CONTESTATION DE L’ETAT ET ATTESTATION D’UNE IDENTITE
SPATIALE DANS LE CAMEROUN MERIDIONAL FORESTIER

 

par Patrice BIGOMBE LOGO

GRAP
Université de Yaouné II

RESUME

Le temps de la libéralisation politique est dominé au Cameroun Méridional Forestier par la remise en cause de l'impérialisme étatique sur la gestion des ressources forestières. Cette dynamique de la contestation de la gestion autoritaire de l'espace forestier cristallise progressivement la logique d'appropriation de cet espace et participe à la construction concomitante d'une identité spatiale. S'identifiant à la forêt considérée comme leur propriété naturelle, les populations riveraines dénoncent la braderie forestière et exigent une juste répartition des fruits de l'exploitation forestière. Les élites politiques locales utilisent ces revendications populaires comme fonds de commerce pour leur positionnement social ou leur ascension politique. L'enjeu identitaire autour de la rente forestière est fondamentalement politique.

INTRODUCTION GENERALE

L'Etat est le cadre spatial privilégié au sein duquel coexistent et s'affrontent le Pouvoir et la Liberté,les gouvernants et les gouvernés. Il ne saurait être envisagé comme une donnée abstraite et absolue; il doit être perçu comme une catégorie historique et contingente de l'organisation humaine. En Afrique Noire, l'Etat a une essence coloniale. C'est un pur produit de la colonisation occidentale. Au Cameroun, il doit être appréhendé dans le sillage du modèle étatique jacobin, autoritaire et centralisateur. En tant que modèle d'organisation et de gestion de l'espace social ayant une assise territoriale, une configuration humaine et un pouvoir souverain, il s'affirme davantage comme un système de domination politique basé sur le monopole de la violence légitime . Dans son expression quotidienne, il développe une logique de totalisation de l'espace social,de pénétration politique, c'est-à-dire de l'exportation de l'autorité du pouvoir central dans les périphéries sectorielles et géographiques et d'imposition de la discipline politique, de la réalisation hégémonique. Ici,l'Etat contrôle tout: tout dans et pour l'Etat; rien en dehors. Cette dynamique de domination de l'Etat post-colonial s'est manifestée dans tous les domaines de la vie sociale y compris dans la gestion des ressources forestières. L'Etat tout-régenteur a monopolisé les circuits et les réseaux d'exploitation des ressources reléguant les populations au rôle de simples figurants. Il s'est progressivement établi le mythe de l'Etat forestier, maîtrisant et contrôlant tout le processus de gestion des ressources forestières. L'Etat forestier est un Etat autoritaire. Il néantise la participation des populations à la gestion des ressources forestières, plus particulièrement au bénéfice de l'exploitation des ressources forestières. Il est resté inébranlable sous l'Etat post-colonial de la première génération c'est-à-dire de l'indépendance du pays, le 1er Janvier 1960, à l'irruption de l'ouverture démocratique dans les années 90. Il se nourrissait de tous les produits de l'autoritarisme et ne souffrait d'aucune remise en cause formelle. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. L'Etat forestier est fortement contesté dans la zone forestière Camerounaise. Le temps de la libéralisation politique est fortement marqué ici par une remise en cause de l'ordre politico-juridique. La réception locale du mouvement de libération impose une dynamique de remodelage des rapports entre l'Etat et les groupes sociaux périphériques dans la dynamique de gestion des ressources forestières. Le champ politico-discursif national est dominé par des mouvements de délégitimation du contrôle étatique et d'appropriation des ressources forestières. Aucune période de l'histoire socio-économique du Cameroun indépendant n'a été marquée par une si intense mobilisation pour le contrôle de la gestion des ressources forestières que cette fin du XXème siècle. En effet, depuis 1960, le contrôle de la gestion des forêts n'a jamais été au centre de tant de discussions, de débats et de luttes . Pourtant l'espace forestier Camerounais est ancien. Il a une histoire qui se perd dans la nuit des temps, une histoire riche en péripéties et en événements. Cette mobilisation est compréhensible dans la mesure où la forêt Camerounaise est devenue un réel enjeu de survie, à la fois pour les populations, l'Etat que les opérateurs économiques: un enjeu culturel, social, politique , économique, stratégique. L'or vert est convoité de toute part. Pour l'Etat et les opérateurs économiques, ce regain d'intérêt se justifie par la rentabilité financière de l'exploitation de la rente forestière. Le bois, contrairement aux autres matières premières, n'a pas connu de baisse de ses cours; bien au contraire, l'exploitation du bois d'oeuvre a connu un essor récemment stimulé par la dévaluation du franc CFA. Pour les populations, il faut nécessairement bénéficier des retombées de l'exploitation forestière. Dans le contexte actuel de crise économique, la filière-bois apparaît comme l'un des meilleurs moyens de lutte contre la crise, à la fois pour les populations, l'Etat et les opérateurs économiques. Les différents acteurs s'investissent dans la promotion et la défense de leurs intérêts. L'Etat s'impose comme propriétaire et gestionnaire exclusif des ressources forestières. Derrière lui les exploitants forestiers, les alliances prébendières et les élites prédatrices accumulent des richesses au grand détriment des populations qui croupissent dans la pauvreté et le dénuement. A la faveur du processus de libéralisation politique marqué par une affirmation plus ou moins contrôlée des libertés , une dynamique d'institutionnalisation de la compétition politique, d'expression des entrepreneurs politiques et de participation relative à la gestion des affaires publiques, les populations ont rompu le silence entretenu depuis l'époque coloniale et sous l'Etat post-colonial de la première génération à tropisme jacobin et autoritaire. Elles ne vivent plus la braderie de la ressource forestière en victimes résignées. Au Cameroun Méridional forestier qui recouvre de manière globale les provinces du Centre, du Sud et de l'Est, on observe depuis 1990, une réelle mobilisation des populations contre les logiques étatiques de gestion des ressources forestières. Pourquoi une si grande mobilisation pour la défense de leurs intérêts dans le processus de gestion des ressources forestières ? Pourquoi aujourd'hui et non hier ? Comment les populations manifestent-elles leur désenchantement? Quels sont les retombées et les effets réels de ces mouvements de lutte et de revendication ? Y a-t-il une dynamique de construction d'une identité spatiale au Cameroun Méridional Forestier? Comment se construit-elle? Quels en sont les acteurs et les enjeux réels?

Ainsi posée, la problématique de notre réflexion impose l'établissement d'un diagnostic. Il importe de bien cerner les mobiles et les déterminants du positionnement populaire. Dans cette perspective à la fois objectivante, le recours à l'histoire s'avère incontournable. Mais cette lecture doit être étoffée par une analyse dialectique et anthropo-réflexive des processus ainsi déployés. En fait, les luttes en cours sont une tentative courageuse des remise en question des logiques anciennes et permanentes de marginalisation des ruraux dans la gestion des ressources forestières. L'intensification de la contestation de la gestion autoritaire de l'espace forestier et des ressources y afférentes crée progressivement une dynamique d'appropriation de l'espace forestier et de construction d'une identité spatiale dont le renforcement et l'instrumentalisation par les seigneurs identitaires locaux permettraient de poser, avec sérénité et détermination la question de plus en plus préoccupante de la décentralisation de la gestion forestière.

I - SOCIOLOGIE HISTORIQUE DE LA MARGINALISATION DES POPULATIONS FORESTIERES DANS LA GESTION DES RESSOURCES FORESTIERES

La situation des communautés rurales dans la gestion des ressources forestières au Cameroun n'a pas fondamentalement changé depuis la colonisation. Jusqu'ici leurs intérêts ne sont pas pris en compte dans la dynamique de gestion des ressources forestières. Ce processus de marginalisation des populations de la gestion forestière est largement entretenu par l'Etat qui entend préserver ses pleins pouvoirs dans la gestion des forêts. Il participe aussi de la corruption des élites locales, des leaders paysans et des autorités administratives devenus complices de la braderie forestière au détriment des populations abandonnées à elles-mêmes.

A - Historicité de la marginalisation des populations forestières de la gestion des ressources forestières

La marginalisation des populations de la gestion forestière date de la colonisation plus particulièrement de la colonisation Française. Certes, les colons Allemands avaient posé les bases d'une politique de gestion forestière, mais elle a été systématisée par les Français qui donnaient une importance particulière au problème du contrôle de l'espace. Cette logique d'exclusion des populations du processus de gestion de l'espace n'a pas été abandonnée par les régimes successifs qui ont gouverné le Cameroun depuis l'indépendance.

1- La logique coloniale de la marginalisation des populations dans la gestion des ressources forestières

Pour s'en tenir à la colonisation Française, le régime forestier Camerounais a été organisé par le décret du 03 Mai 1946 largement inspiré de son devancier du 04 Juillet 1935 . Légèrement modifié par la loi n°58-24 du 06 mars 1958, notamment l'article 28, ce décret de 1946 est resté en application jusqu'à l'indépendance du pays en 1960. Ces textes disposent clairement que les forêts sont prioritairement la propriété de l'Etat. Par conséquent il se réserve le droit d'organiser leur classement et leur gestion globale. Ainsi diverses catégories de forêts vont être définies : les forêts classées, les forêts protégées, les périmètres de reboisement, les forêts des particuliers et des collectivités .

Les forêts classées constituant le domaine forestier classé forment la première catégorie des forêts domaniales. Ce sont des forêts réservées, c'est-à-dire, soumises à un régime spécial restrictif concernant les droits d'usage et les exploitations .

Les forêts protégées constituant le domaine forestier protégé sont les forêts domaniales qui n'ont pas encore fait l'objet de quelque classement.

Les périmètres de reboisement sont les parties de terrain nu ou insuffisamment boisé comprenant les versants montagneux, les dunes du littoral, les terrains d'éboulement potentiel.

Toutes ces catégories constituent le domaine forestier de l'Etat. Mais il est également prévu les forêts des particuliers et des collectivités. Il est dit que les particuliers et les collectivités qui possèdent des forêts y exercent leur droits; mais ne peuvent les défricher qu'un vertu d'une autorisation administrative. Cette autorisation est de droit sous réserve de certaines mesures de sauvegarde. S'il en est porté atteinte, l'autorité administrative peut mettre en demeure les propriétaires de rétablir en nature les zones défrichées et, en cas de défaillance y procéder par elle-même aux frais des propriétaires. Même dans les espaces forestiers sur lesquels sont reconnus les droits des populations, l'Etat dispose des pouvoirs lui permettant en tout temps de déposséder les propriétaires ou de restreindre leur droit de jouissance.

Initiée et développée sous la colonisation, cette logique de marginalisation des populations de la gestion des ressources forestières a continué sous l'Etat post-colonial.

2 - La permanence de la marginalisation des populations forestières de la gestion des ressources forestières

Après l'indépendance, le législateur Camerounais a également très tôt marqué son intérêt pour la question des forêts . Par son ordonnance n° 61-0F-14 du 16 novembre 1961, il fixait le régime forestier sur le territoire du Cameroun Oriental. De manière successive, d'autres textes vont intervenir, soit pour compléter les uns ou abroger les autres. La dernière loi votée par le législateur est la loi n° 94/01 du 20 Janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche complétée par le décret n°95/531 du 23 Août 1995 fixant les modalités d'application du régime des forêts. En l'espace de trente-cinq ans, le législateur est intervenu cinq fois en matière forestière, soit une moyenne d'une intervention tous les sept ans . La législation en vigueur prend-t-elle en compte les intérêts des populations dans la gestion forestière ?

Cela n'est pas évident. Une lecture approfondie du droit forestier positif Camerounais actuel montre que les populations demeurent encore marginalisées de la gestion forestière. Certes la loi de 1994 prévoit l'existence des forêts communautaires et des forêts des particuliers; mais les modalités de leur gestion et de leur exploitation demeurent ambiguës et largement contrôlées par l'Administration forestière. La reconnaissance formelle des droits des populations est limitée par les pouvoirs de contrôle de l'Etat.

Au sens de la loi de 1994, les forêts des particuliers sont des forêts plantées par des personnes physiques ou morales et assises sur leur domaine acquis conformément à la législation et à la réglementation en vigueur . Qui plus est le particulier qui veut exploiter sa forêt est tenu d'en aviser au préalable le service local de l'administration chargée des forêts. Elle peut suspendre cette exploitation lorsqu'elle est de nature à porter atteinte à l'environnement, sans préjudice de la mise en oeuvre de la procédure d'expropriation . Ainsi la forêt naturelle, dont l'Etat s'attribue seul la propriété est considérée comme un patrimoine national ne pouvant faire l'objet d'une appropriation collective. La propriété de la terre est admise; mais pas celle de la forêt. Or, comment peut-on disposer de la terre sans la forêt? Pourquoi faire du reboisement, en zone équatoriale , une condition d'appropriation de la forêt ? Nolens volens, les populations sont convaincues que la forêt naturelle leur appartient de plein droit.

Sur le plan collectif, la propriété forestière effective est quasi inexistante.Certes la loi prévoit expressément la création des forêts communautaires; mais elle ne constitue pas la propriété des communautés villageoises, mais des dépendances du domaine national gérées sous le contrôle de l'Etat, lequel peut à tout moment suspendre l'exécution de toute activité d'exploitation, en cas de non respect par la communauté des prescriptions du plan de gestion.

La loi de 1994 prévoit aussi que les populations riveraines peuvent être associées à la mise en oeuvre de certaines activités de développement du secteur forestier;mais il s'agit d'une simple faculté qui ne limite en rien les pouvoirs exorbitants de l'Etat dans la gestion forestière . En généralisant la condition de l'aménagement forestier dans la législation en vigueur, l'Etat garde un droit de regard dans la façon dont doit être gérée la forêt dans son ensemble. Les populations restent par conséquent les simples usagers de la forêt. Pour la satisfaction de leurs besoins, elles peuvent utiliser les produits issus de la forêt. Mais, l'exercice de ces droits d'usage peut aussi être suspendu par voie d'expropriation pour cause d'utilité publique lorsqu'il est reconnu incompatible avec les objectifs assignés à la forêt . De toute évidence, les usages coutumiers sont limités à l'auto-consommation, donc sans portée économique réelle, strictement réglementés et en cela précaires.

L'autre site de marginalisation des populations de la gestion forestière concerne la délivrance des titres d'exploitation et le bénéfice des retombées de l'exploitation forestière. Il résulte de la loi de 1994 que la délivrance des titres d'exploitation relève de la compétence exclusive des autorités administratives. Les populations riveraines sont exclues du processus d'octroi des titres d'exploitation. Elles n'ont donc pas la possibilité d'appréhender la nature réelle ou l'étendue des droits concédés aux Exploitants Forestiers. Pourtant, leur participation à la prise de la décision, à la rigueur leur simple information, permettrait de mieux contrôler le respect des engagements des forestiers.

Quant aux retombées de l'exploitation forestière sur le développement des populations, elles sont résiduelles et précaires. Pourtant, les populations au sens de la législation en vigueur doivent prétendre à une partie des revenus provenant de la vente du bois, particulièrement de la taxe d'abattage.

Les oeuvres sociales à réaliser (routes, écoles, dispensaires, terrains de jeux, etc) sont déterminées dans les cahiers de charges et le montant de la redevance forestière est ainsi répartie : 50 % à l'Etat et 50 % aux Communes dont 10 % aux communautés villageoises riveraines de la zone forestière exploitée. Mais, toutes ces dispositions ne sont pas appliquées. Les cahiers de charges ne sont pas respectés par les entrepreneurs forestiers. Nantis de leurs titres d'exploitation, ils n'ont de compte à rendre qu'à l'Etat et pas aux populations. La réalité est là : les populations forestières ne tirent aucun profit durable de l'exploitation de "leur forêt". Une véritable injustice.

L'historicité de la marginalisation des populations de la gestion forestière révèle que celles-ci ne sont pas fondamentalement prises en compte dans le processus de gestion forestière. Phénomène ancien parce que remontant à la période coloniale, il est toujours entretenu dans la législation forestière Camerounaise actuelle. Elle est renforcée par la gestion autoritaire des espaces forestiers, la manipulation des élites, le dénuement et l'inorganisation des populations.

B - Sociologie de la marginalisation des populations dans la gestion des ressources forestières

Il est inadmissible que l'Etat reste le propriétaire attitré de la forêt. Il la gère de manière autonome avec la complicité des élites, de la bourgeoisie nationale compradore et des réseaux endogènes et exogènes de prédation de la rente forestière. A cela s'ajoutent le dénuement, l'ignorance et la faible organisation des populations.

1- La logique étatique de gestion autoritaire des espaces forestiers

Dans le domaine de la gestion des forêts, l'Etat n'entend pas partager son pouvoir. En vertu de son droit régalien, il s'arroge la propriété de la forêt. Il est jaloux de son autorité et de sa souveraineté. C'est la traduction factuelle du paradigme étatique jacobin, centralisateur et tout-régenteur. Il dispose à la fois des prérogatives de propriétaire, de protecteur, de gestionnaire des ressources. Ce monopole se traduit par une double action de dépossession et de répression des populations. La dépossession est manifeste dans la législation qui fait de l'Etat le propriétaire de tout. Elle confère à la Etat le rôle d'encadrement permanent et omniprésent. C'est lui qui détient la forêt et c'est encore lui qui s'en réserve l'usage. C'est aussi lui qui réprime les infractions et les entraves aux normes qu'il édicte. Toute la machine répressive est déployée par l'Etat. Dans la plupart des conflits qui l'opposent aux populations, il est à la fois juge et partie. L'Administration forestière est plus une administration d'interdiction et de répression qu'une administration de développement. Elle développe une certaine logique conservationniste vis-à-vis des populations et pas des exploitants forestiers qui circulent librement et mènent leurs activités de production sous la bénédiction des autorités. L'Administration forestière soutient que l'utilisation de la forêt par les populations est une menace à la préservation de la biodiversité. Ensuite que l'utilisation des produits forestiers par les populations est une situation nuisible à la régénération forestière. Il y a donc une négation manifeste de la capacité des populations à gérer convenablement et durablement la forêt. La prise en main de toutes les activités liées à la gestion et à l'exploitation forestière par le seul Etat réduit les populations à un rôle passif et contemplateur.

Par ailleurs, l'exploitation forestière produit de l'argent. Or, actuellement, l'Etat a besoin des moyens financiers pour faire face à la crise économique. La rente forestière est le moyen approprié pour accroître le recettes budgétaires de plus en plus maigres. Les cours mondiaux du pétrole, du cacao et du café ayant baissé, les recettes forestières permettent à l'Etat de juguler les problèmes de trésorerie. De 36,3 milliards en 1984/85, les recettes forestières sont passées à 53,42 milliards en 1993. Le secteur bois représente aujourd'hui près de 6 % du produit industriel. De 4 % de la valeur totale des exportations en 1984/85, la part du bois est passée à 15 % en 1992/93. L'Etat voudrait le plus bénéficier des recettes liées à l'exploitation forestière.

Au-delà de la main-mise permanente de l'Etat sur la gestion des ressources forestières, l'un des déterminants majeurs de la marginalisation des ruraux est la corruption des élites locales et l'inorganisation stratégique des populations.

2 - La corruption des élites locales et l'inorganisation stratégique des populations forestières

Dans la zone forestière Camerounaise, le vocable élites regroupe l'ensemble de personnes qui ont soit fait des études, travaillent en ville, possèdent des biens et exercent une quelconque influence sur les populations, soit des personnes du terroir qui vivent au village où elles ont une position socio-politique privilégiée. Ce groupe de personnes ne forment pas un bloc monolithique. IL est fondamentalement hétérogène et segmenté. Mais, on a pris coutume de distinguer les "élites intérieures" qui vivent au village des "élites extérieures" qui vivent en ville. On peut aussi distinguer les élites traditionnelles des élites modernes. Celles-ci sont enracinées à la vie du terroir alors que celles-là jouissent d'un capital intellectuel et symbolico-idéologique qui les situent plus ou moins au-dessus des notabilités et des leaders villageois.

Elles sont toutes des émanations de la bureaucratie administrative et en cela ne se sentent pas comptables à l'égard des populations de leurs logiques de positionnement. Il arrive même que certaines d'entre elles, pourtant élus du peuple, ne daignent pas assurer la défense des intérêts des populations qu'elles sont pourtant appelées à représenter au niveau local ou national. De manière globale, l'attitude des élites sur la question de l'exploitation forestière est fortement décriée par les populations qui pensent qu'elles sont complices de la braderie forestière.

Certes, on trouve quelques exceptions à la règle. C'est le cas par exemple des députés suppléants du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), Albert Mbida dans le Nyong-et-Mfoumou, Parfait MIMBIMI ESONO dans la Vallée du Ntem et de l'écrivain Mongo Beti dans le Nyong-et-So'o qui dénoncent avec véhémence la braderie de la forêt Camerounaise. Mais, il faut pouvoir distinguer l'engagement altruiste de l'engagement intéressé. Certaines actions menées par ces "élites patriotiques" servent parfois de tremplin pour l'accomplissement des desseins individuels. A tout le moins, l'impression qui se dégage de l'observation de la dynamique actuelle de fonctionnement du secteur forestier Camerounais est qu'elle échappe de plus en plus à l'emprise de l'Etat en tant que personne morale de droit public.

C'est davantage des élites bureaucratiques, des réseaux mafieux et des groupes de pression occultes qui font main basse sur les recettes forestières, à différents niveaux du circuit, de la délivrance des titres d'exploitation à la commercialisation. Ici, comme dans d'autres domaines de la vie étatique, le prébendalisme, la corruption, le patrimonialisme et la politique du ventre sont légion. A la place et au nom de l'Etat, des particuliers et des groupes mystiques font fortune. Une véritable "union sacrée" est nouée entre autorités administratives, forces de maintien de l'ordre, hommes de justice, élites et exploitants forestiers autour du pillage des ressources forestières.

La plupart des administrateurs et des décideurs actuels du secteur forestier sont bien originaires du Cameroun méridional forestier, mais l'on constate qu'ils s'intéressent plus à la sauvegarde de leurs intérêts dans les réseaux qui se déploient, à la préservation de leurs alliances prébendiaires avec les gros bonnets de l'exploitation forestière. A défaut de s'engager eux-mêmes dans la coupe et la vente du bois, ils établissent des titres et licences d'exploitation qu'ils sous-louent aux exploitants forestiers. Ainsi, de leurs bureaux climatisés à Yaoundé, ils perçoivent des dividendes de la rente forestière. Ils sont harmonieusement phagocytés par l'alliance sociale dominante compradore. Qu'importe si les populations s'enlisent dans la pauvreté et le dénuement alors qu'ils se remplissent les poches.

Les intérêts des populations forestières sont d'autant plus sacrifiés qu'elles ne sont pas suffisamment organisées. Elles sont démunies matériellement et intellectuellement. Elles ne sont pas bien informées des logiques de fonctionnement de l'Etat et du secteur forestier. Le mouvement de mobilisation coutre l'exploitation abusive de la forêt n'est pas formalisé. Il est davantage conjoncturel et contextuel, par conséquent limité. Les organisations paysannes et les comités de développement sont traversés par des divisions politiques et idéologiques qui affaiblissent les velléités d'articulation des intérêts des populations dans la gestion forestière. Les populations n'ont pas encore réussi à bâtir des stratégies de positionnement et de négociation leur permettant de persuader l'Etat et les exploitants forestiers de la nécessité de les associer à la gestion forestière. Les rapports avec les autres acteurs sont toujours perçus en termes antagonistes et conflictuels. La négociation et la recherche du compromis sont rarement envisagées comme des solutions idoines aux conflits qui se posent. Le radicalisme est la stratégie la mieux partagée. Pourtant, elles ne disposent pas toujours des moyens et des atouts leur permettant de se poser et s'imposer comme partenaires incontournables de la gestion forestière.

Malgré tout, elles essaient, autant que faire se peut, de faire entendre leur voix. Ecrasées par la montée vertigineuse de la pauvreté et obligées par conséquent de négocier des issues de survie, puis profitant par ailleurs des espaces de liberté générés par le processus de libéralisation politique, les populations ont rompu le silence. La contestation du monopole de l'Etat sur la gestion des ressources forestières est une donnée constante de la vie actuelle des populations forestières. La lutte pour la participation à la gestion des ressources forestières est engagée. En témoignent les nombreux conflits qui opposent les populations à l'Etat et aux exploitants forestiers. Autour de cette lutte se construit progressivement une identité spatiale dont la valorisation et l'expression sur l'espace public permettait de hâter et de traduire dans les faits la dynamique de la décentralisation de la gestion forestière.

II -DYNAMIQUES DE CONTESTATION DU MONOPOLE ETATIQUE DANS LA GESTION FORESTIERE ET VELLEITES DE CONSTRUCTION D'UNE IDENTITE SPATIALE

Le temps où les populations subissaient leur marginalisation de la gestion forestière en toute résignation est révolu. Presque partout, dans le Cameroun Méridional Forestier les populations se mobilisent pour la prise en compte de leurs intérêts dans la gestion des ressources forestières.

A - L'intensification de la contestation du monopole étatique dans la gestion forestière

Limitée dans un premier temps aux paroles, aux écrits et aux plaintes, l'aversion couvre la gestion autoritaire des ressources forestières a atteint le stade des actions violentes, des marches, des descentes dans la rue, de la pose des barricades et des exactions sur les autorités administratives et les exploitants forestiers. En fonction des cas et des situations qui se présentent, les populations exercent des pressions sur l'Etat et les exploitants forestiers et mènent des actions de lutte quitte à assumer les conséquences.

1 - Les pressions sur l'Etat et les Exploitants forestiers

Ici, la lutte menée par les populations est pacifique en ce sens qu'elle ne repose pas sur des actions violentes. Face à une situation conflictuelle, les populations adressent des menaces verbales aux mis en cause, des lettres et des plaintes aux autorités administratives ou aux organisations non gouvernementales. A titre d'exemple, nous pouvons souligner la lettre du Comité de Développement de l'Arrondissement de Mbang dans l'Est - Cameroun adressée il y a trois ans à Jean-Christophe MITTERAND, à l'époque Conseiller du feu Président François MITTERAND pour les affaires africaines sur le non respect des engagements pris par la SFID à l'égard des populations. Le 15 avril 1993, les chefs des villages d'Akom, Kosso et Bitouala ont adressé une pétition à ENVIRO-PROTECT à Yaoundé. Il y a les nombreuses démarches entreprises par l'Honorable Parfait MIMBIMI ESONO dans le conflit populations de Meyo-centre, dans la vallée du Ntem contre les sociétés forestières UTC/POLYWOOD. Depuis décembre 1993, date du déclenchement, M.MIMBIMI a entrepris plusieurs démarches auprès des autorités administratives locales: le sous-préfet, le préfet, le gouverneur.Il a écrit au Président de la République, au Premier Ministre et au Ministre de l'environnement et des forêts. En Avril 1995, une délégation des forces vives de la vallée du Ntem en général et de Meyo-Centre en particulier a rencontré le Premier Ministre. Il a contacté la Banque Mondiale, le Rain Forest Movement, l'Association Néerlandaise d'assistance au développement (SNV). Sans grand succès. Mais il persiste et signe . Jusqu'à quand pourra-t-il contenir le mécontentement populaire ? Ce type de dialogue de sourds entre les populations , l'Etat et les exploitants forestiers finit par déboucher sur les actions violentes et des affrontements sanglants.

2 - La conduite des actions de luttes violentes contre l'Etat et les Exploitants forestiers

Face à l'intransigeance de l'Etat et à l'arrogance des exploitants forestiers, les populations sont astreintes parfois à l'usage de la violence pour défendre leurs intérêts. Ces actions débouchent sur la pose des barricades contre le passage des grumiers, des marches dans la rue, les exactions sur les autorités administratives, les forces de maintien de l'ordre et les exploitants forestiers. La révolte paysanne tend à se généraliser dans la zone forestière. Des leaders paysans envisagent la mise sur pied d'un front de résistance paysanne local et national. MONGO BETI se fait l'écho d'une telle mobilisation: <<La politique du pouvoir est d'évincer complètement de l'exploitation forestière le petit artisan, c'est-à-dire celui qui exploite pour la communauté concernée (...) Je vais continuer à exercer un droit que je considère comme inaliénable c'est-à-dire la coupe d'arbres et le sciage (...) Mon bois sera saisi cent fois peut être mais un jour il faudra bien que les mafias mittérandiennes et giscardiennes s'inclinent devant la détermination des Camerounais à rester maître de leur forêt. Je vais organiser un comité de résistance paysan dans mon village, je crois qu'en partant du village jusqu'au département, puis jusqu'à la province on peut arriver à un front de résistance paysanne plurielle au niveau national (...) On nous a pris le pétrole pour rembourser les dettes, on nous prend le bois pour rembourser les dettes auprès des bailleurs de fonds . Si nous ne pouvons pas couper le bois de nos forêts, qu'est ce qui prouve que nous ne serons pas privés de nos terres? (...) Mon combat est d'obtenir que le principe fondamental suivant soit établi: les forêts appartiennent principalement aux communautés paysannes qui y vivent et y trouvent les ressources nécessaires à leur survie (...) Il n'y a aucune raison historique que nos forêts soit déclarées propriété de l'Etat. Au nom de quoi? (...)>>.

De manière progressive, les luttes entreprises pour la contestation de la gestion autoritaire des forêts imprime une logique d'appropriation des espaces forestiers autour de laquelle se construit une identité spatiale, élément de positionnement stratégique et politique des populations.

B - Les velléités de construction d'une identité spatiale au Cameroun Méridional forestier

L'espace est une réalité subjective. L'on peut procéder à son appropriation sociale. En cela, il devient un facteur d'identité. Il y a un lien fondamental entre espace et identité . Dans la zone forestière Camerounaise, les populations riveraines s'identifient de plus en plus à la forêt. Elles dénoncent l'exploitation anarchique de << leur forêt >> et exigent des retombées concrètes sur le développement. Les acteurs de cette dynamique de construction identitaire se recrutent parmi les élites politiques locales, la plupart des aînées sociaux en quête de positionnement ou d'ascension politique locale ou nationale. La contestation du monopole étatique de l'exploitation forestière est utilisée comme un fonds de commerce pour la promotion des intérêts personnels. Les seigneurs identitaires instrumentalisent les revendications populaires dans leur logique d'épanouissement social. Ils développent un complexe de mandataire qui fait d'eux des interlocuteurs privilégiés dans l'analyse des questions relatives à l'exploitation forestière. Cela est patent pour les députés suppléants Albert MBIDA et Parfait MIMBIMI ESSONO qui ont acquis une réputation de défenseurs des intérêts de leurs populations dans le processus d'exploitation forestière. Ici et là, ils sont devenus des personnes-ressources incontournables dans le débat sur la gestion des forêts, invités à presque tous les séminaires et ateliers pour témoigner ou dénoncer les exactions des prébendiers qui font main-basse sur les ressources forestières. Ils participent efficacement à la construction socio-politique du scandale forestier au Cameroun. L'enjeu identitaire est éminemment politisé. L'exploitation de la ressource identitaire permet d'exister et de se positionner sur le marché politique local ou national. Dans cette mouvance, les populations prennent conscience de leurs droits à l'égard de la forêt et identifient leurs intérêts à l'exploitation de celle-ci. Une identité spatiale se construit progressivement au Cameroun Méridional Forestier. Dans cette partie du pays, le processus de libéralisation politique n'a pas seulement affecté les pratiques endogènes de gestion du pouvoir; il participe aussi de la redéfinition des rapports entre l'Etat dans son versant administratif et les communautés locales. Ici le temps de la démocratisation est aussi le temps de l'esquisse de cristallisation identitaire autour de la problématique de la gestion des ressources forestières. Il se développe une logique d'appropriation de l'espace forestier considéré comme propriété naturelle des populations. Les populations s'organisent de plus en plus pour revendiquer la décentralisation de la gestion forestière et l'instauration d'une politique forestière participative.

1 - L'appropriation identitaire de la forêt

L'étatisation de le gestion forestière est remise en cause par les populations qui établissent de fait leurs droits inaliénables et leur attachement naturel à la forêt. Dans les conflits qui les opposent à l'Etat et aux exploitants forestiers, elles parlent des droits naturels sur << leurs forêts>>. Une enquête menée récemment dans l'Arrondissement de Lolodorf auprès des populations Ngoumba et Pygmées Bakola sur les représentations populaires de la forêt montre que les populations forestières ont des liens particuliers avec l'écosystème forestier. Elle le considère comme un << don naturel >> de Dieu dont les humains ne sauraient les déposséder. Les liens avec la forêt sont si forts que leur survie s'avère elle-même liée à sa propre survie. La forêt remplit une double fonction: matérielle et structurelle. En tant que support de leurs activités matérielles, elle est utilisée de manière alternative pour l'agriculture, l'élevage, la chasse, la pêche, la cueillette. Elle constitue un facteur de sécurité alimentaire. Elle est aussi le support des activités spirituelles. Trait d'union entre les vivants et les morts, la forêt est utilisée comme lieu d'accomplissement des rîtes, des cultes et des traditions. C'est un espace humanisé qui participe de la formation symbolico-idéologique des hommes de la forêt. Elle nourrit, soigne, habille et protège. Elle est à la fois leur milieu de vie et leur mamelle nourricière. Fort de ces liens biologiques, les populations considèrent l'espace forestier comme leur patrimoine naturel. Elles y sont nées, elles y vivent, elles y mourront. Ce patrimoine est transmissible de génération en génération. La tétutesse de l'Etat à vouloir tout s'approprier et tout contrôler n'y changera rien. De même que les autres groupes sociaux, au Cameroun ou ailleurs, revendiquent le contrôle de la gestion des ressources naturelles relevant de leur territoire identitaire, les populations forestières exigent d'être associées au processus de gestion forestière. Pour elles, il est inconcevable que les ressources qu'abrite leur territoire forestier soient gérées à leur total détriment. A leur entendement, le principe est clair : les terres et les ressources y afférentes appartiennent aux populations qui y vivent. Non seulement elles ont le droit de les exploiter, mais elles doivent bénéficier des retombées de leur exploitation. La logique d'appropriation identitaire des ressources forestières conduit de plus en plus les populations à revendiquer la décentralisation de la gestion forestière.

2- Les sirènes de la revendication de la décentralisation de la gestion forestière

Les populations forestières revendiquent de plus en plus la décentralisation de la gestion forestière. Elle permettait de résoudre l'injustice qu'elles vivent depuis la colonisation par rapport à la jouissance et à la gestion de leurs ressources. Une évolution institutionnelle permettait de limiter l'intensité des conflits entre les populations, l'Etat et les exploitants forestiers. Ainsi, au-delà de la reconnaissance formelle des droits d'usage coutumiers, la législation forestière rétablira les populations dans leurs droits naturels. Il est question de promouvoir l'accès des populations à la propriété forestière privée et collective et au bénéfice des retombées de l'exploitation des ressources de leur territoire forestier.

Les forêts assises sur les terres privées doivent revenir de plein droit à leurs légitimes propriétaires sur la base des droits acquis. De même les populations riveraines devraient bénéficier des droits d'usage domestique et commercial des espaces forestiers qui les entourent. L'Etat pourra simplement réglementer l'exploitation des essences protégées ou de toutes espèces jugées d'intérêt national comme les ressources forestières génétiques.

Quant à la propriété collective des forêts, elle devrait être bien circonscrite dans la législation forestière. En marge des forêts domaniales et communales, la loi devrait instituer de véritables <<forêts communautaires>> au profit des communautés villageoises. Il s'agira de créer, à côté du domaine forestier permanent, un domaine forestier communautaire placé sous la responsabilité des autorités traditionnelles et des leaders villageois en ce qui concerne la réglementation des usages coutumiers et commerciaux. Ce domaine communautaire fera l'objet d'un régime financier particulier, distinct de celui de l'Etat et des communes, avec la possibilité pour les leaders villageois de collecter les taxes relatives à leur exploitation commerciale pour financer le développement local.

CONCLUSION GENERALE

Le contexte actuel de libéralisation politique a favorisé la rupture du silence populaire et suscité la prise de conscience des populations face aux enjeux réels de l'exploitation des ressources forestières. Il n'y a presque plus un seul village du Cameroun Méridional forestier où les populations ignorent la valeur et l'importance socio-économique de la forêt. Il se développe une réelle dynamique de contestation de la gestion autoritaire des ressources forestières et une logique d'appropriation identitaire des ressources forestières et d'identification spatiale . Mais, la construction de cette identité spatiale, à la fois autour de la propriété des terres et des ressources forestières, est encore embryonnaire. Elle est fondamentalement contextuelle et conjoncturelle.

Néanmoins, elle contribue progressivement à la formulation de la revendication populaire de la décentralisation de la gestion forestière. Il faut espérer que ce mouvement sera encouragé par le remodelage de la territorialité Camerounaise consécutif à la logique de décentralisation étatique actuelle. Plus que jamais, le Cameroun est appelé à s'ajuster aux exigences de la foresterie participative.

 

JOURNEE Jean-Louis SEURIN

Organisée par L’Association Africaine de Science Politique et le GRAP

Thème: Identité Politique et Démocratisation

Yaoundé, Fondation Friedrich EBERT, 29 Janvier 1996

FICHE DE PRESENCE

NOM ET PRENOMS

QUALITE

 

Adolphe MINKOA SHE

Doyen de la FSJP, Université de Yaoundé II

 

Doyen Stanislas MELONE

Professeur Agrégé de Droit Privé

 

LEKENE DONKACK

Vice-Doyen de la FSJP, Université de Douala

 

Luc SINDJOUN

Enseignant, FSJP, Université de Yaoundé II / Directeur du GRAP

Intervenant

Charles L. BOYOMO ASSALA

Directeur Adjoint de l’ESSTIC/GRAP

Participant

NOUBISSIE NGANKAM

Directeur de la Fondation Friedrich EBERT

Participant

Louis Marie NKOUM-ME-NTSENY

IRIC/GRAP

Intervenant

Emmanuel YENGA

Chargé d’Etudes Ministère de la Culture

Participant

Martin Dieudonné EBOLO

IRIC/GRAP

Intervenant

André TCHOUPIE

Etudiant FSJP Université de Yaoundé II Soa

Participant

KAYO SIKOMBE

Université Yaoundé II Soa

Participant

Blaise Jacques NKENE

Université de Douala

Intervenant

Léopold DONFACK SOKENG

Université de Douala

Intervenant

NJEMBE née NKENGUE D.

Université de Yaoundé II Soa

Participant

C écile MBALLA EYENGA

IRIC (Yaoundé II)

Participant

Hélène-Laure MENTHONG

GRAP

Participante

Hauli FENDJONGUE

GRAP/Université de Ngaoundéré (Assistant)

Participant

Alain D. OLINGA

IRIC

Participant

Laurent MBASSI

Chercheur en sciences sociales

Participant

Ibrahim GHANGNO

Etudiant Université de Yaoundé II - Soa

Participant

Robert NGANGUE

Etudiant - Chercheur Université de Yaoundé II - Soa

Participant

Richard EKANI FEGUE

Etudiant en Doctorat Science Politique Université de Yaoundé II - Soa

Participant

Jean Tobie HOND

Enseignant FDSJ Université de Yaoundé II - Soa

Participant

Bernard-Ray GUIMDO D.

Enseignant FSJP/ Université de Yaoundé II - Soa

Participant

Améli Valentine TABI

Doctorat candidate in political science/ Université de Yaoundé II - Soa

Participant

KOUAM DJILO

Journaliste - CRTV

Participant

André TATCHEM

Juriste

Participant

Renner ONANA

Chercheur en Sciences Sociales

Participant

Dieudonné ZOGNONG

Philosophie Politique/Université de Yaoundé I

Participant

Jean-Jules FOMCHIGBOU

Enseignant Vacataire FSJP/ Université de Yaoundé II - Soa

Participant

TATAH MENTAN

Enseignant ESSTIC

Participant

Emmanuel NGWELE

Journaliste CRTV

Participant

Fred EBOKO

Doctorat/CEAN, Bordeaux

Participant

Valentin MIAFO DONFACK

Doctorat FSJP, Université de Yaoundé II - Soa

Participant

Yacouba MOLUH

Doctorat FSJP, Université de Yaoundé II - Soa

Participant

NAC H MBACK

Doctorat FDSP/Université de Douala

Participant

Guillaume FOUDA

Doctorat en Droit Public, Bordeaux IV

Participant