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RESUMES

 

 

 

 

UNE REPRESENTATION INDIGENE DU METIER POLITIQUE A LA FIN DE LA TROISIEME REPUBLIQUE : LE REQUISITOIRE ELITISTE D'ANDRE TARDIEU CONTRE LA PROFESSION PARLEMENTAIRE

Yves POIRMEUR

Professeur à l’université de Versailles-Saint-Quentin (France)

L'objectif d'A. TARDIEU est de comprendre comment le système politique de la IIIè République est devenu ce qu'il est, pour le transformer en profondeur. Sur cette base, l'auteur de La Révolution à refaire reconstruit son rapport à la politique et rationalise les actes épars des hommes avec lesquels il a vécu, en convertissant son sens pratique de l'action politique, son savoir intuitif de ce qu'il faut faire, ses schèmes de perception du réel, en savoir théorique. Etude empirique du métier de parlementaire et au-delà de celui d'élu, saturé de propos polémiques et de violence verbale, l'ouvrage, à partir de quelques paramètres comportementaux typiques des acteurs, définissant les enjeux poursuivis mais également des coûts et des avantages, développe une espèce "d'analyse structurale des institutions" qui sont les arènes du jeu politique et en objective les règles formelles et informelles. Véritable cadre théorique d'interprétation de la IIIè République, et rendant compte de l'articulation des rôles politiques ainsi que de leur interaction dans ce régime, la conclusion à laquelle il arrive est radicale : pour que la République vive, il faut qu'elle sache discipliner le métier qu'elle a fait naître.

 

L'ETAT ET LES MILIEUX D'AFFAIRES AU CAMEROUN : AUTORITARISME, AJUSTEMENT AU MARCHE ET DEMOCRATIE (1986 -1996)

Mathias Eric OWONA NGUINI

(CEAN - IEP de Bordeaux et GRAP)

La prise en compte de l'interaction dynamique entre l'Etat et les milieux d'affaire est nécessaire dans l'entreprise d'objectivation du système de domination politique du Cameroun. La décennie 1986 - 1996 abrite les transactions collusives entre les élites gouvernementales et les hommes d'affaires nationaux en vue de la stabilité du régime, la négociation problématique avec les investisseurs étrangers dont la pénétration, favorisée par les programmes d'ajustement structurel, a des effets de restructuration du jeu social.

 

LA CONSTRUCTION DES ENJEUX LOCAUX DANS LE DEBAT CONSTITUTIONNEL AU CAMEROUN

 Hélène-Laure MENTHONG

Université de Limoges (France) et Groupe de Recherches Administratives et Politiques (Cameroun)

La libéralisation politique en cours au Cameroun depuis 1990 est une conjoncture de délégitimation-relégitimation de l’ordre politique mais également un champ de production de nouvelles normes en matière de gouvernance. C’est un chantier de reformulation de l’ordre constitutionnel qui s’actualise à travers le débat sur la constitution officiellement lancé en 1993 et dont la problématique locale légitime se pose comme l’un des enjeux majeurs de la confrontation symbolique entre entrepreneurs politiques pour la réalisation hégémonique sur le territoire de l’Etat. Le débat constitutionnel sur le local met par conséquent en exergue la crise de l’intégration politique au Cameroun tout en consacrant la construction des identités locales et l’émergence dans l’espace public et dans le champ politique des notions de minorité, d’autochtone, de fédéralisme et de sécession. Cependant, les craquements du système politique camerounais débouchent sur la reconfiguration de l’Etat unitaire marquée par l’aménagement d’un nouvel "équilibre des tensions" entre le centre et la périphérie à travers la constitutionnalisation de la commune et de la région comme formules de recomposition territoriale.

 

CONFLIT AUTOUR DES REGLES NORMATIVES DE LA COHABITATION AU NIGER : ELEMENTS D'ANALYSE JURIDIQUE D'UNE CRISE POLITIQUE (1995-1996)

Doyen AMADOU TANKOANO

Professeur à la Faculté des Sciences Economiques et Juridiques de l'Université Abdou MOUMOUNI de Niamey (Niger)

De 1995 à 1996, le Niger a été la théâtre d'une crise juridico-politique s'articulant autour d'une gestion palabreuse de la cohabitation caractérisée par une définition problématique et une pratique difficultueuse de celle-ci. Cette crise était alimentée par une logique des antipodes et s'originait dans une lecture divergente de la Constitution du 26 Décembre 1992 par la classe dirigeante divisée à l'issue d'un basculement de la majorité parlementaire aux dépens du Président de la République. Le conflit institutionnel, de comptétence s'il en était un, entre le Chef de l'Etat et son Premier Ministre soutenu par le Parlement, a été doublé d'une bataille partisane (alliance des partis de la mouvance présidentielle contre l'alliance des partis formant la majorité parlementaire) et, ravivé par de querelles inter-personnelles. Fragilisée elle aussi par l'alignement partisan de certains de ses membres, la Chambre Constitutionnelle de la Cour Suprême, organe constitutionnellement compétent, a, en dépit de quelques tentatives courageuses d'interprétation de la notion de cohabitation et de son application, joué un rôle si ce n'est polémique du moins inefficace dans cette crise sanctionnée autrement par le coup d'Etat militaire du 27 Janvier 1996.

 

CODIFIER LA VIOLENCE MARTIALE : REFLEXIONS SUR LES DIFFICULTES DE LA CODIFICATION

Maurice ENGUELEGUELE

IRIC-GRAP/CURAPP-CNRS

Certaines pratiques sont difficilement codifiables en raison de leur nature ou de la diversité des enjeux qu’elles recouvrent : les discours de droit sont parfois réticents à retranscrire dans le langage juridique des activités, des réalités, des comportements ou des phénomènes complexes et polémiques. Pourtant, différents organes institutionnalisés sont appelés à estimer l’inestimable, à qualifier l’inqualifiable, à codifier l’incodifiable. Par ailleurs, l’inscription d’une pratique ou d’une réalité dans des textes juridiques a des effets de consécration, de licitation: certaines pratiques ou réalités vécues comme dramatiques ou innommables, subissent une transfiguration dès qu’elles sont " mises en droit " par des acteurs autorisés. On tentera de valider ces deux hypothèses en examinant l’économie de la codification de la violence martiale dans les conflits armés internationaux.