CONGO : ON ACHEVE BIEN LES TRANSITIONS

Patrick Quantin

Centre d'Etude d'Afrique Noire / Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux
Université Montesquieu - Bordeaux IV (France)

Au même titre que le Bénin, au début des années 1990, le Congo influence les énoncés majeurs du paradigme politique de la démocratisation des sociétés africaines : Conférence Nationale Souveraine, Gouvernement de transition, Elections générales, Alternance. C’était alors le success story de la transition démocratique. En 1997, c’est l’échec de la consolidation démocratique à travers l’intensification des affrontements armés entre milices privées et la victoire par les armes de Sassou Nguesso. Le cas congolais montre que la transition démocratique est une conjoncture critique qui se caractérise par un rapport de forces dont l’issue n’est pas uniquement constituée par la victoire aux élections. Le plus dur est d’imposer l’élection comme la seule forme de jeu politique.

L'IMPLICATION DES PUISSANCES OCCIDENTALES DANS LES PROCESSUS DE DEMOCRATISATION EN AFRIQUE : ANALYSE DES ACTIONS AMERICAINE ET FRANCAISE AU CAMEROUN (1989-1997)

Martin Dieudonné EBOLO

Docteur en relations internationales
GRAPS / UY II

L’implication des Etats-Unis et de la France dans le processus de démocratisation du Cameroun est une manifestation de la mondialisation de l’hégémonie occidentale orchestrée par des acteurs officiels et privés. Elle peut être appréhendée comme une modalité d’expansion de la "démocratie de marché" qui comporte aussi une dimension "promotion de l’intérêt national " des Etats-Unis et de la France. La réaction du système politique camerounais dans cette conjoncture illustre dans une certaine mesure un déphasage : alors qu’une bonne partie des acteurs non officiels sont favorables à l’action américaine et réservés, voire hostiles à l’égard de la France, les acteurs officiels par contre semblent avoir des échanges tendus avec les Etats-Unis et relativement sereins avec la France. C’est dans ce contexte que se bricole la stratégie locale d’adaptation conservatrice à la démocratisation.

POLITIQUE ET DROIT ELECTORAL AU CAMEROUN : ANALYSE JURIDIQUE DU BRICOLAGE LEGISLATIF

Alain Didier OLINGA

IRIC / GRAPS -  Université de Yaoundé II

Le droit électoral constitue une branche du droit de la transition démocratique dont l’analyse révèle l’importance des enjeux de pouvoir et des rapports de forces. Par conséquent, l’analyse juridique pertinente doit abandonner le carcan de l’exégèse ; elle doit être politiquement informée d’autant plus que le débat autour du droit électoral est largement influencé par les stratégies de conquête ou de conservation du pouvoir, par la proximité des échéances électorales. Le droit électoral devient alors un droit par-à-coups, un droit bricolé.

JURISTES-SAVANTS, DROIT DE L'ETAT ET ETAT DE DROIT AU CAMEROUN

Mathias Eric OWONA NGUINI

GRAPS / Université de Yaoundé II

Le travail juridique, en tant qu’activité d’analyse, d’explication et d’interprétation de l’élaboration et de l’application des normes, est loin d’être innocent. Une sociologie du champ juridique camerounais, tel que constitué par les universitaires et articulé autour des thèmes de la souveraineté et des droits de l’homme, permet de dévoiler les présupposés idéologiques, les collusions entre universitaires et acteurs politiques, ainsi que la rationalisation savante des intérêts particuliers. Le droit des universitaires est alors démystifié grâce au recours à une analyse socio-politique, à un retour réflexif sur les postures, les stratégies et les prises de position de ses acteurs. Le champ juridique camerounais entretient un rapport d’interaction avec les champs social et politique qui détermine sa production et relativise son autonomie.