L'AFRIQUE
EN POLITIQUE COMPAREE
par Mamoudou GAZIBO
Professeur invité à l'Université de Montréal
Dans une perspective diachronique, lAfrique
en tant quobjet détude na été investie que très récemment par la
science politique. Il est commun aujourdhui de rappeler que dans la division du
travail académique entre disciplines des sciences sociales, cest
lanthropologie (pensons à Evans Pritchard ou plus près de nous à Balandier), qui
a hérité des objets considérés comme exotiques. Parmi ceux-ci bien évidemment,
lAfrique occupe encore une place charnière peu enviable, dans la mesure où elle en
rend lintérêt académiquement moins légitime dans la science politique dominante.
Cest ainsi quun auteur qui travaille sur la question de la démocratisation en
Amérique latine est un transitologue, cest à dire un politiste travaillant sur les
transitions, alors que son collègue travaillant sur lAfrique est un africaniste. Il
ne sagit pas là simplement de nommer, mais aussi dapposer un label, beaucoup
de chercheurs croyant à tort quun africaniste est familier avec lAfrique et
les faits, mais étranger aux autres objets et aux questions théoriques.
Pendant longtemps, cest tout au plus la perspective historique qui a contribué à
épauler les perspectives anthropologiques en cherchant à mieux connaître les structures
et formations politiques précoloniales et coloniales ainsi quon peut le voir dans
les travaux dauteurs africains comme Elikia Mbokolo, Joseph Ki Zerbo ou Cheikh Anta
Diop. Un bon archétype de travail historique débordant sur le politique est entre autres
louvrage de Crawford Young consacré dans une perspective comparative, à
lÉtat colonial et à sa reproduction dans les États post coloniaux en Afrique
(1994).
Cette quasi absence de travaux de science politique (et donc de recherches en politique
comparée) dans les premières recherches sur lAfrique a ensuite reçu des réponses
différentes selon que lon se place à lintérieur ou à lextérieur du
continent. De lextérieur, les indépendances et lémergence de nouveaux
États ont donné naissance à des études comparatives et des concepts nouveaux (Harbeson
et Rothchild, 1995). Ce renouvellement tient beaucoup aux théories du développement et
de la modernisation politique ainsi que nous le verrons plus loin. De lintérieur,
le vide na pas été comblé de manière brutale et massive même avec les
indépendances comme on aurait pu sy attendre. Wosene Yefru considère ainsi dans ce
sens, que les quarante dernières années ont été marquées par une paralysie de
lanalyse. Il estime alors que la réflexion africaine doit aller dans le sens
dun changement paradigmatique dans les domaines du développement social,
économique et politique (1999; 2000 : 352).
Cette situation est à certains égards compréhensible dans la mesure où la science
politique est elle même une discipline récente même dans la plupart des pays du Nord.
Par exemple, dans son introduction à la politique dAristote publiée en 1950 aux
PUF, Marcel Prélot plaidait encore pour la spécificité et lautonomie de la
Science politique française par rapport au droit notamment. Pour la plupart des
publicistes de lépoque en effet, la Science politique nétait rien
dautre quune branche du droit constitutionnel. Notons cependant que la
situation est différente aux États Unis où non seulement la science politique a conquis
son autonomie comme discipline dès le début du siècle, mais où la politique comparée
sest elle même constituée en champ dès les années 30 avec les travaux des
anciens institutionnalistes tels W. Wilson, H. Finner ou C. Friedrich.
Dans les contextes africains, les objets traditionnellement privilégiés par la science
politique que sont lÉtat et les institutions et sur lesquels travaillaient ces
auteurs classiques, ne datent matériellement que des années soixante avec les
indépendances. Par ailleurs, au plan interne le substrat institutionnel indispensable à
léclosion détudes du politique sest peu développé : aujourdhui
encore, la plupart des pays (francophones surtout) ne disposent que dune université
dans laquelle il est bien rare de trouver un département de science politique digne de ce
nom.
Enfin, un regard sur la place de lAfrique en politique comparée ne peut éluder la
controverse récurrente autour dune question : lAfrique est-elle un objet
comme les autres ou un objet singulier et irréductible ? Cest revenir en somme au
débat plus vaste entre universalisme et culturalisme, auquel se greffe de fait la
question de létalon conceptuel et théorique de référence en matière de
comparaison.
I - LA POLITIQUE COMPAREE EN AFRIQUE, REFLET DUNE FAIBLESSE INSTITUTIONNELLE
DE LA SCIENCE POLITIQUE
Une réflexion sur lAfrique dans la politique comparée ne peut faire
léconomie dun regard préalable sur létat de la politique comparée en
Afrique. Or sur ce point, la question se confond avec celle de la science politique elle
même. A linverse des contextes américains et européens dans lesquels la politique
comparée sest constituée progressivement, comme champ (field) dune science
politique déjà existante, les deux sont tout de suite allées de pair en Afrique, ou
plutôt dans le cas de lAfrique en tant quobjet de recherche plus que comme
acteur de la recherche. Car en effet, la première remarque qui simpose
lorsquon sinterroge sur létat de la politique comparée sur le
continent, cest linexistence dune science politique africaine en tant
que champ structuré. Elle est plutôt caractérisée par une atrophie du cadre
institutionnel, une faiblesse de lappareil théorique, un enclavement ou une
complète extraversion des politologues.
1- LATROPHIE DU CADRE INSTITUTIONNEL
Le premier obstacle au développement de la politique comparée en Afrique tient à
latrophie du cadre institutionnel de la science politique. Comme on le sait, toute
discipline acquiert son autonomie en créant son champ et en se donnant de la visibilité
à travers la médiation dinfrastructures distinctes de celles des autres
disciplines ainsi dune communauté savante organisée.
Dans le cas de lAfrique, la première condition fait cruellement défaut en ce qui
concerne la science politique en partie parce que cette discipline ne constitue pas une
priorité dans les politiques déducation lorsque celles-ci existent. Comme la
sociologie, la science politique a souffert tout au long des trois premières décennies
post indépendances dominées par les autoritarismes, du préjugé selon lequel elle
nest rien dautre quune discipline spéculative et subversive.
LÉtat détenant les cordons de la bourse en matière de financement de
léducation, les élites dirigeantes ne pouvaient alors favoriser le développement
de la recherche dans un domaine potentiellement contestataire (Zeleza, 1997 : chap. 3).
En Afrique de lOuest, le Sénégal et la Côte dIvoire sont aujourdhui
encore, les rares pays, avec les pays anglophones (Nigeria et Ghana), à disposer de
départements de science politique et/ou dassociations de science politique vraiment
fonctionnelles. La situation du Cameroun fait même franchement figure de bonne
anomalie dans lespace francophone puisque ce pays dispose de
six universités au sein desquelles la science politique gagne progressivement son
autonomie. Dans dautres pays francophones en effet, latrophie du cadre
institutionnel universitaire est telle quil existe au mieux, un cours de science
politique dispensé dans les facultés de droit, parfois par des juristes de formation.
Cette situation doit beaucoup à lhistoire du contrôle des relations avec les
universités du Sud, exercé moins par les politologues que par les juristes français,
souvent peu enthousiasmés par lidée dune science politique autonome et
concurrente du Droit.
La conséquence immédiate de cette faiblesse institutionnelle cest la faiblesse de
la communauté des chercheurs et denseignants qui, il faut le relever cependant,
sest accrue de manière appréciable et continue à saccroître ces dernières
années. Dénormes disparités demeurent cependant entre les pays. Au Niger par
exemple, il y a seulement une demi douzaine de docteurs en science politique et bien
évidemment, aucune structure académique consacrée à la discipline.
Cela nous ramène au problème de la faiblesse des infrastructures. Paul Zeleza montre à
la suite du regretté C. Aké et de C.L. Morna, comment la crise généralisée de
lÉtat partout en Afrique dans les années 80, a contribué à leffondrement
des infrastructures académiques et des moyens de fonctionnement des universités (1997 :
27). Ces infrastructures étaient par ailleurs bien rares et les moyens faibles, de sorte
que les bibliothèques et les fonds documentaires nécessaires à tout travail de
recherche étaient eux aussi réduits à la portion congrue dans la plupart des pays. Dans
ces cas, létat des sources bibliographiques est tel que même la réalisation
dun travail monographique relève de la gageure. Faire un travail comparatif devient
autrement plus difficile dans ces conditions et il est bien paradoxal de constater
quil est de loin plus aisé de travailler sur lAfrique dans une perspective
comparative en sinstallant au Centre détudes dAfrique noire de
Bordeaux, dans un centre détudes africaines dun pays nordique ou des États
Unis, quen restant dans les pays étudiés. Le résultat, cest
lapprofondissement de la crise (Harbeson 1995 : 3-20), lexpatriation et la
dispersion des chercheurs, desquels résulte la difficulté à générer un appareil
théorique et conceptuel local.
2- LE PROBLEME DE LEXTRAVERSION THEORIQUE ET CONCEPTUELLE
On ne peut espérer un dynamisme de la politique comparée en Afrique sans un
développement des substrats institutionnels de la science politique à travers des
centres de recherche, des bibliothèques et des revues; et sans lémergence de
paradigmes, au sens de matrice disciplinaire que leur donne Thomas Kuhn (1983). Des
efforts sont faits par exemple par le Codesria dont les publications vont dans ce sens, ou
par Polis, la revue camerounaise de science politique. La production nigériane ou Sud
Africaine, et au delà anglophone, est importante également mais ces efforts ne se
traduisent pas par lémergence de cadres conceptuels et de schémas théoriques qui
serviraient de matrices à partir desquelles une communauté autonome de chercheurs
africains pourrait développer des études comparatives denvergure.
Une des différences fondamentales entre les postures de recherche monographique et
comparative tient en effet pour beaucoup, à limportance que prend ladoption
par le chercheur, dun cadre théorique permettant de saisir un nombre plus ou moins
élevé dobjets au delà de leurs différences, tout en évitant de tomber dans le
piège des monographies parallèles (Seiler 1982 : 17-18). A défaut de développer de
tels cadres, il ny a dautre issue que den adopter parmi ceux
développés ailleurs. On le voit bien en consultant les écrits africains, notamment ceux
des africains affiliés aux milieux académiques occidentaux : excellente connaissance de
la littérature politologique en général, mais en revanche, peu dutilisation de la
littérature africaine (Zeleza, 1997 : préface).
Cette situation sexplique dans bien des cas par une méconnaissance de
lexistence même de cette littérature dans la mesure où la faiblesse du cadre
institutionnel évoquée plus haut ne favorise pas une diffusion des travaux. Par
ailleurs, labsence de moyens rend difficile lorganisation de forums réguliers
de débats à large échelle, qui sont les occasions déchanger. Mais
lextraversion sexplique aussi par les procédures dévaluation et les
systèmes de récompense dans le monde très concurrentiel de la recherche, qui imposent
que les chercheurs se réfèrent aux travaux du Nord dominant pour gagner leur place. Si
cette extraversion théorique et conceptuelle ne constitue pas un problème
épistémologique en soi, il est évident quelle limite la visibilité de la
production comparative africaine.
Cette difficulté, même dans la recherche, à développer des modèles théoriques
endogènes, explique la prépondérance des travaux comparatifs consacrés à
lAfrique par des chercheurs extérieurs par rapport aux travaux comparatifs
développés à lintérieur. Cette situation sobserve surtout avant
lentrée de lAfrique dans la troisième vague de démocratisation. Ces
nouveaux processus ont permis une vraie embellie dans les recherches comparatives,
contribuant à atténuer limpression que lAfrique existe dans la politique
comparée plus comme objet détude que comme actrice.
II - LAFRIQUE DANS LA POLITIQUE COMPAREE : GLISSEMENTS THEMATIQUES ET
EPISTEMOLOGIQUES
Lémergence de nouveaux États, consécutive à la vague dindépendances dans
les années cinquante et soixante, avec leurs systèmes hybrides et leurs pratiques non
conformes aux schémas théoriques classiques élaborés sur la base des expériences
occidentales, a provoqué un renouvellement des études portant sur le continent. Cette
période constitue un moment phare de la politique comparée sur lAfrique, en raison
notamment du développement de modèles théoriques ambitieux, à travers lesquels leurs
concepteurs, pour la plupart extérieurs au continent, pensaient échapper aux
différences trop marquées entre lAfrique et loccident tout en saisissant la
première au prisme du second. On peut estimer que trois thématiques, repérables sur
deux périodes, ont dominé la politique comparée sur lAfrique. Le découpage
nest pas arbitraire, et les glissements thématiques obéissent à lévolution
de la conjoncture politique sur le continent : avant 1990, ce furent surtout lÉtat
et le développement qui ont été au centre des recherches alors que depuis 1990,
laccent est mis sur les transitions démocratiques.
1- LES GRANDES THEORIES IMPORTEES DES ANNEES 60 A 90 SUR LETAT ET LE
DEVELOPPEMENT
La faiblesse de lappareil théorique et conceptuel nécessaire au développement de
la politique comparée constatée plus haut est surtout valable pour la production
africaine. Elle nest ni une donnée constante dun point de vue temporel, ni
une donnée valable dun point de vue spatial si lon considère
limportance des modèles explicatifs élaborés de lextérieur et appliqués
à lAfrique.
1-1 Le modèle fonctionnaliste du développement politique
Ce sont les travaux sur la modernisation et le développement politiques sur lesquels une
bonne synthèse est faite par Bertrand Badie (1984) qui auront dabord tenté
dinsérer lAfrique dans la politique comparée. Ils ont été élaborés dans
la foulée de la révolution behavioriste, devenue dominante dans la science politique
américaine dans les années 60 et 70 ( Cantori, 1974; Cantori et Ziegler, 1988; Badie,
1984). Parmi ces travaux, le structuro-fonctionnalisme et le modèle centre-périphérie
ont été les plus marquants, avec des ambitions plus ou moins grandes en termes de
prétention explicative de la place de lAfrique (prise comme un ensemble homogène)
dans le monde, plus précisément par rapport au monde occidental.
Comme on le sait, le structuro-fonctionnalisme est surtout associé aux travaux de Gabriel
Almond, qui emprunte lui même à la théorie fonctionnaliste de Talcott Parsons et à la
théorie systémique de David Easton. Confrontés à la difficulté dappliquer aux
nouveaux pays, les concepts habituels liés à lÉtat et aux institutions formelles
qui constituaient les thèmes de prédilection de lapproche institutionnelle
dominante aux États Unis jusquà la seconde guerre mondiale, les théoriciens du
développement politique ont cherché à forger des concepts permettant de saisir toutes
les situations, occidentales comme extra occidentales. Almond donne une conception
synthétique de son approche, qui montre sans équivoque, lampleur de cette ambition
: Toutes les sociétés disposent de systèmes politiques, qui permettent la formulation
et la poursuite des intérêts collectifs. Ces systèmes comportent des structures
diversifiées et ces structures remplissent des fonctions (Almond, 1974 : 4). Celles-ci
peuvent varier, mais pas le schéma global, ce qui permet à Almond et ses collègues, de
traiter dans une même perspective, à la fois la France, la Grande Bretagne, lURSS,
la Chine, le Mexique et la Tanzanie, tout comme ils auraient pu traiter de lÉgypte
ou de la Somalie. Létude du développement politique a tendu de ce fait, à montrer
que les systèmes africains étaient surtout différents de par le degré de leur
développement politique, mais quen réalité, ils se situaient quelque part sur le
chemin de la modernisation et étaient engagés dès lors, dans le même processus de
modernisation que celui par lequel sont passés les systèmes occidentaux.
Cette conception dénote de lambition de ces concepts, destinés à rendre possibles
des travaux de grande portée comparative, réunissant tous azimuts, pays socialistes,
démocraties avancées, pays autoritaires et sous développés placés sur une échelle
dévolution. Le modèle est en ce sens évolutionniste dans la mesure où ces
systèmes étaient considérés comme placés selon leur niveau, sur un continuum dont
laboutissement est le développement politique. Ce modèle est aussi ethnocentrique
puisque le mieux être politique est assimilé à la situation américaine vers laquelle
toutes les sociétés sont supposées tendre, comme on a pu le voir avec le concept de
culture civique. Dans les travaux dAlmond et Verba (1963), ainsi que Pye et Verba
(1965), on voit globalement une explication du potentiel démocratique du tiers monde
mesuré en termes décart entre leur culture (plutôt paroissiale) et la culture
civique (démocratique). On ne peut faire ici abstraction des critiques formulées contre
ce modèle, en raison entre autres de son ethnocentrisme, de son évolutionnisme et de ses
prétentions explicatives si larges, que dans le cas de lAfrique, il na pas
permis de saisir la vraie nature du politique. Badie note par exemple que la
culture civique est assimilée à une somme de comportements
individuels (observés dans les démocraties occidentales) envers la démocratie tels
quils sont isolés par le sondage; elle ne laisse donc aucune place ni aux
institutions, ni à leffet propre des interactions sociales, considérées comme le
pur reflet des comportements individuels . ( 1993 : 46-47 et 43-47). Guy Hermet
remarque également que louvrage de Almond et Verba repose sur des enquêtes,
basées elles mêmes sur des questionnaires qui reflètent avant tout le système de
valeurs de leurs auteurs ( 1986 : 86 et suivantes). Le modèle Centre-périphérie
découle de la critique de ce modèle.
1-2 Le modèle développementaliste Centre-périphérie
Ce modèle est une variante des théories développementalistes quil entendait
cependant dépasser, notamment dans ses ambitions explicatives de grande portée, mais
toujours avec une vision universaliste du développement politique. Dans cette perspective
centrée sur lAfrique, la modernisation est définie à partir dun critère
qui se veut universel, applicable en tous lieux et en tous temps. Ce critère, cest
la construction dun Centre qui parvienne à assurer son hégémonie sur les
périphéries. Cette question de la construction dun Centre est au cur de
nombreux travaux aujourdhui classiques de Bendix, Rokkan ou encore Elias.
Sinspirant de Christian Coulon (1972) Bertrand Badie relève que dans ce modèle,
on peut ainsi considérer que la construction dun centre se ramène à
létablissement dinstitutions ou de valeurs destinées à assurer
lorganisation globale dune société indépendante, délimitée par un cadre
territorial précis, et jusque là caractérisée par une très forte atomisation du
pouvoir et une très faible coordination entre ses diverses composantes ( Coulon, 1984 :
112).
Lallégeance des périphéries au centre implique de fait laffaiblissement des
allégeances tribales et communautaires. Ce modèle a servi à trouver un nouveau mode
dinsertion de lAfrique dans les études comparatives, avec la même arrière
pensée ethnocentrique. Badie montre ainsi comment dans ces études, comme celle de
Aristide Zolberg, lidée sest imposée selon laquelle centre et périphérie
correspondent respectivement à la modernité et à la tradition, le passage à la
première se faisant sur les cendres de la seconde (Zolberg, 1968). Ce modèle a inspiré
le développement de la théorie de la dépendance, qui eu beaucoup de succès dans les
milieux intellectuels africains de gauche, séduits par lexplication en termes
dimpérialisme et de domination qui lui était sous-jacente. Il suffit de rappeler
le nom de Samir Amin pour se dispenser ici de longs développements sur ce modèle qui, si
on veut faire vite, explique le sous développement de lAfrique par la nature de son
insertion en tant que périphérie dans le système mondial dominé par le Centre
Européen. Mais une autre thématique qui a été encore plus comparative sur
lAfrique est celle de lÉtat et du pouvoir.
1-3 Les cadres conceptuels sur lÉtat et le pouvoir africains
Lapplication des schémas développementalistes à lAfrique était partie du
constat quil était difficile den comprendre les dynamiques et de confronter
ses pays aux autres en utilisant les concepts institutionnels classiques. Elles nont
pas pour autant mis un terme à lapplication de lapproche institutionnelle,
notamment dans son aspect positiviste. Celle-ci sest traduite par la multiplication
détudes formelles, centrées sur les architectures constitutionnelles et le droit
proclamé.
Dans cette perspective, on a considéré nombre dEtats comme démocratiques en se
référant aux constitutions qui prévoyaient généralement le multipartisme et les
libertés caractéristiques dun Etat démocratique. Mais on sest rapidement
rendu compte des avatars dun pur positivisme et dun pur formalisme puisque le
droit proclamé était loin dêtre appliqué et respecté (Du Bois De Gaudusson,
1996 : 250).
Les études dinspiration plus sociologique que juridique ont ainsi voulu
sinterroger sur la réalité du droit en Afrique, en ne se contentant plus des
proclamations et des dispositions formelles. Très souvent, les analystes ont ainsi pris
le contre-pied des études précédentes, et la plupart des travaux sur lEtat sont
caractéristiques dune approche qui tend à nier au droit, toute pertinence dans les
contextes africains.
Ces travaux sont aussi ceux qui sont allés peut être le plus loin dans la comparaison
avec essentiellement deux axes de réflexion cherchant :
- soit à montrer la spécificité de lAfrique et de ses
trajectoires
- soit à dégager des invariants de la politique africaine
En considérant le premier axe, on imagine tout de suite que les principales hypothèses
qui la sous-tendent sinscrivent dans une perspective culturelle. Cest le cas
de la problématique de limportation des modèles institutionnels abondamment
traitée à la suite notamment dun auteur comme Badie, soucieux de montrer que
lÉtat est une construction occidentale singulière et que par conséquent, il est
exogène dans le contexte africain (1987; 1992).
Cette posture est commune à de nombreux autres modèles comparatifs, et lorsquon
évoque lEtat prédateur (Darbon, 1990), la politique du ventre (Bayart, 1989), la
criminalisation de lEtat (Bayart, Ellis, Hibou, 1997), on met aussi en avant
lextériorité de lÉtat, et le titre lÉtat en Afrique de Bayart est
significatif de cette idée de greffe.
Mais nous entrons déjà ici dans le second axe, celui des travaux cherchant à mettre en
exergue des invariants de la politique africaine, voire du politique en Afrique. Cet
invariant, cest la politique du ventre chez Bayart, qui trouve dans ce concept une
african way of politics , mais se défend paradoxalement dy voir une
forme de gouvernementalité propre à une culture traditionnelle impossible à contourner.
Cependant, on retrouve bien lidée dinvariant même lorsque voulant nuancer
son propos, il dit que lAfrique ne mange pas de manière uniforme
(1989).
Linvariant, cest aussi le néo patrimonialisme chez Médard qui estime que
le patrimonialisme constitue le commun dénominateur de pratiques diverses si
caractéristiques de la vie politique africaine à savoir le népotisme, le clanisme, le
tribalisme , le régionalisme, le clientélisme, le copinage ,
le patronage, le prébendalisme , la corruption, la prédation, le
factionnalisme, etc., quelles soient fondées sur léchange social (parochial
corruption) ou sur léchange économique (market corruption). Le type idéal de
patrimonialisme a lavantage de permettre de subsumer ces diverses pratiques dont
certaines se recoupent dailleurs largement sur la base de la confusion entre privé
et public (Médard, 1991). Il cite par ailleurs Zaki Ergas pour lequel on
peut soutenir dune façon convaincante que dans virtuellement tous les États
africains, les relations État-société se définissent en premier lieu par le
patrimonialisme. Les États africains peuvent varier dans leur idéologie, leur
développement économique, leur style de leadership, mais ils ont tous dune façon
significative, un noyau patrimonial commun (Ergas, 1987 : 2)
On traite toujours de lÉtat, mais la perspective devient plus anthropologique dans
le sens où ce sont les pratiques prédatrices, la corruption, le clientélisme, le
patronage qui sont indexés. Ces invariants expliquent le caractère évanescent du droit
et des institutions, plus formels que réels et submergés par des pratiques reflétant
une logique qui rend difficile leur bon fonctionnement. Si ces démarches ont été
parfois sévèrement critiquées (Tshyembe, 1998 : 101 et suivantes) parce quelles
semblent réduire la complexité de la réalité, confortant la croyance souvent répandue
que lAfrique est une entité homogène, il nen reste pas moins que
lidentification de ces invariants a conforté lentreprise comparative, soit
entre pays africains, soit entre ces pays et ceux dautres cieux. Ainsi que le montre
Giovanni Sartori par en effet, limportant est de retenir que comparer,
cest à la fois assimiler et différencier par rapport à un critère. Si deux
entités sont semblables en tout point, si leurs caractéristiques saccordent, alors
elles constituent la même entité. Si dautre part, deux entités diffèrent à tous
les niveaux, alors leur comparaison na aucun sens. Les comparaisons dans lesquelles
nous nous engageons effectivement sont des comparaisons entre entités dont les attributs
sont en partie partagés (semblables) et en partie non partagés (nous les dirons alors
incomparables) (1994 : 22-23).
2- LE DOUBLE CHANGEMENT EPISTEMIQUE ET PHYSIONOMIQUE INTRODUIT PAR LA
TRANSITOLOGIE
Avec la thématique de la démocratisation, le projet comparatif devient encore plus
explicite et marque un réel changement épistémologique. Mais le changement est aussi
dans la physionomie des comparatistes, puisque la participation des africains est plus que
jamais en progression.
Il est important de rappeler que les études comparatives que lon rapporte ici au
concept de démocratisation ne remontent pas seulement à 1990. Bien avant la vague de
démocratisation, les réflexions sur la société civile, les formes dexpression du
politique et de résistance aux régimes autoritaires ont balisé le terrain en offrant
des cadres pouvant guider des études monographiques, mais aussi comparatives.
2-1 La thématique du rapport État-société
Les travaux précurseurs qui viennent à lesprit sont dabord du côté
franco-africain, lécole de la revue Politique Africaine,
avec létude des modes populaires daction politique et du politique par le
bas, menées par Jean-François Bayart, Achille Mbembé et Comi Toulabor (1992).
Dautres études ont permis de mettre à jour ce que Denis Constant Martin appelle
les objets politiques non identifiés (OPNI) et de renouveler des travaux qui se
sclérosaient à force détudier lÉtat et les objets politiques classiques.
Du côté africain, dans la même lancée des études comparatives centrées sur la
société civile, on ne peut pas manquer de relever louvrage précurseur édité par
Peter Anyang Nyongo, Popular struggles for democracy in Africa (1987). Les
différents contributeurs de cet ouvrage analysaient alors notamment limpact
politique de la crise que traversait lAfrique durant la décennie quatre-vingt, mais
constataient aussi dès cette époque, lémergence de révoltes et de revendications
démocratiques.
Aux États-Unis, ce souci de la société civile avant même la vague démocratique était
présent, donnant lieu à des travaux comparatifs de la part de nombreux auteurs parmi
lesquels on peut arbitrairement citer Naomi Chazan et Donald Rothchild, qui mettaient en
avant lexistence dorganisations de la société civile, même si leur
autonomie par rapport au pouvoir dÉtat était bien précaire (1988). Ce souci
daller voir autre chose que lÉtat est aussi par exemple celui de Michael
Bratton ( 1989) et cette thématique ne sera que plus abordée avec louverture
politique des années 90 sur le continent.
2-2 La thématique de la démocratisation
A partir des années 90, lémergence des mouvements de revendication démocratique
et le déclenchement des processus de transition politique ont permis dune part, de
placer lAfrique, aux côtés de lEurope de lEst, au coeur de la
politique comparée internationale si lon juge par le nombre de travaux
extérieurs, américains et européens notamment et les revues internationales
dans lesquelles ils paraissent. Dautre part, ces phénomènes ont permis aux
politistes africains, doccuper une place importante dans ce renouvellement
épistémologique. Il suffit pour prendre la mesure de ces deux dynamiques, de consulter
un bilan qui date de 1995, mais qui montrait déjà limportance du nombre de travaux
sur la question (Buijtenhuijs, Thiriot et Faure, 1995).
Il est vrai que les travaux sur la démocratisation sont en grande partie des
monographies, mais ces monographies sont importantes car ce sont elles qui fournissent le
matériau de base des analyses comparatives. Depuis une dizaine dannées, ces
études comparatives se sont multipliées sous la forme douvrages collectifs
rassemblant des monographies parallèles, qui ne manquent pas pour autant
dintérêt. Cest le cas par exemple de lAfrique Politique, publiée par
le Centre détude dAfrique Noire de Bordeaux qui chaque année, fait un point
thématique sur plusieurs pays. Cest le cas aussi de certaines publications du
Codesria, très actif sur le plan de la publication.
Les études comparatives se sont aussi multipliées sous la forme de contributions à des
revues spécialisées comme Africa Demos, Démocraties Africaines; un peu moins
spécialisées comme Africa, Review of African political Economy, le Journal of modern
African Studies, Politique Africaine, Africa insight; ou internationales comme la Revue
Internationale des Sciences Sociales, la Revue Internationale de Politique Comparée,
lAmerican Political Science Review, world politics
On pourrait continuer cette recension qui montre linsertion de lAfrique dans
la politique comparée internationale comme la place des africains dans cette dynamique,
même si elle est encore à conforter : Boubacar Issa Abdourahmane et Ivan Crouzel ont
ainsi montré que les contributions africaines à la revue Politique Africaine restent
largement marginales par rapport aux contributions européennes (1997).
Mais lentreprise comparative se voit aussi à travers des ouvrages qui sortent du
lot par leur démarche authentiquement comparative, quils soient le fait
dAfricains ou non. On peut citer Les mirages de la démocratisation en Afrique
subsaharienne francophone de Francis Akindès, lanthropologie de la colère de
Célestin Monga, Les conférences nationales en Afrique, une affaire à suivre de Francis
Éboussi Boulaga, le Democratic experiment in Africa, regime transitions in comparative
perspective de Bratton et Van de Walle. On peut aussi relever les nombreux ouvrages
portant soit sur des comparaisons binaires, soit sur des comparaisons globales et traitant
de sujets aussi divers que les élites, la société civile, les femmes en politique
Le renouvellement et la vitalité des études sur cette thématique sont donc
incontestables, même si les reflux démocratiques enregistrés après la vague
deuphorie ont eu pour effet, de tempérer certaines ardeurs. Mais ces cas
contrastés constituent eux mêmes pour les comparatistes, de nouvelles préoccupations
car la comparaison vise par essence, à trouver des régularités et des distorsions entre
les cas en vue de parvenir à des généralisations et des transformations théoriques.
III - UNE CONTROVERSE RECURRENTE AUX IMPLICATIONS EPISTEMOLOGIQUES IMPORTANTES :
LAFRIQUE EST-ELLE UN OBJET DETUDE BANAL OU SINGULIER ?
Cette controverse renvoie à un dilemme étroitement lié à la politique comparée elle
même, indépendamment de son application aux seuls contextes africains, et ce dilemme a
trait a la tension entre universalisme et relativisme culturel que Daniel-Louis Seiler
entre autres a bien mis en évidence (1994 : 94 et suivantes). En dautre termes, la
question préalable à toute comparaison est celle du choix dune de ces postures,
car les implications épistémologiques sont directes : quel cadre théorique adopter?
Peut on insérer les cas étudiés dans des ensembles plus vastes? Peut on partir des
conclusions et des généralisations tirées dexpériences localisées dans des
espaces politiques, géographiques et culturels différents? Est il légitime
détudier les cas différents avec les mêmes concepts ?
On laura compris, les études africaines sont particulièrement au centre de ce
débat, notamment en raison de la faiblesse de lappareil théorique local et de
lextraversion conceptuelle que nous relevions au début de ce travail. La
thématique de la démocratisation en vogue actuellement dans les travaux sur
lAfrique est un bon terrain de discussion de cette controverse entre les tenants de
la spécificité et ceux de la banalité. Dans le premier cas, on estime que
lAfrique est un objet à part et que par conséquent, elle doit être étudié avec
des outils théoriques spécifiques. Dans le second cas, on estime que les contextes
africains sont perméables aux mêmes constructions théoriques et aux mêmes appareils
conceptuels comparatifs que tout autre objet, sans perdre leur part de spécificité.
Une autre controverse est relative à la légitimité de ceux qui étudient
lAfrique. Il y a dune part, ceux qui pensent en gros comme Zeleza, que
lAfrique est construite et reconstruite pour représenter une image négative qui
reflète ce que nest pas lEurope. Pour lui, tout le discours est destiné à
valoriser et affirmer la supériorité occidentale tout en labsolvant de sa violence
existentielle et épistémologique envers lAfrique (1997 : iii). Dautre part,
il y a les universalistes qui croient quAfricain ou pas, les chercheurs ont tous un
droit et la possibilité intellectuelle détudier lAfrique et de produire un
savoir indépendamment du vécu. Mais cest là un autre débat que nous ne
prolongerons pas ici, préférant rester sur le terrain de ladaptabilité des
concepts.
Pour mieux saisir cette question de la possibilité ou non détudier lAfrique
avec des schémas généraux, revenons aux controverses sur cette question entre
transitologues. Terry Lynn Karl et Philippe Schmitter, deux auteurs qui ont énormément
contribué à la construction de la matrice conceptuelle qui guide la recherche
aujourdhui, ne croient ni aux limites culturelles chères à un auteur tel Bertrand
Badie, ni à la thèse de lincommensurabilité des concepts que certains trouvent
trop idiosyncrasiques pour permettre la comparaison. Ils rejoignent en cela un des grands
comparatistes quest Sartori. Celui-ci montre la filiation de cette thèse avec les
propositions épistémologiques de Fayerabend selon lesquelles les concepts sont
indissociables de contextes particuliers, de sorte que la comparaison de deux contextes à
partir des mêmes concepts est impossible. Sartori réfute cette position et se prononce
pour une stratégie qui surmonte le fossé entre approches idéographiques (qui
privilégient la singularité) et nomothétiques (qui cherchent la généralité).
Lincommensurabilité sapparente pour lui à de lacharnement (1994 :
30-32).
Au contraire à la fois de la thèse de lincommensurabilité et de la perspective
plus culturaliste de Badie, qui insiste sur les limites de la comparabilité des
trajectoires historiques en se demandant si les variables explicatives sont indépendantes
des cultures propres aux objets détude (1992 : 367), Schmitter et Karl ont une
vision plus universaliste (1994). Leur conviction selon laquelle les outils de la
transitologie sont applicables ailleurs, en Europe de lEst comme en Afrique a été
qualifiée darrogante et dimpérialiste par Valerie Bunce, spécialiste de
lEurope de lEst, qui plaide pour les area studies du fait selon
elle, de lirréductibilité des situations de cette partie du monde aux
constructions conceptuelles élaborées à partir dautres expériences (1995). Elle
a suscité une réplique des plus convaincantes de Schmitter et Karl, qui rappellent
quétudes comparatives et études régionales ne sexcluent pas, mais surtout
que limportance des différences ninvalide pas à priori lambition
comparative. Considérant quen refusant la comparaison des deux univers, Bunce
senfonce dans la tradition disolation que les régimes communistes ont
imposée aux chercheurs de lEst, ils rejettent tout rideau conceptuel, par analogie
au rideau de fer (1995). Karl et Schmitter pourraient trouver un défenseur en Guy Hermet
qui fustige les tenants de spécialités géographiques acquises à vie, dans un
éloignement croissant des débats de la science politique et sous le couvert de
lincommunicabilité du savoir ainsi conquis (1997 : 257).
Les concepts nont certes pas une élasticité infinie, comme Sartori nous en avertit
à la suite de Przeworski et Teune (1970) et leur utilisation dans des contextes
différents de ceux dont létude a permis la construction impose la vigilance comme
le montrent Dogan et Pelassy (1981 : 28-31). Cependant ils peuvent voyager, dautant
quils nexcluent pas la prise en compte des contextes particuliers quils
contribuent au contraire, à rendre plus intelligibles alors quen retour, ceux-ci
permettent daffiner les constructions générales.
Il semble donc que deux arguments au moins militent en faveur de la position défendant
une banalité de lAfrique en tant quobjet de recherche, et un jalon a été
posé dans ce sens par la revue Politique Africaine dont le numéro 69 appelle à traiter
les élections africaines en tant que élections comme les autres (Quantin,
1998). Le premier est réaliste dans la mesure où au regard de la faiblesse, voire de
linexistence de schémas théoriques spécifiques, la marge est limitée. Le second
est épistémologique car lutilisation des constructions générales est le meilleur
moyen daborder les objets localisés, à condition bien entendu de savoir que
lélasticité des concepts a des limites et que chaque contexte garde une part
dinsoluble. Quant à la position culturaliste, on peut lui concéder que ce concept
nest pas à jeter, selon lexpression de Bayart, tout en se démarquant de la
singularité culturaliste qui, ne saffranchissant pas suffisamment dun
postulat dhomogénéité de la culture oublie son caractère dynamique, construit et
hétérogène dans tout contexte que montrent de nombreux travaux (Martin, 1992; Otayek,
1997).
Wosene Yefru par exemple (qui ne parle cependant pas spécifiquement de paradigme en
politique comparée, mais traite de questions économiques et politiques en général),
appelle à lélaboration dun paradigme afro centré, enraciné dans la culture
africaine et débarrassé des prémisses épistémologiques extérieures (2000 : 375 et
suivantes). Soit, mais cest oublier la diversité culturelle africaine ainsi que les
connexions épistémologiques nécessaires et du reste inévitables, sans compter la
question méthodologique de la distance qui pose une interrogation essentielle : les
chercheurs africains sont ils forcément les mieux placés pour produire un savoir sur
lAfrique ? La place de lAfrique dans la politique comparée est
incontestablement à reconstruire, quelle soit considérée comme sujet ou comme
actrice, et ce nest ni le repli épistémologique, ni la capitulation théorique et
conceptuelle qui serviront cet ambitieux projet.
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