « bourgeois » et des partis « prolétariens » (Duverger, 1976 : 126).
        Le troisième critère enfin, renvoie à larmature partisane.
    Dans cette perspective, les partis de cadres correspondent aux partis de comités,
    décentralisés et faiblement articulés, tandis que les partis de masses correspondent
    aux partis basés sur les sections, plus centralisés et faiblement articulés. 
        Les partis de cadres sont le produit du suffrage censitaire, dont
    lobjectif principal est la distribution des privilèges. Ici, la compétition est
    limitée à la désignation des pairs ; elle est en outre complètement contrôlée par
    les partis. Le parti fonctionne sur la base de ressources personnelles, dominé par les
    élites, le militantisme y est limité. De ce fait, les frontières entre la société,
    les partis et lEtat sont floues et la représentation est basée essentiellement sur
    la confiance. Les partis de masses sont au contraire le résultat de la démocratisation
    du suffrage universel. Avec lirruption des masses sur la scène politique, le
    principal objectif des partis de masse est de procéder à la reforme sociale. Dans cette
    logique, le militantisme dans ces partis est très développé et cest de ces
    adhérents que le parti de masse tire lessentiel de ses ressources ; par
    conséquent, il y a un contrôle relatif du parti par la base. Le parti de masse apparaît
    ainsi comme le représentant de la société face à lEtat. Cette distinction
    fondée sur la variable organisationnelle a été remise en cause.
        En effet, outre la critique méthodologique de Wildavsky (1968 :
    368-375) relevée plus haut, Charlot (1971 : 194), remet en cause le critère
    organisationnel utilisé pour cette typologie. Cette variable ne lui semble pas
    stratégiquement la meilleure pour plusieurs raisons : « Dabord ce nest pas
    une variable propre aux seuls partis politiques, mais à toutes les grandes organisations.
    Ensuite et surtout, loin dexprimer et de pouvoir résumer en quelque sorte les
    autres aspects de la réalité partisane, la variable organisationnelle a une forte
    autonomie. Toute organisation a tendance à persévérer dans lêtre en dépit des
    bouleversements extérieurs : la nature dun parti peut changer sans que son
    organisation ne soit modifiée ; plus on séloigne des origines du parti moins son
    organisation reflète sa nature » Charlot (1971 : 194). Cest dans une certaine
    mesure pour combler les limites de la typologie de Duverger que Kirchheimer a élaboré un
    nouveau type de parti, le parti catch all.
    
    d - Kirchheimer (1971) : Lavènement des partis catch-all 
        Cet auteur fonde sa théorie du « parti attrape-tout » sur une
    mise en situation historique de la dichotomie partis de cadres/partis de masses. La
    période prise en compte comprend lentre deux guerre et laprès guerre.
        « Au stade suprême du développement, soutient-il, lexpansion
    économique gomme les disparités et efface les antagonismes de classe. Labondance
    sape les bases des oppositions idéologiques dhier. De conflictuelle, la société
    devient consensuelle. En outre, lirruption des masses medias favorise la
    personnalisation du pouvoir. Doù une dépolitisation et une
    désidéologisation qui ne peuvent pas être sans effet sur les partis
    politiques » (Schwartzenberg, 1998 : 431). En effet, selon Kirchheimer, laprès
    guerre marque un tournant décisif dans le mode dorganisation des partis : « Après
    la seconde guerre mondiale, le vieux parti bourgeois de représentation individuelle est
    devenu lexception. Sil sen trouve toujours quelques spécimens, ils ont
    cessé dêtre un élément déterminant des systèmes de partis. De plus le parti
    dintégration de masses, produit dune époque aux oppositions de classes plus
    dures et aux structures religieuses plus tranchées, est entrain de se transformer en
    parti de rassemblement du « peuple ». Abandonnant toute ambition dencadrement
    intellectuel et moral des masses, il sintéresse plus pleinement à la vie
    électorale, dans lespoir déchanger une action en profondeur contre un public
    plus vaste et des succès électoraux plus tangibles. Cette ambition politique plus
    limitée et ce souci des contingences électorales sont très éloignés des vastes
    ambitions dautrefois ; de telles ambitions, aujourdhui, sont considérées
    comme gênantes, car elles éloignent certaines catégories dune clientèle
    potentielle à la mesure de la nation.» (Kirchheimer, 1971 : 213).
        Dominés par des soucis de contingences électorales, ces « partis de
    rassemblement » sont tournés davantage vers leurs électeurs que vers leurs adhérents
    à la différence des partis de masses. Dès lors, le pouvoir y appartient non à des
    adhérents, mais à des élites, qui ne se font pas dans le parti, mais viennent souvent
    de lextérieur. Enfin, pour recueillir le maximum de suffrages dans toutes les
    catégories socioprofessionnelles, les partis « attrape-tout » intensifient et
    diversifient ses relations avec les groupes dintérêts qui sont véritables
    réservoirs délecteurs. Alors que les partis de masses assurent une représentation
    classique et apparaissent comme des représentants de la société face à lEtat,
    les partis catch-all apparaissent plus comme des entrepreneurs et comme des courtiers
    concurrents entre la société et lEtat. 
        Le principal mérite de cette typologie cest quil permet de
    rendre compte des partis de droite que Duverger ne classait que par différence dans la
    catégorie des partis de cadres. Il permet aussi de mettre sur le même plan des partis de
    même nature mais dorganisation ou de doctrine opposé comme le Parti travailliste
    et le Parti conservateur britanniques. Toutefois, comme la typologie de Duverger, la
    typologie dOtto Kirchheimer est soutendue par un évolutionnisme et est teinté
    didéologie. Charlot note à cet égard que : « de même que Maurice Duverger
    trahissait ses préférences idéologiques en décrivant la décadence des partis de
    cadres et le caractère naturel et inéluctable des partis de masses, Otto Kirchheimer
    révèle une vision idéale de la démocratie du consensus et du règlement pragmatique
    des conflits en faisant de son Catch-All Party la forme moderne des partis »
    (Charlot, 1971 : 195-196).
        Il proposera dans cette perspective de substituer au parti catch all le
    « parti délecteur » (idem : 217-218). Seiler (1986 : 97) propose pour sa part de
    substituer au concept attrape-tout, le concept «horizontal». Ainsi, le «
    parti horizontal » renvoie à « un parti qui couvre une portion de terrain politique qui
    va de la « droite » incluse, à la « gauche » incluse. Les termes de droite et gauche
    étant pris dans leur acception socio-économique actuelle. C'est-à-dire que ce type de
    parti se situe à la fois dans lopposition droite /gauche et « ailleurs ».
    Ailleurs, car ces partis parviennent à rassembler hommes de droite, du centre et de
    gauche autour dun projet politique qui transcende les notions de droite et de
    gauche. Dotés dun projet non réductible à la dimension droite-gauche, les partis
    horizontaux ne lui restent cependant pas étrangers : elle les traverse portant le débat
    au cur du parti » (Seiler 1986 : 97).
    
    e - Katz et Mair (1995) : Lavènement du parti cartel, agent de lEtat
        Katz et Mair (1995) partent de lidée que les différents
    modèles de partis peuvent être localisés en prenant comme variable principale la nature
    des relations entre la société civile, le parti et lEtat et une certaine
    conception de la démocratie. Sur cette base, Katz et Mair soutiennent que: « 
 the
    developpement of parties in western democracies has been reflective of a dialectical
    process in which each new party type generates a reaction that stimultes further
    develpppement, thus leading to yet another new party type, and to another set of
    reactions, and so on. From this perspective, the mass party is simply one stage in a
    continuing process. 
the factors facilatating this dialectic do not derive solely
    from changes in civil society, but also from changes in the relation between the parties
    and the state. In particular we argue that there has been a tendency in recent years
    towards an ever closer symbiosis between parties and the state and that this then sets the
    stage for the emergence of a new party type, which we identify as «the cartel party» ».
    (Katz et Mair, 1995 : 6).
        Plutôt quune définition précise du concept de « parti cartel
    », ils en proposent les principales caractéristiques : dabord, le parti se
    distingue des partis qui sont une émanation de la société civile et des partis catch
    all qui se situent dans une position intermédiaire entre la société civile et
    lappareil étatique. Le parti cartel se situe dans lEtat agissant à la limite
    comme un agent entre ce dernier et la société civile ; ensuite, les partis cartels
    dépendent dans une large mesure des subventions de létat, sur lesquelles ils
    décident du fait de leurs positions de législateurs. Comme conséquences logiques, le
    militantisme y est peu développé et lorganisation y est stratarchique,
    c'est-à-dire que les relations entre le sommet et la base sont caractérisées par une
    grande autonomie. « contemporaneously, the relationship between parties and the state
    also changes, suggesting a new model (
). In this model, parties are less the agents
    of civil society acting on, and penetrating, the state, and rather more like brokers
    between civil society and the state, with the party in government(i.e. the political
    ministry) leading an essentially Janus-like existence. On one hand, parties aggregate and
    present demands from civil society to the state while on the other they are the agents of
    that bureaucracy in defending policies to the public » (p.13). « In short, the state,
    which is invaded by parties, and the rules of which are determined by the parties, becomes
    a fount of ressources through which these parties not only help to ensure their own
    survival, but through which they can also enhance their capacity to resist challenges from
    newly mobilized alternatives. The state in, becomes an institutionalized structure of
    support, sustaining insiders while excluding outsiders. No longer become simple brokers
    between civil society and the state, the parties now absorbed by the state. From having
    first assumed the role of trustees, and then later of delagates, and then later again, in
    the heyday of catch all party, of entrepreneurs, parties have now become semi-state
    agencies ». (Katz et Mair, 1995 : 16).
        Ce model a fait lobjet dune critique méthodique de la part
    de Koole (1996) et dune réponse à cette critique de la part de Katz et Mair
    (1996). La critique de Koole porte en premier sur le concept de parti cartel. Non
    seulement le concept nest pas défini rigoureusement, mais en plus
    lapplication dune propriété systémique pour caractériser des partis
    individuels nest pas pertinente (Koole, 1996 :508). Sur la definition proprement
    dite « 
its not clear which of these « characteristics » are « defining »
    properties and which are « empirical » properties. For a proper analysis of parties
    types, this seems to be a useful distinction. If, for example, cartel parties were defined
    as parties that depend for more than 50% of their income on state subsidies, this would be
    a clear definition. The other « characteristics » of cartel party (politics as
    profession, privileged access to state regulated channels of communication, a
    stratarchical relation between ordinary members and party elites, etc.) could then be
    regarded as features most cartel parties posses, but which may not be limited to the
    cartel party type only ».
        Par ailleurs, le modèle de cartel rend davantage compte des
    propriétés dun système que dun parti pris individuellement. Si le concept
    de cartel implique la prise en compte de tous les compétiteurs majeurs dans un marché,
    comment dès lors appliquer ce concept à seulement quelques uns de ces partis. Mieux
    encore, « applying the term cartel to label a new party type, therefore those
    not seem to be a happy choice. It also risk mixing scholarly research on parties with
    neopopulist sentiments that appear to be widespread in present days western countries. The
    term cartel party, supposedly characterized by interparty
    collusion has a conspirative connotation that should be avoid as long as evidence is
    laking that established parties as group consciously and effectively try to impede
    outsiders from getting in » (p. 517). Pièges de la reprise du langage et du lexique du
    sens commun qui traduisent souvent une lutte de classement entre acteurs politiques
    (Seiler, 2001 : 5).
        En outre, lanalyse des partis cartels est prisonnière dune
    approche stato-centrée, car en analysant les partis comme devenant de plus en plus
    ancrés dans lEtat, comme des agents étatiques (agent of the state), ils font comme
    si le pouvoir politique était concentré dans le seul appareil étatique, alors
    quil est de plus en plus diffus (Koole, 1996 : 519). Enfin on reproche le
    déterminisme évolutionniste qui soutend lanalyse de Katz et Mair. En postulant
    quà chaque moment de lhistoire correspond un type idéal (de parti de cadre,
    parti de masse, parti catch all, parti cartel), ils succombent aux charmes dun
    déterminisme évolutionniste car au final ils recherchent tout simplement « the one best
    party ».
        Quoi quil en soit de toutes ces limites, le model de parti cartel
    semble particulièrement heuristique pour étudier les systèmes de partis et les partis
    dominants africains pour plusieurs raisons. Dabord, ici un peu plus
    quailleurs, lEtat reste pour lessentiel un acteur puissant contrôlant
    laccès aux ressources variées (laccès aux médias publics, financements,
    etc.). En outre, la « collusion » entre un certain nombre de partis est plus apparente.
    Paradoxalement donc, le modèle de parti cartel conçu à partir de lexpérience
    occidentale peut sappliquer sans modifications substantielles au terrain africain.
    Ensuite, le concept même de cartel, tel que formulé par Liphardt pour rendre compte des
    sociétés homogènes, est un outil pertinent pour comprendre la vie politique dun
    pays comme le Gabon où des formules comme « Gabon dabord », ou encore «
    consensus national gabonais » sont en vigueur. Par ailleurs, linterpénétration
    Etat/parti y est plus apparente, mieux lancrage des partis dans lEtat est plus
    visible notamment parce que même les partis dopposition y sont des partis de
    gouvernement. Au Cameroun, lUPC et lUNDP par exemple sapparentent à des
    partis de gouvernement.
    
    f - Gunther et Diamond (2003) : le renouveau des typologies
        Dans cette contribution majeure, Gunther et Diamond (2003) se
    proposent de réévaluer les diverses typologies existantes afin den proposer une
    nouvelle prenant en compte les expériences partisanes dans le monde. Cette typologie
    sappuie sur trois critères, la nature de lorganisation formelle,
    lidéologie et la stratégie des partis. Sur cette base, ils identifient cinq
    catégories et quinze espèces de partis.
        La première catégorie est formée des partis délites
    (elite-based parties) constituée de deux espèces de partis. Le parti traditionnel local
    de notables (traditional local notable party) et le parti clientéliste. La seconde
    catégorie de partis est formée des partis de masse (mass-based parties). Elle-même
    subdivisée en six espèces de partis. Dabord, sur la base de leur programme, on
    distingue les partis socialistes, les partis nationalistes et les partis religieux.
    Ensuite, sur la base de leur rapport positif au pluralisme ou au contraire par rapport à
    leur volonté hégémonique, les partis socialistes se décomposent en deux sous espèces
    : le parti de classe masse (class mass) et le parti léniniste ; les partis nationalistes
    se subdivisent en parti nationaliste pluraliste et en parti ultranationaliste ; et les
    partis religieux se subdivisent en parti denominationnel et en parti fondamentaliste. La
    troisième catégorie est constituée des partis ethniques (ethnicity-based parties) qui
    comprend le parti congressiste, qui est une coalition, alliance ou fédération de partis
    ethniques dune part, et le parti ethnique proprement dit dautre part. La
    quatrième catégorie est formée par les partis électoralistes (electoralist parties)
    constitués de trois espèces de partis, le parti catch-all, le parti personnaliste et le
    parti programmatique. Enfin, la cinquième catégorie formée des partis mouvements
    (movements parties), comprend deux espèces de partis, le parti libertaire de gauche
    (left-libertarian) et le parti post industriel dextrême droite (post-industrial
    extrem right).
        Le principal mérite de cette typologie cest daller au
    delà de la seule expérience occidentale pour prendre en compte les expériences
    partisanes des autres régions du monde, notamment lAfrique et lAsie. En
    outre, non seulement cette typologie est synthétique, parce quelle prend en compte
    les principaux critères souvent mobilisés séparément (structures, idéologies,
    stratégies), mais en plus elle ne postule pas, comme cest souvent le cas, la
    prédominance dune forme partisane sur une autre. Ce faisant, la typologie de
    Gunther et Diamond (2003) échappe dans une large mesure à lethnocentrisme qui sous
    tend les travaux de tous leurs devanciers (Duverger, Kirsheimer, Katz et Mair, Lipset et
    Rokkan, etc.). 
        Les différentes théories de létude des partis ne sont pas
    irréductibles les unes par rapport aux autres. Elles se complètent dans la mesure où
    elles mettent en uvre les différents éléments considérés comme pertinents par
    la recherche. Toutefois, limitée au contexte européen, élaborée parfois à partir de
    lhistoire dun ou de deux pays dune même aire géographique et
    culturelle, cette théorie générale nintègre pas toutes les contributions des
    partis à travers le monde. Dès lors, pour paraphraser Badie (1998 : 137), il faut passer
    du « parti politique », objet universel abstrait au « parti africain », objet
    singulier et concret. 
    
    II  
aux partis africains en particulier
    
        Il en est de même de lobjet « parti africain » comme de
    lobjet « Afrique », « Etat africain » ou « pouvoir africain », son statut
    épistémologique et théorique est sujet à caution (Tshiyembé Mwayila, 1998 ; Gazibo
    (2001, 2006b) ; Sindjoun (2002b) ; Kamto (1987) ; Bayart, 1989). Mais un peu plus que ces
    objets cependant, les partis africains sont un « objet perdu » (Gazibo, 2006a). Il est
    difficile de définir un parti africain parce quil sagit dun concept
    formé en dehors de lAfrique et pour rendre compte des expériences propres aux pays
    occidentaux. Ce faisant, il est forcement chargé de valeurs et didéologies. Ici,
    il est question de sinscrire dans la problématique de la politique comparée
    plutôt que dans celle plus large de la scientificité comme nous lavons fait dans
    la première partie. Autrement dit, cest en mobilisant les paradigmes de
    luniversalisme et du relativisme culturel que nous évaluerons lévolution de
    létude ainsi que la place des partis politiques africains dans la stasiologie.
        Lintérêt dune approche comparative des institutions
    politiques a été abondamment démontré par Chevallier (1996). En effet, « les
    institutions offrent un terrain privilégié pour le comparatisme
Du fait de leur
    généralité et de leur stabilité, les institutions constituent en effet un point
    dancrage solide pour le comparatiste ; elles donnent prise à la comparaison »
    (Chevallier, 1996 : 27). Dès lors, comment penser sereinement les partis africains ? La
    réponse à cette question est problématique en ce sens que le concept de parti ainsi que
    lappareillage méthodologique et théorique qui sert à lanalyser ont presque
    tous été forgés par la science politique occidentale. Si on peut parler dun parti
    au singulier, relater son histoire, décrire par le menu les rouages de son organisation,
    on ne peut en outre évoquer les partis que par la médiation dun concept fruit
    dune généralisation, et partant, établit par le recours à la méthode
    comparative (Seiler, 2001). Ainsi donc, étudier les partis africains devient un lieu de
    rencontre et daffrontement des conceptions de la politique comparée. Quest ce
    que les partis africains ont de commun avec les partis occidentaux ? Lenjeu ici est
    de discuter la pertinence du phénomène partisan en Afrique, de voir dans quelle mesure
    des grilles théoriques formulées ailleurs peuvent ou non permettre den rendre
    compte dans une aire culturelle différente. En dautres termes, analyser les partis
    africains, évite de formuler un comparatisme qui vient du centre vers la périphérie,
    mais plutôt une comparaison qui se situe entre luniversalisme et le relativisme
    culturel. Lapproche comparative permet ainsi à la fois de déterminer ce qui fait
    la spécificité de ces institutions et ce qui les rapproche des institutions d «
    ailleurs » (Sindjoun, 2002a; Badie et Hermet, 2001; Surel et Mény, 2004; Seiler, 2001).
    Ici, on se propose de comparer des faits sociaux relevant des mêmes catégories mais
    sinsérant dans des contextes différents, de manière à expliquer leur genèse et
    les différences de configuration et dagencement qui les distinguent.
        Ici comme ailleurs, la recommandation de Durkheim doit être prise au
    sérieux, avant de discuter des différentes écoles de létude des partis africains
    (II), il convient dabord de sentendre sur ce que « parti africain » veut
    dire (I), car « de la définition initiale de tout objet découle un point de vue. Et de
    tout point de vue découlent des méthodes et des références conceptuelles » (Offerlé,
    2002 : 3). 
    
    A - Ce que « parti africain » veut dire
    
        Ici, il na y pas de querelle de mots. Mais la prise en compte de
    lhistoricité des partis ainsi que de la signification à lui accoler peuvent être
    intéressants.
        En effet, lhistoire du phénomène partisan révèle que
    cest au Libéria que le True Whig Party, premier parti politique africain, fut
    créé dans les années 1860 (Lavroff, 1978 : 7 ; Carbone, 2006 : 19). Avec la
    colonisation, les partis politiques seront importés/ exportés dans le reste de
    lAfrique un siècle plus tard. Cest ainsi que dans les années 1940, la
    démocratisation partielle des régimes coloniaux va entraîner le multipartisme dans la
    plupart des États coloniaux au Sud du Sahara (Coleman, 1960 : 286-313). Comme
    conséquence, les partis politiques vont se multiplier. Ainsi, entre 1945 et 1968, plus de
    148 partis seront établis sur le continent africain (Mozaffar, 2005 : 395-396). Comparant
    lorigine des partis africains et non africains, Janda, en 1962, faisait ressortir
    que sur 72 partis répertoriés, 3% sont dorigine parlementaire, 40% dorigine
    extérieure, c'est-à-dire créés par des chefs religieux, des chefs syndicaux, des
    intellectuels ou par des chefs ethniques, 53% dautre origine, c'est-à-dire soit par
    scission, fusion ou autre et 4 % sont dorigine inconnue (Janda cité par Charlot,
    1971 : 35). Avec laccession aux indépendances dans les années 1960, ce pluralisme
    politique cède progressivement la place aux partis uniques (Schachter-Morgenthau, 1998).
    LÉtat post colonial de la deuxième génération aura comme trait caractéristique
    le retour au pluralisme politique avec la consécration constitutionnelle du multipartisme
    et linstitutionnalisation progressive des systèmes à parti dominant (Bogaards,
    2004). Ainsi, lEtat africain et ses institutions sont non seulement « jeunes »,
    mais leur histoire a été (et est) largement influencée par lexpérience
    occidentale, ce qui nest pas sans effet sur leur étude. Ainsi, létude des
    partis africains comme de lEtat souffre de ce que Sindjoun (2002a : 11-18) a
    labellisé de « pesanteur des problématiques institués ».
        Dès lors, la réflexion sur la signification du parti africain dans la
    littérature fait apparaître plusieurs stratégies concurrentes de définition. Pour
    certains auteurs, comme Thomas Hodgkin, les partis renvoient à « toutes organisations
    politiques qui se considèrent elles-mêmes comme des partis et qui sont généralement
    considérées comme tels » (Hodgkin, cité par Gonidec et Tran Van Minh, 1980 : 311) ;
    alors que dautres sefforcent de démontrer que les partis africains sont des
    institutions au même titre que les lignages et les tribus par exemples
    (Schachter-Morgenthau, 1998) ; certains se contentent de considérer que cette définition
    va de soi et ne prennent donc pas la peine den proposer une ; cest le cas de
    Lavroff (1978) et Charles (1962). Pour sa part, Bayart (1970 : 684-685) se limite à
    relever que « des difficultés de définition : la distinction entre partis, associations
    tribales, groupes dintérêts savèrent particulièrement complexe ». Par
    contre, certains considèrent que les partis africains, produit de limportation sont
    de « pales copies » des partis occidentaux (Badie, 1992) ; dautres, dans une
    perspective plus radicale, à linstar de Alistair MacIntyre, se sont sérieusement
    posés la question de la pertinence du transfert de ce concept aux organisations
    africaines : « Why do we think of these as parties, rather than as, say, churches? The
    answer that they have some of the marks of American political parties, and that they call
    themselves parties does nothing to show that in fact the meaning of party is
    not radically changed when the cultural context is radically changed, or that even if it
    is not changed the description has not become inappropriate. The intentions, the beliefs,
    the concepts which informs the practices of African mass parties provide so different a
    context that there can be no question of transporting the phenomena of the party to this
    context
 » (Cité par Ware, 1996: 127). 
    Ainsi, deux logiques sont à luvre dans la littérature consacrée à la
    définition des partis politiques africains ; la logique de lirréductible
    spécificité des partis africains et la logique de la banalisation des partis africains.
    Dans la première perspective, les partis africains sont traités comme lEtat
    africain ou la démocratie, c'est-à-dire un concept à luniversalité douteuse.
    Dans la seconde perspective, les partis politiques africains sont appréhendés comme un
    objet scientifique banal. Ici, on compare les partis africains aux partis occidentaux pour
    voir dans quelle mesure ils remplissent les mêmes fonctions et jouent les mêmes rôles
    que les partis ailleurs. Chacune de ces deux thèses présentent des limites. La
    dialectique parti à part et parti à part entière semble ainsi être le fil conducteur
    autour duquel la signification opératoire du parti africain doit être recherchée.
    
    1 - Le « parti africain » comme parti à part
    
        Le parti africain comme à part renvoie au fait quun parti
    politique peut être clairement distingué des partis occidentaux. Ainsi, Dans la
    perspective de Lavroff (1978 : 12-29), dire que les partis Africains sont des partis à
    part signifie quils ont été mis sur pied par les africains et recouvrent des
    membres de plusieurs nationalités, doù leur caractère interterritorial. Cette
    nuance permet ainsi de distinguer les partis issus de laction des africains des
    simples démembrements locaux des partis métropolitains. Lexemple emblématique est
    le RDA, créé en 1946, il lui a fallu attendre sa rupture en 1950 avec le Parti
    Communiste Français, auquel il était apparenté, pour que ce dernier devienne un parti
    africain et que son audience augmente auprès des africains. Selon Lavroff (1978 : 12-13),
    « il y a 
simultanéité de lapparition des partis proprement africains et
    création de partis interterritoriaux ». Un parti africain se caractérise donc par sa
    nature interterritoriale et labsence dapparentement avec les partis
    métropolitains. Cette conception de « parti proprement africain » est restrictive parce
    quelle ne semble pas prendre en compte les partis ethniques, territoriaux,
    régionaux mis en exergue par la typologie de Hodgkin.
        Plus profondément, les partis africains sont des partis à part parce
    quils sont fondamentalement différents des partis occidentaux. Ainsi, selon Badie
    (1992 : chap. 5), les partis africains sont de pales produits de limportation et
    donc de la dépendance. En effet, selon Badie (1992 : 178) le phénomène partisan en
    Occident se fonde sur trois caractères inexportables, car façonnés par une longue
    histoire. Dans la même perspective, Hermet et al. (2001 : 233) précisent que les partis
    politiques des pays en développement sécartent substantiellement des partis
    politiques occidentaux tels que la science politique les a saisi et analysé. Agents
    dintégration et de conflits dans les sociétés occidentales, ils accomplissent de
    toutes autres fonctions : faute de concourir à lexpression de clivages et de
    pouvoir entretenir une réelle allégeance citoyenne, ils servent essentiellement de
    support à lémergence et à la pérennisation dune classe politique sans
    parvenir à raccorder celle-ci à lensemble des gouvernés.
        Considérer les partis africains comme des partis à part, est une
    perspective intéressante notamment parce quelle prend au sérieux les contextes.
    Mais, cette approche de la spécificité souffre dans une large mesure dune erreur
    épistémologique résultant dune importation incontrôlée dans le champ africain
    des termes de léquation parti politique égale démocratie. On se trouve confronté
    avec cette approche à deux problèmes.
        Le premier problème est celui de lencapsulation du concept de
    parti dans celui de la démocratie. Or les termes de léquation parti politique
    égale démocratie doivent être revérifiés en ce qui concerne lAfrique. Notamment
    parce que, le contexte démergence des partis politiques dans les années quarante
    est largement dominé par le paradigme de lindépendance. C'est-à-dire que
    cest par et dans le cadre de ce paradigme que la vie politique des sociétés
    africaines est perçue, aussi bien par les acteurs locaux quinternationaux. Par
    ailleurs, dans le cadre de lEtat post colonial de la première génération, le
    paradigme fondamental est celui de la construction et de la consolidation des bases de
    lEtat ; ici, les partis sont conçus comme des instruments non pas de la
    démocratie, mais davantage comme des instruments au service de la consolidation de
    lunité nationale (que lon soit daccord avec cette idéologie ou pas). A
    moins de considérer lIndépendance et la Construction de lEtat comme des
    synonymes de la Démocratie10, il apparaît clairement que cest seulement à partir
    des années 1990 quun lien direct peut être établi entre parti et démocratie au
    sens occidental. Sattacher donc ainsi à définir le parti africain en
    lenfermant dans le cadre restreint de la démocratie ne semble pas judicieux.
        Le deuxième problème est lié au postulat qui informe
    léquation parti politique égale démocratie. Ce qui est mis en exergue ici,
    cest la compétition politique. Or la compétition politique nest synonyme de
    compétition électorale que dans le cadre restreint des vieilles démocraties. Très
    souvent, le paradigme de la compétition politique rime avec compétition électorale,
    donc nécessairement intra-partisane (monolithisme) ou inter-partisan (pluralisme). Dans
    un cas comme dans lautre, ce qui est au cur du processus, cest
    lélection). Lerreur ici cest de considérer que la compétition
    politique se limite à la compétition électorale, et par conséquent de faire comme si
    les partis africains étaient les seuls acteurs pertinents de la compétition politique.
    La mise en garde de Huntington (1968)11 na pas été suffisamment prise au sérieux,
    car il montre clairement que les pays en voie de modernisation se trouvent confrontés
    simultanément aux problèmes que les pays modernisés nont affronté que
    séquentiellement et sur de longues périodes. Ainsi donc, si en occident la compétition
    politique se limite à une seule institution, à savoir les élections, en Afrique par
    contre, linstitutionnalisation de la compétition politique a consacré deux
    institutions, à savoir les élections et les coups dEtat (Cowen et Laakso, 1997 ;
    McGowan, 2003 ; Postner et Young, 2007). Autrement dit, il est sur le plan
    épistémologique difficile de comprendre comment on peut parler de partis sans prendre en
    compte les armées. Lencapsulation de lanalyse des partis dans le paradigme
    démocratique amène la plupart des auteurs à négliger les relations de complicité et
    de complémentarité qui existent entre partis politiques et armées, donc entre société
    civile et société prétorienne dont ils sont les représentants, dans la mesure où les
    élections aussi bien que les coups dEtats sont des modalités solidifiées
    daccession au pouvoir, pour ne retenir que la dimension conflictuelle de celles-ci.
    Si en Europe, ou dans les vielles démocraties, les partis détiennent seuls le monopole
    de la conquête du pouvoir ; Ici, les militaires, les « rebelles » et les partisans au
    sens de Carl Schmitt y sont en concurrence avec ces derniers pour la conquête du pouvoir.
    De ce fait, la dialectique élections/coups dÉtat doit être envisagée comme le
    principe actif de la compétition politique en Afrique12.
        De ce qui précède, il apparaît donc que les partis africains sont
    des partis à part moins parce quils sont différents des partis occidentaux, - sur
    le plan de leurs structures, fonctions, idéologies, etc., - mais davantage parce
    quils nont pas encore réussi à revendiquer avec succès le monopole de la
    compétition pour la conquête du pouvoir étatique.
    
    2 - les partis africains comme partis à part entière 
    
        En reprenant Thomas Hodgkin, Schacter-Morgenthau (1998 : XI) soutenait
    en 1964 qu« En Afrique, les partis sont devenus, avec le temps, des institutions au
    même titre que les lignages, les classes dâges, ou les sociétés secrètes ».
    Cette position tend à la banalisation de linstitution partisane en dépit de la
    thèse de linexportabilité des partis en Afrique. Comme les autres institutions,
    produit de lexportation, les partis politiques africains font sens. Dailleurs,
    Huntington (1968: 411) relève que « in many african countries, the nationalist party was
    the single modern organization to exist before independance ». Les partis africains comme
    parti à part entière résulte aussi de la consécration constitutionnelle de ces
    institutions dans la plupart des Etats africains. En Afrique comme ailleurs ils concourent
    à « lanimation de la vie politique et à lexpression du suffrage ».
        Les concepts sont des instruments essentiels de la connaissance, mais
    ils ne doivent pas être jugés sur leur vérité, mais sur leur utilité théorique
    (Dogan et Pelassy, 1981 : 27-28). Tout en reconnaissant la spécificité des contextes, il
    convient de prendre en compte les traits communs, linvariant partisan qui transcende
    les aires culturelles. Bien quétant lié à lhistoire et à la culture
    occidentale, le concept de « parti politique » peut être utilisé pour rendre compte de
    ce qui se passe en Afrique. Dans la perspective de Sindjoun, il convient prendre au
    sérieux « la vie sociale des concepts » car ce qui importe, cest leur
    instrumentalisation paradigmatique (Sindjoun, 2002b : 25).
    
    B - Ce que penser les « partis africains » veut dire : entre universalisme
    et relativisme culturel
    
        La richesse des travaux scientifiques sur les partis politiques après
    les indépendances (1960-1970) contraste avec leur rareté depuis louverture
    démocratique. Comme le note Comi M. Toulabor (2004 : 113), « paradoxalement depuis les
    années 1990 avec la redécouverte démocratique, plus on parle des partis politiques
    africains, moins ils font lobjet de travaux de recherche ». Gazibo (2006 : 6-8)
    identifie trois raisons à cet état de fait : dabord , comme ailleurs, les partis
    africains ont suscité la méfiance, ensuite, la faiblesse de létude des partis
    avant 1990 sexplique par le contexte, avatars du juridisme des années 1960
    dune part et généralisation des régimes autoritaires de lautre, enfin, «
    beaucoup de pays une fois vaincues les résistances au multipartisme, les partis se sont
    multipliés et ont disparu au grès de fusions et de transhumances à un rythme tel
    quil était bien difficile de les prendre au sérieux ». Ce doute sur le «
    sérieux » des partis africains est plus sceptique que méthodique13.
        Le tour de plus de 60 ans détudes des partis politiques
    africains montre que la plupart des études tournent autour du paradigme de
    luniversalisme et du relativisme culturel. Dun coté les théories du
    développement politique ont étudié les partis africains comme des institutions banales
    et les théoriciens de la démocratisation se sont en suite intéressés au rôle de ces
    derniers dans la démocratisation en Afrique, de lautre coté certains auteurs ont
    étudié les partis africains comme des institutions à part.
    
    1 - Lexplication universaliste des partis africains
    
        Dans cette perspective, ce qui ressort cest que, comme les partis
    politiques ailleurs, les partis africains ont été analysés dans une perspective
    structuro fonctionnaliste, typologique et des choix rationnels.
    
    
    a - Lapproche Structuro fonctionnaliste
        Dans lexpression structuro fonctionnalisme, « structure »
    renvoie non seulement à lorganisation interne des partis politiques africains, mais
    aussi à leur idéologie et aux bases économiques et sociales sur lesquelles ils reposent
    (Lavroff, 1978 : 60) », et « fonction » renvoie en même temps au fonctionnement et aux
    rôles quils jouent dans le système politique et la société africaine en
    général. De nombreux théoriciens du « développement politique » (Badie, 1988 ;
    Schwartzenberg, 1998 : 193-208) ont consacré dans leurs analyses une place importante aux
    partis africains. En effet, en 1966, Lapalombara et Weiner notaient déjà que « the
    political party, as an institution, is ubiquitous; that it is present in all forms of the
    state and in all manner of political systems and governments. Even dictatorial and indeed,
    totalitarian systems seem unable to do without at least one party » (Lapalombara, 2007:
    143). Cest ainsi que dans une perspective fonctionnaliste Almond et Coleman (1960)
    étudient les partis africains comme des structures dagrégation des intérêts,
    Apter (1965) les appréhende comme des instruments de modernisation et Huntington (1968)
    les considère comme des institutions de stabilisation de lordre politique. Cette
    approche sera renouvelée avec le retour au multipartisme par lanalyse de
    linfluence de linstitutionnalisation des partis sur le processus démocratique
    en Afrique. Les travaux représentatifs de ce courant sont notamment ceux de Kuenzi et
    Lambright (2005), Creevey et al (2005) et Randall et Svasand, (2002). 
    
    b - Almond et Coleman (1960) : partis africains, structure dagrégation des
    intérêts 
        Almond et Coleman (1960) sont les principaux tenants de « la
    théorie fonctionnaliste du développement » (Badie, 1988 : 43-56). En effet, ils ont
    intégré létude du développement politique au sein de la théorie
    fonctionnaliste. Dans son acception large, celle-ci envisage la société ou le système
    politique comme un ensemble déléments interdépendants. Chacun de ces éléments
    contribue dune manière spécifique à lorganisation et au fonctionnement de
    lensemble dont il fait partie. Ils proposent ainsi que « political systems may be
    compared with one another in terms of the frequency and style of the performance of
    political functions by political structures » (Almond et Coleman, 1960: 61). Lun
    des postulats de lapproche fonctionnaliste pose que tous les systèmes politiques
    ont des propriétés communes et donc, accomplissent les mêmes fonctions, notamment la
    fonction de socialisation politique et de recrutement politique, la fonction de
    communication politique, la fonction délaboration des lois, la fonction
    dexécution des lois, la fonction dadjudication, la fonction
    darticulation des intérêts et la fonction dagrégation des intérêts. Or,
    la fonction dagrégation des intérêts est assurée spécifiquement par le système
    des partis.
        Cest dans cette perspective que se situe la première analyse
    comparative que Coleman (1960 : 247-368) fait du multipartisme en Afrique Subsaharienne.
    Cette étude permet de mettre en exergue lexistence des systèmes à parti unique,
    les systèmes de partis compétitifs et le système de partis des pays encore dépendant,
    la « comprehensive nationalist parties ». Cependant la caractéristique des systèmes
    politiques dAfrique subsaharienne selon Coleman, cest lexistence des
    systèmes à parti dominant. Son existence sexplique dans les pays musulman par la
    relative homogénéité de la population, le fond culturel islamique commun, le soutien
    des traditionalistes (émirs et chefs) ainsi que de lAdministration coloniale. Dans
    les autres pays, la prépondérance des systèmes à parti dominant sexplique par le
    charisme des principaux leaders nationalistes (Coleman, 1960 : 286-296). Sagissant
    de la fonction dagrégation des intérêts proprement dits, les leaders des partis
    politiques sont concurrencés par les chefs traditionnels et lAdministration
    coloniale. Lagrégation des intérêts savère particulièrement
    problématique ici parce que « in most of Africa interets continue to be identified with
    race or tribe ». Dans cet ordre didées, le rôle des partis consistait à
    construire un intérêt national transcendant les divers intérêts particuliers. Coleman
    note que, « 
strongly futuristic, their main objective is to create an image of a
    post colonial Golden Age in which all interests will find complete fruition. Although
    their programs frequently mention the grievances and aspirations of particularly critical
    groups (e.g. cocoa farmers, traders, plantation workers, etc.), they nevertheless essay to
    identify all particularities with the national interest » Coleman (1960:
    331). 
        Le principal mérite de Coleman cest de montrer quil existe
    une différence de degré et non de nature entre les partis africains et les partis
    occidentaux. 
    
    c - Apter (1965) : parti africain, institution de modernisation
        La modernisation rend compte de la politique en Afrique en termes
    de passage de la tradition à la modernité, la tradition renvoyant au sacré, à
    limportance de la religion, des liens de solidarités primaires, alors que la
    modernité est considérée comme renvoyant à la sécularisation, au progrès, à la
    solidarité organique. Dans cette perspective, les partis politiques africains sont
    considérés comme un instrument central de la modernisation. Selon Apter:
         « In the area of political modernization, no single role is of
    greater importance than that of party politician. This is because political parties are
    themselves historically so closely associated with modernization of Western societies and
    in various forms (reformist, revolutionary, nationalist), have become the instruments of
    modernization in the developing areas » (Apter, 1965: 179). 
        En effet, les partis politiques ont un impact significatif sur la
    modernisation: « the employement of all the mass media during political campaigns, the
    use of journalists, cartoonists, pooster-makers, and pamphleteers, also helps to identify
    political action with modernity and to stress the instrumental role of party activity in
    change and innovation. Similarly, the registration of voterscomplation of list, and
    appointment of polling officers
all encourage the identification of the mechanics of
    politics with a modern culture » (Apter, 1965 : 183). Par ailleurs, et sur la base de ces
    mêmes postulats, il construit la thèse de lomni fonctionnalisme des partis
    africains. Il relève que les partis de masse ont développé de nombreuses fonctions
    touchant à la justice, à ladministration, la police, léducation et la
    sécurité sociale, en plus des fonctions électorales et parlementaires traditionnelles.
    Sil sagit dun parti dopposition à un régime colonial, cela
    signifie que le parti constitue un Etat parallèle. Sil sagit dun parti
    au pouvoir, cela peut signifier que sestompe la distinction entre le parti et
    lEtat (Apter 1965 : 182-191).
        Partant ensuite de la distinction des caractéristiques des partis
    politiques, c'est-à-dire des partis comme variable intervenante (intervening),
    dépendante et indépendante, il considère que les partis africains sont davantage des
    variables indépendantes dans la mesure où la société et le Gouvernement sont
    dépendants de lorganisation du parti, des décisions des leaders de partis et dans
    la mesure où la plateforme du parti simpose à la société (Apter, 1965 :
    181-182). 
    
    d - Huntington (1968) : parti, institution de stabilisation de lordre politique
        Lanalyse que Huntington (1968 : 397-433) fait des partis
    politiques dans les pays en voie de modernisation sinscrit en droite ligne de la
    problématique construite sur lordre politique. En effet, selon cet auteur, « Just
    as economic development depend in some measure, on the relationship between investment and
    consumption, political order (as a goal not as reality) depends in part on the
    relationship between the development of political institutions and the mobilization of new
    social forces into politics » (Huntington, 1968 : vii)
        Cest dans cette perspective que les partis sont considérés
    comme des institutions de stabilisation de lordre politique. Il existe une relation
    causale entre participation politique, institutionnalisation et stabilité politique.
    Ainsi, les sociétés ayant créé un large spectre dinstitutions capables de
    prendre en charge le passage de la culture de sujétion à la culture de participation
    politique sont susceptibles dêtre stables ; les sociétés où la participation
    politique excède linstitutionnalisation sont instables tandis que les sociétés
    où il existe un équilibre entre un haut degré de participation et
    dinstitutionnalisation sont véritablement stables. Ces systèmes politiques sont à
    la fois politiquement modernes et politiquement développés, parce quils ont des
    institutions capables dabsorber dans le système les nouvelles forces sociales et le
    développement de la participation produit par la modernisation. Dès lors, la stabilité
    future dune société avec un faible niveau de participation politique dépend dans
    une large mesure de la nature des institutions politiques avec lesquels elle fait face à
    la modernisation. Or, les principales institutions politiques pour organiser
    lexpansion de la participation politique sont les partis politiques et le système
    de partis. Doù cette loi : « a society which develops reasonably well organized
    political parties while the level of political participation is still relatively
    low(
.) is likely to have a less destabilizing expansion of political participation
    than a society where parties are organized later in the process of modernization »
    (Huntington, 1968 : 398).
        Huntington (1968 : 407) postule ainsi une relation causale entre parti
    institutionnalisé et stabilité, en dautres termes, les coups dEtat (ici
    synonyme dinstabilité) sont plus fréquents dans les sociétés nayant pas au
    moins un parti fortement institutionnalisé. Cest ainsi que chiffres en main, il
    montre que ce qui importe pour la stabilité dun ordre politique est moins le nombre
    de partis politiques que leur degré dinstitutionnalisation. Ainsi, les coups
    dEtat sont plus fréquents dans les Etats sans partis que nimporte où
    ailleurs (Huntington, 1968 : 407). Bien plus, « in modernizing states, one-party systems
    tend to be more stable than pluralistic party systems. Modernizing states with multiparty
    systems are, for instance, much more prone to military intervention than modernizing
    states with one party, with dominant party, or with two parties » (Huntington, 1968 :
    422).
        Ce qui caractérise les travaux de ces auteurs de la première
    génération, cest de voir comment les partis africains tendent à contribuer à la
    construction de lEtat moderne. La seconde génération des auteurs sur les partis
    africains se résume pour lessentiel à mesurer linfluence des partis sur le
    processus de démocratisation. Doù la mobilisation du concept
    dinstitutionnalisation. La littérature sur la transition et la consolidation
    démocratique postule une relation daffinité entre le degré
    dinstitutionnalisation des partis et des systèmes de partis et la consolidation
    démocratique. Cest ce postulat que les auteurs de la seconde génération essayent
    de vérifier en Afrique depuis le retour au multipartisme.
    
    e - Kuenzi et Lambright (2005) : système de partis et consolidation démocratique
        En sinterrogeant sur la relation entre les systèmes de
    partis et la consolidation démocratique dans trente pays africains, ils parviennent à la
    conclusion que : « both stability, in terms of the stability of parties roots in
    society, and competition, in terms of the number of parties, have a positive association
    with democracy in african countries » Kuenzi et Lambright (2005 : 424). En effet, ils
    montrent comment la stabilité du système de parti, mesurée à partir de lâge
    moyen des partis, et la compétitivité du système de partis, mesurée à partir du
    nombre de partis politiquement pertinents, ils formulent trois hypothèses. La première
    postule une relation causale positive entre volatilité législative et democracy en
    Afrique ; la seconde postule une relation positive entre nombre de partis et démocratie,
    et la troisième postule une affinité entre âge des partis et démocratie en Afrique. En
    dautres termes, les pays avec les plus vieux partis tendent à être plus
    démocratiques que ceux ayant des partis politiques plus jeunes (Kuenzi et Lambright, 2005
    : 426-427).
        Le principal défaut de cette étude cest que les auteurs situent
    leurs analyses à un niveau dabstraction et à un nombre de cas si élevé que
    seules des études moins larges peuvent permettre de tester la pertinence et la robustesse
    de leurs hypothèses. Cest la perspective adoptée par Creevey et al (2005). 
        Creevey et al (2005) dans la même perspective, montrent le rôle
    majeur que les partis politiques ont joués dans les transitions démocratiques réussies
    et divergent à léchelle du Bénin et du Sénégal. Au Bénin, les partis et les
    leaders politiques se sont appuyés sur les clivages ethno régionaux pour formuler leur
    interaction stratégique, mobiliser le soutien électoral et organiser des élections
    compétitives. Au Sénégal par contre, le parti dominant (Parti Socialiste) au pouvoir
    depuis les années 1970, a réussi, par un ajustement progressif des institutions
    politiques à se maintenir au pouvoir, en permettant par ailleurs à une opposition faible
    et fragmenté de participer à la compétition électorale. Cette stratégie sur le long
    terme a affaibli le contrôle du parti dominant, car à partir des années 1990, chaque
    reforme affaiblissait ce dernier en renforçant lopposition au point où la rotation
    est devenue possible en 2000 et 2001 avec larrivée au pouvoir dun parti
    dopposition et qui est en passe de devenir, à son tour, parti dominant.
        Le principal intérêt de ce travail réside dans le fait quil
    met en exergue le fait que quelque soit la trajectoire suivie par les régimes politiques
    africains, les partis politiques y jouent un rôle central dans le processus de
    démocratisation. Contrairement au doute souvent plus sceptique que méthodique sur leur
    sérieux. La contribution de Randall et Svasand (2002) est dune tout autre nature.
    
    f - Randall et Svasand (2002) : le concept dinstitutionnalisation14 et
    linstitutionnalisation des partis dans le Tiers-monde 
        Lanalyse de Randall et Svasand (2002) part dun
    constat. Le rôle des partis dans la démocratisation est aujourdhui incontestable.
    Cest ainsi que de nombreux critères sont pris en compte pour mesurer cet impact :
    le nombre idéal de partis, le degré de polarisation idéologique, les mérites des
    différents systèmes de parti, mais surtout linstitutionnalisation. Or, ce dernier
    critère fait problème dans la mesure où lunanimité sur son importance
    nemporte pas une clarté sur le contenu du concept et ses implications dune
    part, et son application au contexte du tiers monde, dautre part. Randall et Svasand
    (2002) passent dabord en revue les différentes conceptions de
    linstitutionnalisation dans la littérature pour en relever les faiblesses et les
    contradictions, avant de proposer une conception originale ; Ensuite, ils
    opérationnalisent leur modèle aux partis politiques du tiers monde.
        Pour Huntington, « institutionalization is the process by which
    organisations and procedures acquire value and stability ». Suivant cette perspective, la
    mesure de linstitutionnalisation suppose la prise en compte de quatre critères: Ce
    processus comprend quatre dimensions: ladaptabilité, la complexité,
    lautonomie et la cohérence. Concentrant son analyse aux seuls partis politiques,
    Panebianco, estime quant à lui que linstitutionnalisation est le processus par
    lequel les institutions se solidifient ; c'est-à-dire le processus par lequel les
    organisations perdent lentement leurs caractères doutils pour acquérir une valeur
    propre, intrinsèque, dans et par lui-même, ses objectifs deviennent inséparables et
    indistincts de cette valeur. De cette façon, sa présentation et sa survie deviennent un
    « but » pour le plus grand nombre de ses supporters. Pour mesurer
    linstitutionnalisation dans cette perspective, deux critères sont nécessaires : le
    degré dautonomie vis à vis de son environnement et la « systémicité »
    (systemness) des différents secteurs internes. Pour Janda par contre,
    linstitutionnalisation est conçue comme lun des différents aspects des
    relations du parti avec lextérieur plutôt que comme une caractéristique interne
    du parti. Pour lui, un parti institutionnalisé est celui qui est « réifié dans
    lesprit du public » autrement dit, il prend en compte la façon dont le parti est
    perçu par la société (Randall et Svasand, 2002 : 10-11). 
        Le problème majeur auquel se trouve confronté la littérature sur
    linstitutionnalisation en général et linstitutionnalisation des partis
    politiques en particulier, comme le relève Randall et Svasand (2002), cest celui de
    labsence de consensus sur les dimensions précis du phénomène et la nature des
    relations entre ces divers éléments. En dautres termes, les éléments qui
    caractérisent linstitutionnalisation sont-ils des causes ou des pré-requis ?
    Cest dans cette perspective quils proposent une approche originale de
    linstitutionnalisation des partis politiques sappuyant sur une distinction
    préalable entre institutions et organisations. Ainsi, « Organizations are not
    necessarily institutions, and vice versa. Organization, to variable extends
    and over time, are transformed into institutions
Political parties are
    organizations, however rudimentary, set up more or less intentionally and with some kind
    of formal rules and objectives. But the process through which they become
    institutionalised is not identical with the partys development in purely
    organisational terms. Rather we suggest that institutionalization should be understood as
    the process by which the party becomes established in terms both of integrated patterns of
    behaviour and of attitudes, or culture. We suggest further that it is helpful to
    distinguish between internal and externally related aspects of this process. Internal
    aspect refers to developments within the party itself; external aspects have to do with
    the party relationship with the society, in which it is embedded, including others
    institutions. Within each of these aspects there will be a structural and attitudinal
    componement, yielding a simple, four-cell matrix. Using this framework we suggest a model
    of the central elements or dimensions of party institutionalization (systemness, value
    infusion, decisional autonomy and reification) » (Randall et Svasand, 2002: 12-13).
        Il résulte de ce nouveau modèle, que linstitutionnalisation,
    c'est-à-dire le processus par lequel le parti sétablit comme institution comprend
    quatre variables fondamentales : la « systémicité » (concept quils préfèrent
    à celui plus rigide dorganisation), la « value infusion », lautonomie
    décisionnelle et la réification (Randall et Sysand, 2002 : 14). Dans cette perspective,
    plus un parti est institutionnalisé plus il est susceptible de sadapter et de
    survivre. Ici, ladaptation est conçue davantage comme une conséquence que comme
    une caractéristique de linstitutionnalisation. Comme Huntington (1968), Randall et
    Svasand ne postulent pas lirréversibilité de linstitutionnalisation. En
    effet, « although institutionalization in terms of the four variables will increase the
    partys prospects for survival, it is certainly no guarantee against regression or
    de-institutionalization » (2002: 15). Ainsi à titre dillustration, dans le cadre
    des transitions démocratiques, la désinstitutionalisation des anciens partis dominants
    est souvent le corollaire de linstitutionnalisation des nouveaux partis.
        Le second apport de Randall et Svasand (2002) réside dans
    lopérationnalisation de ce modèle aux partis du tiers monde. Il sagit ici du
    tiers monde homogénéisé à partir de certaines caractéristiques communes : extrême
    pauvreté, dépendance économique, analphabétisme, identification religieuse et ethnique
    très forte, etc. Appliqué au tiers monde, ils proposent des indicateurs pour mesurer le
    degré dinstitutionnalisation des partis. Le degré de systémicité doit être
    mesuré à partir de quatre indicateurs, à savoir lorigine des partis, ses
    ressources, le type de leadership, le factionnalisme et le clientélisme. La « value
    infusion » dépend de la relation du parti à son support populaire et à limpact
    du clientélisme. Lautonomie décisionnelle doit être mesurée en fonction du
    sponsoring externe apporté au parti. Autrement dit, laide financière venue de pays
    étrangers doit être prise en compte pour mesurer linstitutionnalisation dun
    parti quant à son autonomie décisionnelle. Enfin, la réification dépend de la
    capacité du parti à imposer et à revendiquer avec succès des symboles et des valeurs
    quil représente.
        Lapport de Randall et Svasand (2002) est doute la contribution la
    plus significative dans létablissement dune théorie générale des partis au
    sens que préconise Sartori (2003), c'est-à-dire une théorie de
    linstitutionnalisation qui transcende les aires culturelles.
    
b - Lapproche inductive ou par
    les modèles
    
        Comme ailleurs, létude des partis africains a donné lieu à de
    nombreuses typologies. Celles-ci se fondent sur une multitude de critères,
    géographiques, structurels, idéologiques temporels, modes dexercice du pouvoir,
    etc. Deux principales typologies doivent être envisagés : une relative aux partis
    uniques et une autre relative aux systèmes multipartites. En 1960, Coleman proposait de
    distinguer la typologie des partis uniques et partis pluralistes.
    
    1 - Hodgkin (1971) : le critère géographique de classification des partis
        Il utilise un critère géographique pour distinguer les partis
    africains. Sur cette base, il identifie cinq types de partis, le parti interterritorial,
    le parti territorial, le parti régional, le parti ethnique et le parti nain. (Cité par
    Bayart, 1970 : 685).
        Les partis inter-territoriaux sont ceux qui transcendent les
    frontières dun seul Etat. Lexemple emblématique est le R.D.A. Les partis
    territoriaux sont ceux qui ont pour champ daction un territoire donné, colonial ou
    indépendant, et sa population. les partis régionaux ou ethniques, parfois dénommés «
    tribaux » dont la limite dinfluence ne dépasse pas une région donnée ou une
    communauté spécifique, du fait des liens historiques, culturels, religieux, de
    parentés, ou dun mélange de ceux-ci. Les partis-nains, enfin sont ceux réduits
    aux habitants dune localité.
    
    2 - Morgenthau (1998): la distinction partis de masse /partis de patron
        La typologie de Schafer-Morgenthau sinspire ouvertement de
    celle de Duverger (1976). La distinction se fonde sur les différences au niveau de
    lorganisation locale, du nombre dadhérents, de la structure, des finances et
    de lorganisation hiérarchique (
) la principale distinction entre parti de
    masse et parti de cadres nest pas liée à lorigine sociale de ceux qui
    aspirent à gouverner le pays, ni la taille des organisations locales » (Morgenthau (1998
    : 370). Elle sétablit sur la base des réponses données à deux questions :
    quelles sont les relations entre les dirigeants nationaux et le reste de la population ?
    Sur quels groupes et avec quelles idées et structures ont-ils construit leur parti ? De
    ces postulats, elle montre que : « la plupart des partis de masses naquirent après la
    guerre ou furent issus des conférences anticoloniales » tandis que les partis de cadres
    regroupaient quant à eux « lélite urbaine davant guerre qui occupait les
    plus hauts postes auxquels pouvaient prétendre des africains dans le système colonial,
    et les chefs officiels conscients du fait que la présence des européens leur assurait
    une situation privilégiée » (Morgenthau, 1998 : 376-377). Par ailleurs, les partis de
    cadres, à direction collégiale, étaient généralement financés par ces notables sur
    leurs propres fonds ou par les dons extérieurs. Les autorités françaises les
    subsidiaient souvent sous forme de facilité de transport, dhébergement,
    dimpression de tracts et de journaux, et en leur offrant laccès aux moyens
    officiels de communication ». En outre, ils sintéressaient presque exclusivement
    à ceux qui ont un droit de vote, présentent des candidats aux élections et mobilisent
    pour le vote.
        Par contre, « les Partis de masse ont joué un rôle révolutionnaire
    dans la mesure où ils proposèrent de substituer leur organisation aux institutions de
    lEtat, ou le firent effectivement pendant un certain temps
pendant quelque
    temps, la population considéra que la légitimité des partis de masse était beaucoup
    plus grande que celle des institutions juridiques conçu à Paris. Par conséquent,
    lorsque les partis de masse acceptèrent de fonctionner au moins partiellement, dans le
    cadre des institutions daprès-guerre, ce furent les partis qui légitimèrent
    celle-ci et non pas linverse » (Morgenthau, 1998 : 375) ; Ces partis pouvaient
    être qualifiés des partis dintégration sociale dans la mesure où ils ne
    sintéressaient pas seulement à leurs succès électoraux, mais aussi à tous les
    aspects de la vie de lindividu de la naissance à la mort.
        Le principal mérite de cette typologie cest davoir réussi
    à saisir les clivages sociaux qui traversent la société politique des Etats
    dAfrique noire francophone. Ce quelle labellise « équation ethnique et
    sociale » lui permet de mettre en exergue lopposition entre traditionalistes et
    modernistes, évolués et non évolués. Plutôt que de sarrêter à la structure
    des partis, elle prend en compte un substrat ou un invariant fondamental, les clivages
    fondamentaux dalors. De ce point de vue, la critique de Lavroff (1978 : 78-79) et de
    Schwartzenberg (1998 : 427-428) qui consiste à dire que les conditions sociologiques,
    économiques et historiques sont trop dissemblables entre lAfrique et lEurope
    pour que le critère structurel de Duverger soit mobilisé ne semble pas fondée. 
    
    3 - Coleman et Rosberg (1966) : Partis révolutionnaires-centralisateurs et partis
    pragmatiques-révolutionnaires 
        Coleman et Rosberg (1966) ont établi une typologie binaire des
    partis africains en sappuyant sur des critères plus idéologiques que structurels.
        Dun coté se trouvent les partis «
    révolutionnaires-centralisateurs » (Ghana, Mali, Guinée). Ils se caractérisent,
    dabord, par une attention constante aux problèmes idéologiques, de manière à
    modifier profondément la société. Notamment, ils sont animés par une volonté de
    transformation planifiée de la situation économique de lAfrique noire et par une
    politique panafricaine. Ils se caractérisent ensuite par une organisation monolithique et
    fortement centralisée. Ils sefforcent dintégrer les autres organisations et
    de fondre les structures du parti et celles de lEtat. 
        De lautre, se trouvent les partis « pragmatiques-pluralistes »
    (Sénégal, Cote dIvoire, Cameroun). Ils sont moins préoccupés par les questions
    idéologiques et sont moins portés aux transformations radicales. Ils saccommodent
    de la persistance dans la société de structures sociales et économiques anciennes. Sur
    le plan de lorganisation, ils sont peu structurés et peu hiérarchisés. Ils
    encadrent et mobilisent moins fortement la population. Ils pratiquent un pluralisme
    contrôlé qui laisse une certaine autonomie aux autres groupes sociaux.
        Cette typologie présente plusieurs mérites. Comme le relève Lavroff
    (1978 : 83), cette classification des partis politiques africains est intéressante car,
    « elle a le grand mérite de dépasser la simple analyse organique pour faire intervenir
    lélément très important quest lidéologie. Elle permet de ne pas
    limiter létude des partis politiques à des groupes homogènes que ceux-ci
    constituent et de considérer les partis comme un élément de lensemble du système
    politique dans lequel des groupes et des structures de nature variée interagissent ».
    Cependant, la prise en compte du critère idéologique pose problème, car elle semble
    démesurée par rapport à la vie réelle de ces partis. En effet, comme le montre à
    juste titre Sylla (1977 : 243), « les dirigeants des partis uniques africains prônent
    souvent des idéologies comme pour cacher la réalité de leurs partis, idéologies
    auxquelles les masses incultes ne comprennent rien et qui voilent les modes réels
    dexercice du pouvoir. Le pragmatisme politique a beaucoup plus dirigé les leaders
    africains que les idéologies 
quils utilisent très souvent comme façades à
    la réalité du pouvoir ».
    
    4 - Van de Walle et Smiddy Kimberly (2000) : la distinction ex-partis uniques/partis
    historiques/nouveaux partis
        Ces deux auteurs ont quant à eux procédé à une typologie
    sommaire qui sappuie sur un critère essentiellement temporel, prenant en compte
    lempan de vie des partis africains à partir des années 1990. Ils distinguent ainsi
    les ex-partis uniques, les partis historiques et les nouveaux partis.
        Les « ex-partis uniques » sont ceux qui ont fait la transition du
    régime de parti unique au multipartisme et qui continuent de jouer un rôle actif dans la
    plupart des régimes multipartites actuels en tant que partis au pouvoir ou partis
    dopposition loyale. Les « partis historiques » renvoient aux organisations qui ont
    existé pendant plusieurs décennies, mais qui étaient en grande partie en sommeil ou
    même éteintes et qui émergent à nouveaux grâce à la transition des années 1990. Par
    ailleurs, ce sont des partis qui ont participé à la compétition pour le pouvoir pendant
    les premières années de lindépendance avant que leurs dirigeants soient cooptés,
    exilés et/ou mis hors la loi par le parti unique. Les « nouveaux partis » quant à eux
    renvoient aux organisations qui ont émergé pratiquement « sui generis », pendant ou
    juste avant la transition pour participer à la compétition pour le pouvoir. Ces nouveaux
    partis proviennent de la société civile.
        Cette typologie présente de nombreuses limites. Dabord sur la
    terminologie utilisée : les termes « ex partis uniques », « partis historiques » ou
    « nouveaux partis », sont des expressions mobilisées par les acteurs politiques
    eux-mêmes soit pour se qualifier, soit pour qualifier leur adversaires et qui traduisent
    souvent des luttes de positionnement dans le champ politique. Les reprendre dans une
    typologie savante semble peu judicieux. Ensuite, la pertinence théorique du modèle
    proposée est discutable. La catégorie « ex partis unique » par exemple, rigoureusement
    entendu, nest pas homogène. Tous les partis uniques ne se ressemblent pas, encore
    moins les ex partis uniques (Sylla, 1977 ; Gonidec et Tran Van Minh, 1980 : 326). La
    catégorie « partis historiques », est sujette à caution. Objectivement, même les ex
    partis uniques sont des partis historiques, si on prend en compte la durabilité de ces
    derniers sur la scène politique africaine. La catégorie « nouveaux partis » semble
    ignorer le continuum qui caractérise les partis africains depuis les années quarante.
    Les nouveaux partis daujourdhui ne sont pas que le reflet de nouveaux enjeux,
    mais ils sont aussi la résurgence des anciens clivages mis sous boisseau par le système
    de parti unique. Enfin, le critère temporel utilisé ne prend en compte ni
    lidéologie ni la structure des partis africains. Ce faisant, cette typologie ne
    rend pas compte de la complexité des partis africains. Elle colle de trop près aux
    typologies de sens commun, ce faisant la critique formulée par (Koole, 1996 : 517) à
    propos de la terminologie utilisée par Katz et Mair (1995) peut être appliquée ici.
        Sur les soixante ans dexistence du phénomène partisan en
    Afrique près de vingt cinq ans se sont limité au phénomène de parti unique, qui a
    donné lieu à de nombreuses typologies. En effet, « Tous les partis uniques ne sauraient
    être confondus dans une seule et même catégorie
 » (Gonidec et al, 1980 :
    326-333).
    
    5 - Sylla lanciné (1977) : la distinction parti unique composite à direction
    collégiale/parti unique centralisateur à direction populaire/ parti unique
    atomiste à direction personnelle
        La typologie de Sylla (1977 : 240-250) prend appui sur un critère
    spécifique, les modes dexercice du pouvoir à lintérieur des partis uniques.
    Sur cette base, il distingue trois types de parti unique : le parti unique composite à
    direction collégiale, le parti unique centralisateur à direction populaire, et le parti
    unique atomiste à direction personnelle.
        Le parti unique composite à direction collégiale désigne tous les
    partis uniques constitués par coalition, fusion ou amalgame de deux ou plusieurs partis
    de forces à peu près égales et dans lesquels le pouvoir reste entre les mains des
    principaux leaders des différentes factions, clans et tendances personnelles qui ont
    présidé à la formation du parti unique. Cest le parti dit « unifié ». Ici, on
    note la primauté de lEtat sur le parti, comme par exemple lUPS au Sénégal.
    Le parti unique centralisateur à direction populaire est celui qui se réclame et
    applique les principes du « centralisme démocratique ». Le parti est centralisé, mais
    il procède à la désignation de ses dirigeants par les procédés démocratiques des
    élections. Le parti de ce type est marqué par une discipline des militants très
    poussée par opposition au premier type miné par les factions. Ici, il y a une confusion
    entre Etat et parti, avec primauté du second sur le premier. Lexemple type est le
    PDG étudié par Charles (1962). Le parti unique atomiste à direction personnelle est
    celui où les différents organes du parti, les militants et les individus entretiennent
    des relations personnelles avec le « chef du parti-chef de lEtat-président de la
    République » et dépendent directement des décisions prises par lui. Ici, les
    antagonismes entre les clans, les tendances et les factions, clientèles et groupes
    ethniques à lintérieur du parti et la dépendance de tous à légard du chef
    renforcent la structure du parti et le pouvoir personnel de son fondateur. Lexemple
    type est le PDCI. De parti de masse avant les indépendances, il est devenu parti de
    patrons après, avant de devenir le parti « dun seul patron » (Sylla, 1977 ).
        Le principal mérite de cette typologie est quelle permet de
    distinguer les types des partis africains après les indépendances. Les autres typologies
    pêchent souvent par la confusion quils ont entre partis multiples et partis
    uniques, notamment parce quau moment où ils sont élaborées, le parti unique
    nest pas encore un fait établi. Il propose ainsi un processus de développement du
    modèle de parti unique africain. Toutefois, lévolutionnisme qui sous-tend cette
    typologie en relativise la valeur scientifique. (Sylla, 1977) part du postulat que les
    partis uniques africains évoluent tous dun type précis, le parti unique composite
    à direction collégiale, vers des types subsidiaires, le parti unique centralisateur à
    direction populaire dabord, et le parti unique atomiste à direction personnelle
    enfin, étant son apogée. Faisant ainsi lhypothèse de la pérennité des partis
    uniques. Le retour au multipartisme a montré les limites de ces prédictions.
    
    6 - Gonidec et Van thran Minh (1980 : 326-333) : la distinction parti progressiste ou
    révolutionnaire/parti réformiste ou conservateur
        Sur la base de critères essentiellement idéologiques, ils
    distinguent trois sortes de partis uniques. En premier lieu, les partis communistes dont
    lobjectif est de passer dune formation sociale complexe, où le mode de
    production dominant est capitaliste à une formation sociale dans laquelle le capitalisme
    cède la place au mode de production socialiste et où apparaissent des institutions
    différentes de celles qui existent dans les démocraties dites libérales. En second
    lieu, les partis uniques réformistes quant à eux « cherchent non pas à détruire
    lordre social issu des siècles où de décennies de domination, mais de lui
    apporter un certain nombre de modifications qui ne mettent pas en cause sa nature. En
    dernier lieu, les partis uniques conservateurs se caractérisent par le fait dêtre
    voués à la consolidation de lordre établi, sans que des changements notables,
    dans le sens du progrès puisse être portés à leur crédit, « Le parti émet la
    prétention de sidentifier à lEtat et à la nation en voie de formation. Par
    suite, ceux qui ny adhèrent pas ne sont pas considérés comme des rivaux
    politiques mais des ennemis » (Gonidec et Van Thran Minh, 1980 : 332).
        Les typologies des partis uniques proposées par ces deux auteurs
    mettent en exergue le fait que tous les partis uniques ne sauraient être confondus dans
    une seule et même catégorie. 
        Au total, cette revue des différentes typologies permet de montrer que
    les partis africains comme les partis politiques ailleurs ont été soumis aux mêmes
    instruments danalyse que ces derniers. Ce qui apparaît clairement cest la
    tentative qui est faite de procéder au rapprochement des partis politiques africains avec
    ceux dailleurs. 
    
    C - Lapproche des choix rationnels
    
        Autant lapproche structuro-fonctionnaliste prend en compte les
    effets des facteurs sociologiques, institutionnels et de la compétition politique dans ce
    quils ont de mécanique, parce quils sont conçus comme des contraintes,
    autant lapproche des choix rationnels met laccent sur la façon dont ces
    facteurs sont manipulés par des acteurs rationnels et égoïstes préoccupés uniquement
    par leurs intérêts.
    
    1 - Basedau Matthias et al. (2007) : lapproche néo institutionnaliste des
    partis interdits
        Basedeau, Bogaards et al. (2007) partent dune problématique
    négligée dans létude des partis africains, celle des partis interdits. En effet,
    « ethnic, religious, and regional parties are illegal in large number of African state...
    (they) would not be allow to register as a party and compete in election in many African
    democracies today
While, democratization is normally equated with multi-party
    parties, in Africa frequently explicit exception are made for parties based on clan,
    community, ethnicity, faith, gender, language, region, race sect and tribe » (Basedeau et
    al., 2007 : 617-618).
        En partant de cette problématique, ils se proposent de comprendre
    comment linterdiction des partis ethniques dans des pays où la politisation de
    lethnicité et les conflits ethniques sont nombreux. Pour ce faire, ces auteurs
    inscrivent cette problématique dans le paradigme institutionnaliste et plus précisément
    dans le néo institutionnalisme. Dans cette perspective, ils formulent lhypothèse
    que les partis interdits, en tant que variable indépendante, apparaissent dans la plupart
    des cas, comme une forme dingénierie politique, un instrument dans la prévention
    et la gestion des conflits ethniques. En tant que variable dépendante, le désir
    légitime des décideurs de prévenir les conflits ethniques doit être tempéré par le
    fait que les intérêts égoïstes ne doivent pas être négligés, encore moins
    limpact de la dépendance de sentier et des conjonctures critiques quant à
    linstitutionnalisation du phénomène. (Basedeau et al., 2007 : 622-623).
        Le principal mérite de cette approche est de traiter
    linterdiction des partis ethniques des partis en Afrique non comme une pathologie,
    mais comme un fait social banal. Les problèmes auxquels on se trouve confronté avec
    cette analyse sont de deux ordres : premièrement, il y a une surestimation de la force
    contraignante du droit positif. Certes, la norme légale exerce une contrainte sur la
    façon dont les acteurs perçoivent les partis politiques. Cependant, lintérêt
    manifeste défendu par un parti peut en cacher un autre. En Afrique, la plupart des partis
    sont ethniques (au sens large). Ici, les clivages sont avant tout de nature
    ethno-régionale et religieuse. Doù la pertinence de la typologie proposée par
    Diamond et Gunther (2003) qui prennent en compte ces substrats sociaux, car, même
    sil ny a pas une ratification juridique de ces clivages, pour des raisons
    objectives et subjectives, elles nen sont pas moins déterminantes dans la vie
    partisane en Afrique. Deuxièmement, le finalisme soutenant lensemble de cette
    recherche en relativise la valeur scientifique. Comme le relèvent les auteurs eux-mêmes,
    « the project intended to collect reliable and scientific evidence about the effects of
    the institution of party ban that might assist law-makers and political engineers in their
    attempts to influence institutional change ». « Derrière les plus belles proclamations
    idéologiques on retrouve toujours la défense dintérêts dune catégorie
    sociale : classes, fractions de classes ou alliance de classes, communauté religieuse ou
    ethnique, voire société locale. Inversement, tout conflit inspiré par les conditions
    les plus matérielles se traduit toujours en termes culturels. Porté par un mouvement, le
    projet politique dun parti sert à intégrer la défense des intérêts dune
    catégorie sociale dans une conception globale dun intérêt général » (Seiler,
    1986 : 107).
    
    2 - Mozaffar, Scarritt et Galaich (2003) : lanalyse stratégique des clivages
    ethnopolitiques et des institutions électorales
       Lapproche la plus originale dans cette problématique en termes de
    système est celle de Mozaffar et al. (2003). En partant de deux variables classiques dans
    létude des partis et systèmes de partis, Mozaffar et al. (2003) montrent comment
    les institutions électorales et les clivages ethnopolitiques structurent de manière
    stratégique les comportements et les attentes des acteurs politiques, électeurs et
    candidats. Le principal mérite de cette analyse réside dans lintroduction de
    lanalyse stratégique là où en général lanalyse culturaliste est
    privilégiée. Notamment parce quils considèrent que les institutions électorales,
    mais surtout les clivages ethnopolitiques sont un palliatif au déficit
    dinformations dans les sociétés politiques africaines. Doù la conclusion,
    à première vue paradoxale, que la multiplicité des groupes ethniques est à la base des
    systèmes de parti dominant en Afrique15. Cependant, cette étude souffre de deux limites.
    En premier lieu, comme le note justement Brambor, Clarck et Golder (2007), la conclusion
    au caractère exceptionnel des systèmes de partis africains, parce quils ne
    répondraient pas de la même façon quailleurs aux facteurs institutionnels et
    sociologiques, résulte dune interprétation erronée de leur modèle.16 En second
    lieu, outre la complexité du modèle quils utilisent et qui par ailleurs ne
    sappui sur aucun travail empirique, la question en fond reste celle du lien postulé
    entre partis et démocratie.
    
    3 - Patterson et Fadiga-Stewart (2005) : les limites de lanalyse stratégique
    des institutions électorales
        Matthijs Bogaards (2004), a montré que les partis dominants
    dominent lAfrique subsaharienne, sans toutefois proposer une explication de ce
    phénomène. Cest dans cette perspective que Patterson et Fadiga-Stewart (2005)
    tentent dexpliquer comment des règles électorales différentes peuvent produire
    relativement le même résultat, à savoir lhégémonie dun parti sur les
    autres, quelque soit la nature démocratique ou semi autoritaire du système politique
    concerné, ou mieux encore, si la source de la dominance en Afrique est partout la même.
    Ces questions partent dun constat pertinent: « 
the nations of Africa employ a
    distinct variety of electoral rules in their respective legislative elections. This
    variety includes nations like Botswana, Malawi, and Cameroon, which employ different type
    of plurality rules, the first two being single  member district plurality systems
    and Cameroon employing multi-member district plurality rule. It also includes countries
    which employ majority formulas (Mali), a variety of proportional representation formulas
    (Burkina Faso and Namibia), and countries which conduct elections under some mixed-member
    formulas (Senegal and Lesotho in 2002).What is interesting about the variety of electoral
    rules employed in Africa is not only that they do not quite operate in the expected
    Duvergian fashion with respect to effective number of electoral and parliamentary parties
    they produce but also that, with respect to aggregate outcomes, they tend to produce
    similar party-system pattern across the various nations of the continent » (Patterson et
    Fadiga-Stewart, 2005 : 2-3) 
        Pour répondre à ces questions, ils proposent de prendre en compte à
    la fois des données holistes et individualistes, c'est-à-dire communes et propres à
    chacun des pays. Suivant cette approche, deux variables doivent être retenues, les
    institutions électorales du pays concerné, mais aussi et surtout les groupes
    politiquement pertinents. Autrement dit, il convient dexaminer « 
each
    countrys electoral institutions to assess how they related to the politically
    relevant groups in that country that are used by dominant parties to maintain their
    electoral status » (Patterson et Fadiga-Stewart, 2005 : 10). En effet, ces deux
    éléments permettent de comprendre que ce qui importe cest nest pas seulement
    la fragmentation des différents groupes, mais aussi la façon dont ces derniers sont
    concentrés ou non dans un pays. Car la stratégie des partis dominants est conditionnée
    par ces paramètres. 
        Lanalyse de Patterson et Fadiga-Stewart (2005) présente
    plusieurs mérites. En premier lieu, il relativise leffet mécanique des lois
    électorales que postulait Duverger (1976 : 291). En Afrique, ce critère à lui tout seul
    ne permet absolument pas de comprendre la dominance des partis dominants, qui constitue un
    phénomène politique majeur de la vie politique des sociétés africaines17. En second
    lieu, ils montrent que les partis dominants en Afrique développent et sappuient sur
    des stratégies différentes pour réaliser leur hégémonie électorale. Ce faisant, ils
    rompent avec une certaine homogénéisation des partis dominants africains ; tous les
    partis dominants ne se ressemblent pas et existent aussi bien dans des systèmes
    démocratiques (Afrique du Sud) que dans des systèmes semi autoritaires.
        Cependant, cette analyse connaît quelques limites. Elle sappuie
    uniquement sur les données de LAfro Barometer, comme source principale. Par
    ailleurs, la systématisation des ressemblances et des différences des partis dominants,
    à léchelle du continent, à partir de deux variables seulement pose problème,
    dans la mesure où il conviendrait daller au delà des institutions électorales et
    des groupes politiquement importants, pour prendre en compte les facteurs historiques,
    économiques par exemple. Cette perspective plus riche est celle suivie par Ishiyama et
    Quinn (2006) pour expliquer les trajectoires électorales diverses des ex partis uniques
    en Afrique. 
    
    4 - Ishiyama et Quinn (2006) : lapproche compétitive du succès électoral des
    ex partis uniques
        Ishiyama et Quinn (2006) se posent la question des facteurs
    explicatifs de la variabilité du succès électoral des ex-partis uniques en Afrique. En
    dautres termes, pourquoi certains anciens partis connaissent un succès électoral
    éclatant et dautres pas. En partant de lexpérience de 22 pays africains, ils
    parviennent à la conclusion que lhéritage de lancien régime, le temps mis
    par ces derniers au pouvoir et le degré de fractionalisation ethnolinguistique, sont les
    facteurs déterminants. Deux principales hypothèses sont formulées pour expliquer le
    succès proprement dit. La première a trait aux facteurs internes. Ici, le succès des
    partis dominants résulterait de ladaptation organisationnelle de ces derniers à
    lenvironnement compétitif des années 1990. La seconde renvoie aux facteurs
    externes, en dautres termes, le succès des partis dominants en Afrique
    sexplique par les caractéristiques de lenvironnement. 
        Le principal mérite de cette analyse outre son caractère pionnier,
    cest davoir transféré dans le champ africain le résultat des recherches
    menées sur les anciens partis dominants de lEurope de lEst post communiste.
    Ce faisant, Ishiyama et Quinn (2006) rattachent létude des partis africains à
    celle de lEurope. Si cette contribution permet un gain de connaissance théorique
    sur les partis dominants, il reste toutefois que les connaissances empiriques lui font
    largement défaut. 
        Ce qui uni les explications universalistes des partis africains,
    cest de considérer dans une perspective évolutionniste que, même sils ne
    sont pas tous comme des partis dailleurs, ils finiront par lêtre, le modèle
    de parti occidental étant pris comme lhorizon indépassable. Doù la
    mobilisation des mêmes paradigmes pour les étudier. A cette approche soppose une
    analyse relativiste des partis africains. 
    
    C - Lexplication relativiste des partis africains
    
        De manière paradoxale, étudier les partis africains dans le cadre de
    lEtat colonial et dans le cadre de lEtat post colonial de la deuxième
    génération est celui qui pose le plus problème. Si avant la tendance était aux
    recherches des similitudes partis africains/partis occidentaux, lavènement de
    lEtat post colonial de la deuxième génération marqué par un retour au pluralisme
    a donné lieu à des études en termes de déviance des partis africains par rapport aux
    partis occidentaux.
    
    1 - Schachter-Morgenthau (1998) ou la sociogenèse des partis nationalistes en Afrique
    francophone
        Schachter-Morgenthau (1998) formule la problématique de la
    genèse des partis africains de la première génération, c'est-à-dire de la période
    nationaliste, celle des « pères fondateurs ». La thèse quelle défend est claire
    : « La phase des partis nationalistes, dans lhistoire politique africaine, révèle
    limportance des racines démocratiques indigènes. Lexistence des partis, dans
    lère nationaliste, apporte la preuve empirique que le dégagement du consensus
    national est possible. Les événements ultérieurs ne peuvent effacer les faits, ni la
    promesse induite dun nouvel essor des traditions démocratiques engendrés par
    lAfrique elle-même. Il y a des précédents africains dinstitutions basées
    sur la loi, lexercice des droits à participer et à exprimer son désaccord, à
    sorganiser et à concourir pour le pouvoir, à voter pour changer léquipe au
    pouvoir » (Schachter-Morgenthau, 1998 : XXV).
        Dans cette contribution majeure, elle met en exergue les conditions
    spécifiques dans lesquelles les partis africains naissent. Prenant au sérieux la
    temporalité particulière des sociétés africaines dexpression française, elle
    dégage lhistoricité propre des partis africains. En effet, dans cette perspective,
    le développement des partis politiques dans tous les Etats dAfrique de lOuest
    Francophone (AOF) sest effectué autour de deux enjeux : la lutte anticoloniale et
    la modernisation. La lutte anticoloniale peut se résumer dans ce slogan « Devenez
    maître chez vous ! ». Cette lutte qui oppose Européens et Africains dissimule un
    conflit entre africains eux-mêmes. Dun coté les « modernisateurs » qui adhérent
    au principe de légalité sociale, et de lautre, les « traditionalistes »
    qui croient aux distinctions sociales fondées sur lhérédité. Cest elle qui
    donnera naissance à la distinction partis de masses/partis de cadres. En effet, le combat
    « nationaliste » obligea tous les africains à prendre position sur la problématique de
    l« allégeance ». Cest dans cette perspective que lon peut comprendre
    que « la plupart des partis de masses naquirent après la guerre ou furent issus des
    conférences anticoloniales », tandis que les partis de cadres regroupaient quant à eux
    « lélite urbaine davant guerre qui occupait les plus hauts postes auxquels
    pouvaient prétendre des africains dans le système colonial, et les chefs officiels
    conscients du fait que la présence des européens leur assurait une situation
    privilégiée » (Schachter-Morgenthau, 1998 : pp. 376-377). Ce faisant,
    Shacher-Morgenthau met en exergue la place centrale que les partis politiques occupent
    dans la vie politique des sociétés africaines bien avant lavènement des Etats
    autonomes et indépendants. Cest dans cette perspective quelle relève que :
    « Les partis étaient parmi les plus anciennes institutions politiques existant sur le
    plan national ; entièrement africanisés bien avant les gouvernements et les services
    administratifs, dont certains ne le sont pas encore totalement, les partis se
    développèrent en fonction des particularismes africains, car ils étaient devenus, par
    la force des choses, les représentants des principales forces de lensemble de la
    société. Les institutions gouvernementales, en revanche furent établies sur le modèle
    métropolitain car, cétait lune des conditions au retrait de la France »
    (Schachter-Morgenthau, 1998 : 364).
        Lun des mérites de cette analyse cest de montrer
    limplantation réussie des partis politiques en Afrique. Elle montre par ailleurs
    quon ne peut pas expliquer la structuration des partis politiques africains sans
    remonter loin dans lhistoire, sans analyser ses conditions fondatrices et sans
    prendre en compte les processus précurseurs dorganisation territoriale, de
    décolonisation, de construction des Etats et de gestion des ressources de pouvoir. Dans
    une large mesure, elle montre que ce sont les partis politiques de la première
    génération qui ont conféré leur légitimité à linstitution étatique
    elle-même. Cette position est à lexacte opposée de celle défendue par Bertrand
    Badie
    
    2 - Badie (1992 : 177-220) ou la thèse du décrochage par rapport au modèle
        Selon Badie, les partis africains, produit de limportation,
    sécartent substantiellement du modèle de parti occidental. Cela pour deux raisons
    principales. Dabord en tant que produit de limportation, ils sont une pale
    copie et sont dépendants. Ensuite parce quils sont dysfonctionnels au regard des
    partis occidentaux.
        Sur le premier point en effet, les « symboles, structures, programmes
    et idéologies de ces partis ont été appris et véhiculés par les premiers députés
    africains siégeant au Palais Bourbon, (
) et simposent comme des décalques
    des partis de gauches français
la rupture se faisait ainsi dans limitation »
    (Badie, 1992 :179). Par ailleurs, « cette logique où se combinent rupture et imitation
    est porteuse de dysfonctions » (Badie, 1992 : 182). En effet, dans la perspective de
    Badie, une fois arrivés au pouvoir, ces partis tentent de pérenniser une identité
    essentiellement liée à la lutte contre létranger tout en tenant un discours et
    des pratiques très largement inspirés de lextérieur. Ce qui renforce la
    distanciation entre les partis politiques et la population. La principale conséquence qui
    en découle toujours selon cet auteur, cest leffondrement des ressources
    partisanes de mobilisation, les rendant de plus en plus tributaires des soutiens
    extérieurs. « Ce nest pas, relève-t-il, le moindre paradoxe de ces partis de
    rupture que dêtre devenus ainsi, par leur incapacité croissante à renouveler et
    à adopter leurs fonctions, une cause indirecte mais particulièrement riche, de
    lapprofondissement des relations de dépendance » (Badie, 1992 : 183-184).
        Sur le deuxième point, les partis africains sont dysfonctionnels par
    rapport aux partis occidentaux. Cette thèse sappuie sur lanalyse de deux
    fonctions : la fonction de communication politique et le rôle institutionnel des partis
    africains. La fonction de communication politique, celle qui permet la liaison entre
    gouvernants et gouvernés est faible, notamment parce que contrairement aux relations
    horizontales des sociétés politiques occidentales, cest lusage des réseaux
    sociaux verticaux, traditionnels, qui est privilégié ici. En plus, la centralisation des
    partis africains pose problème en ce quelle affecte le patronage politique. La
    conséquence de la faible réalisation politique est que les partis africains deviennent
    des « éléments de communication diplomatique et internationale » (p. 185). Quant au
    rôle institutionnel des partis africains, il est inversé : « les fonctions du parti
    unique sappauvrissent avec la durée, la part de spécificité sétiolant peu
    à peu par rapport à lEtat », « 
limportation du modèle pluraliste a
    ainsi conduit à générer des accomplissements fonctionnels en total contradiction avec
    les caractéristiques originelles du produit importé, consolidant lautoritarisme au
    lieu de le défaire, faisant du parti non un instrument de dispersion du pouvoir, mais au
    contraire daggravation de sa concentration » (Badie, 1992 : 185-188).
        Le principal mérite de Badie, cest de relativiser
    lexplication universaliste en ce quelle a dévolutionniste. En outre, il
    montre que les partis africains ont généré des fonctions spécifiques, autres que
    celles des partis ailleurs. Toutefois, cette analyse souffre de labsolutisation de
    lécart entre le modèle de parti occidental, représentation simplifiée de la
    réalité et les partis africains, objets singuliers et concrets. En effet, le lien de
    plus en plus faible entre les organisations partisanes et la population nest pas une
    spécificité africaine. Comme le montre Katz et Mair (1996 : 18) en partant de
    lexpérience occidentale, de représentants, les partis sont devenus tour à tour
    des représentants de la société face à lEtat, de courtiers concurrents entre la
    société civile et lEtat, pour devenir de nos jours des agents de lEtat. La
    collusion entre les partis africains et lEtat, et corrélativement la distance entre
    les partis et la population, est une tendance lourde quon observe même en occident.
    Par ailleurs, lanalyse de Badie doit être relativisée en ce quelle fuit un
    extrême pour un autre. En remettant en cause le caractère évolutionniste des
    explications développementalistes, qui estiment que les partis africains vont tous vers
    le modèle occidental, Badie tombe dans un autre extrême, celui qui consiste à soutenir
    que ceux-ci iront en séloignant du modèle occidental. Doù la pertinence de
    la problématique du juste milieu de Sindjoun (2002b). En effet, pour une étude sereine,
    il convient de prendre au sérieux lévolution et les changements qui affectent les
    institutions (Lewis et Steinmo, 2007 : 18 ; March, 1991 : 87-109 ; Axelrod, 1986), sans
    toutefois préjuger du sens de cette évolution ou de ce changement. 
        Lanalyse de Nicolas Van De Walle (2004 : 105-128) sinscrit
    dans la même perspective. En sinscrivant dans lanalyse des systèmes de
    partis plutôt que des partis per se, il parvient à la conclusion que la nature « non
    libérale » des démocraties dans la région, la centralisation du pouvoir autour de la
    présidence et la nature clientéliste des systèmes politiques africains sont les
    facteurs déterminants la nature des systèmes de partis et, par ricochet celui des partis
    africains. Le mérite de son approche cest de montrer que la nature du régime et du
    système politique influence la configuration des partis au même titre que le
    clientélisme. Le problème de son analyse cest labsolutisation de
    lapproche culturaliste qui insiste uniquement sur les spécificités qui seraient
    propres aux partis africains dune part, et la forte propension à évaluer les
    systèmes de partis africains à laune des critères « démocratiques » quà
    les prendre pour ce quils sont, des institutions ordinaires, dautre part.
    Lapproche qui sera la notre est celle préconisée par Michael Walzer, à savoir un
    « universalisme de contiguïté ». Autrement dit, plutôt que de rechercher la
    spécificité ou luniversalité des partis dominants africains à tout prix, nous
    montreront quune analyse heuristiquement payante est celle qui considère les partis
    africains comme une « chose » dont on peut déterminer à la fois la spécificité et la
    banalité.
    
    3 - La thèse de labsence ou de la faiblesse de lidéologie
        Sur la question centrale de lidéologie, lunanimité
    semble faite sur labsence de projets de société et didéologie
    (Buijtenhuijs, 1994 ; Vaziri, 1990 ; Konings, 2004 : 5). En partant des textes officiels,
    des manifestes et des programmes électoraux, ces auteurs concluent très souvent que les
    partis africains nauraient pas didéologie. Cette hypothèse souffre de deux
    limites. Premièrement elle na de sens que par rapport à un « ailleurs »
    idéalisé. Autrement dit, la plupart des auteurs qui réfléchissent sur les partis
    africains, de manière consciente ou non, considèrent que les partis occidentaux ont tous
    des projets de sociétés. Or, à lobservation, tous les partis politiques ne
    disposent pas dun Adam Smith ou dun Karl Marx pour nourrir leurs programmes.
    Les « machines » américaines que Jean Blondel (2003 : 255) qualifie de parti « décor
    » et Forza Italia de Berlusconi en sont des exemples illustratifs. Deuxièmement, il ne
    suffit pas de faire lexégèse des programmes électoraux et textes officiels pour
    trouver lidéologie dun parti politique. Certes, il est généralement admis
    que cette dimension nest que la face publique dun parti, ce que le parti dit
    quil fera. Ce faisant, ils confondent doctrine et idéologie alors même que la
    doctrine nest quune partie de lidéologie. Comme le note justement Alan
    Ware (1996: 21): « A partys doctrines are not the same as its programmes or
    manifestos, though usually these latter will be fair guide to what its doctrine are.
    Furthermore, doctrines are not the only components of party ideology; its ideology
    embraces its ethos as well as its doctrines. Examining a partys doctrines and ethos
    enables us to explain what it will try to do when in government or when it is in a
    position to influence government policy; examining that partys programmes alone may
    well give us a limited understanding of how it will behave ».
    Au surplus, comme le relève à juste titre Seiler, « derrière les plus belles
    proclamations idéologiques on retrouve toujours la défense dintérêts dune
    catégorie sociale (...) Inversement tout conflit inspiré par les conditions les plus
    matérielles se traduit toujours en termes culturels. Porté par un mouvement, le projet
    politique dun parti sert à intégrer la défense des intérêts dune
    catégorie sociale dans une conception globale dun intérêt général » (Seiler,
    1986 :107). 
    
    Conclusion 
    
    Il ressort de lanalyse qui précède que létude des partis politiques
    africains est quantitativement faible par rapport aux partis politiques dailleurs -
    et par rapport à dautres objets comme lEtat africain et la Démocratisation
    en Afrique  et se trouve confronté sur le plan qualitatif à de nombreux problèmes
    théoriques dont trois apparaissent déterminantes :
        léquation parti politique égale démocratie. Dans le
    cadre de cette problématique pauvre, les partis ne sont jamais étudiés per se. Ici, il
    est très souvent question de répondre à la question devenue routinière de savoir si,
    les partis uniques dhier et les partis dominants daujourdhui sont des
    facteurs ou des pesanteurs aux processus de démocratisation. Cette posture dans la
    littérature dominante est la conséquence dun autre travers, celle de
    lanalyse top down.
        lanalyse top down est un raisonnement qui consiste à
    évaluer le fonctionnement dune organisation, ses éventuels transformations, mais
    surtout ses dysfonctionnements, ses blocages, en tenant compte de la finalité et de
    lobjectif quelle est censée viser (Abélès, 1995 : 74 ; DiMaggio et Powell,
    1997 : 128). Or cette vision des choses correspond très souvent à limage des
    institutions telle quelle est proposée par ses propres élites, une image statique.
    Dans cette perspective, les critiques formulées a lencontre des pères fondateurs
    de lanalyse des partis (Seiler, 1986 : chap. 1) peuvent être valablement
    reconduites ici : posture idéologique - croyance dogmatique en la légitimité de la
    démocratie (Almond, 1997), fétichisme des résultats électoraux à lexclusion de
    données sur lorganisation et le fonctionnement concret des partis. Lanalyse
    top down des partis africains trouve un champ fertile dans le choix, non moins
    critiquable, dun niveau danalyse systémique tendant à
    lhomogénéisation des partis africains. 
        Le niveau danalyse. En effet, la prédilection pour les
    comparaisons larges intégrant un très grand pays présente de nombreux écueils. Le
    principal risque ici cest de procéder à une généralisation abusive des
    résultats des études menées à léchelle du continent au niveau des pays
    particuliers. Autrement dit, il existe un risque à postuler que les résultats vrais pour
    les partis politiques africains en général, le sont aussi pour chaque parti pris
    individuellement. Les controverses Mozaffar et al. (2003) et Brambor et al. (2007)
    dune part et Mozaffar et Scarritt (2005) et Bogaards (2008) dautre part,
    illustrent de façon significative les limites de cette approche. Il sagit de ce que
    Gazibo (2002 : 441) a labellisé de « tentation de lillère ». En effet, le
    chercheur qui sengage dans une comparaison transnationale large est souvent tenté
    de combler le déficit de familiarité ou de données sur un des cas en se laissant guider
    par le cas ou par les données les mieux maîtrisées. Or, il semble quil existe
    dimportantes différences entre les pays africains. Doù lintérêt de
    procéder à une analyse de la formation, du développement, de lorganisation et du
    fonctionnement des partis spécifiques. Car en effet, « 
il nexiste en fait
    aucune analyse approfondie des partis spécifiques comme sils étaient si mal
    organisés quils ne sauraient faire lobjet dune étude » (Carbone, 2006
    : 22). Pourtant, cette étape apparaît comme un préalable nécessaire à toute analyse
    sérieuse, visant à rechercher les affinités et les différences quil y aurait
    entre les partis africains et entre les partis africains et les partis dailleurs.
    
    Notes
    1. Pour une présentation détaillée de lhistoricité des partis politiques, cf.
    Sartori (1976 : chap.1) ; Seiler (1986 : chap. 2)
    2. Pour une présentation exhaustive des définitions, cf. Charlot (1971 : 46-54)
    3. Cet apport sera abordé dans le cadre de lapproche inductive.
    4. Même Ostrogorski (1979 : 171-172) rejette la pertinence de ce dualisme : « la
    théorie du dualisme naturel de lesprit humain
selon laquelle lespèce
    humaine se partage naturellement suivant deux tendances, la tendance à maintenir les
    choses telles quelles sont, et la tendance à les changer, doù il suivrait
    quil doit y avoir et quil y aura toujours deux partis permanents. Sans doute,
    chaque problème est susceptible dêtre envisagé dans deux sens opposés, les uns
    soutenant le pour les autres le contre. Mais est-il naturel que les mêmes personnes
    prennent toujours, en toutes choses, les unes la négative, les autres laffirmative
    ? ».
    5. Souligné par lauteur.
    6. Souligné par lauteur
    7. Souligné par nous.
    8. Pour une critique globale de lapproche des choix rationnels cf. Green et Shapiro
    (1995 : 96-130).
    9. Seiler (1986, 2000, 2001) 
    10. Ici, les termes indépendance et démocratie sont utilisés sous réserves des
    connotations, notamment leurs caractères réels ou fictifs. Ils sont utilisés parce que
    même si on admet quil sagit de pure fiction, ils peuvent produire des effets
    de réalité, et de ce fait devenir une contrainte et/ou une ressource pour les acteurs
    aussi bien locaux quinternationaux.
    11. Huntington « the distinctive problem of the later modernizing countries is that they
    confront simultaneously the problems which the early modernizers faced sequentially over
    fairly long historical periods » (Huntington, 1968 : 399).
    12. La situation actuelle en Mauritanie renforce la validité de cette hypothèse. En
    effet, si en Occident, la compétition politique a évolué séquentiellement, dune
    compétition politique brutale à une compétition politique parlementaire, en Afrique par
    contre, les deux formes de compétition politique évoluent simultanément. En nous
    inscrivant dans la perspective de Durkheim (1987), élections et coup dEtat sont les
    deux formes normales de conquête du pouvoir politique en Afrique. Etudier le paradigme de
    la compétition politique en Afrique, en prenant pour variables fondamentales à la fois
    les élections et les coups dEtat, peut permettre de sortir de lhégémonie du
    paradigme démocratique, et permettre de combler le gap qui existe entre la littérature
    consacrée à la démocratisation et celle consacrée à la violence en Afrique. Non pas
    dans le sens dun passage progressif de lun vers lautre, mais plutôt
    dans le sens de la mise en exergue de la simultanéité des deux.
    13. Il suffit de relever la place centrale que les partis politiques occupent dans les
    différents événements politiques en Afrique pour cette année 2008 : lANC a
    réussi à renvoyer le Président Sud Africain ; au Zimbabwe, ce sont les partis
    politiques qui sont les principaux vecteurs de la crise actuelle. Autrement dit, les
    partis africains jouent un rôle fondamental dans les processus politiques en cours.
    14. Pour une discussion dordre général du concept dinstitutionnalisation,
    cf. Chevallier (1996 : 17-26), 
    15. Erdman et Basedau (2007) et Erdmann (2007) sintéressent à la même
    problématique de la dominance au niveau des systèmes de parti africain. 
    16. Brambor et al. (2007) en partant des mêmes données que Mozaffar et al (2003) sont
    parvenus à des résultats contraires. 
    17. En Afrique en général, et au Cameroun en particulier, un débat existe sur la
    question de la loi électorale. Le succès du RDPC, par exemple, serait la conséquence
    dun système électoral sur mesure. Or, lexpérience des autres pays telle que
    mise en exergue par ces deux auteurs montre que ce qui importe le plus cest moins le
    système électoral lui-même que la façon dont il est instrumentalisé et conjugué à
    dautres facteurs très nombreux. Autrement dit, même en modifiant la loi
    électorale dans le sens voulu par lopposition, le RDPC pourrait conserver son
    hégémonie.
    
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