PENSER LES RELATIONS INTERNATIONALES AFRICAINES :
des problèmes aux philosophèmes politiques aujourd’hui

 

par André-Marie YINDA YINDA
Université de Yaoundé I/GRAPS

 

 

Le renouvellement épistémologique et les recompositions politologiques qui sont issus des transformations en cours dans le système international postbipolaire posent ensemble à l’analyse philosophique-politique au moins deux situations critiques : leur irruption inédite dans le temps et leur mobilisation fluide dans l’espace. La première, recouvrant l’idée de contingence historique, est perçue et vécue comme un phénomène tout à fait inattendu voire une surprise pour la modernité et sa foi en la nécessité du sens de l’histoire, en son progrès logique et en l’absoluté du principe de l’Etat. Désormais la ruse semble avoir subvertie la raison dans l’histoire. Et la philosophie de l’histoire hégélienne constitue le moment par excellence où s’assume cette contradiction. (Habermas, 1981b : 950-969 ; 1988). La seconde situation critique, entre flexibilité et fugacité, met à mal le principe d’identification du mouvement dans l’espace par sa capacité de contraction et d’ubiquité qui tend à nier le mouvement, la distance et la durée (Bensaïd, 1997), rappelle de manière aporétique les paradoxes du mobilisme de Zénon d’Elée et enfin redonne du relief aux arguments relatifs à l’achèvement de la souveraineté (Mairet, 1997 : 162-181). Ces deux situations installent ainsi la philosophie politique contemporaine dans l’inconfort d’une modernité nostalgique où espace et temps demeurent " les formes a priori de la sensibilité " (Kant, 1997) et conditionnent encore la possibilité du rapport à l’expérience fut-elle politique (Renaut, 1997 : 456-491).

L’essentiel de ce débat contemporain porte précisément sur la détermination du contenu du concept politique moderne en face de sa variante – pour ne pas dire son succédané critique – postmoderne (Habermas, 1981a : 3-22) ainsi que sa capacité – davantage de son incapacité – à dégager, sans médiation, le sens de l’histoire et la nécessité corrélative de l’Etat (Aron, 1938 ; Weil, 1956) d’une part et d’autre part l’universalité de la géopolitique westphalienne et la rationalité de la souveraineté (Delsol, 1998 : 67-78 ; Mairet, 1997 : 185-303). Or en postulant la viabilité de l’argument de la médiation épistémologique et politologique – par le truchement des sciences et des exercices politiques-, deux catégories de textes relativement récents issus des transformations des relations internationales post-guerre froide pourraient constituer un matériau d’élaboration philosophique-politique fécondant de nature à historiciser la contextualité temporelle du nouveau système international et à identifier les trajectoires de sa mobilité spatiale afin de permettre au concept politique moderne et postmoderne de se déployer avec sens dans le nouveau monde en mutation.

La première catégorie de textes comporte deux articles issus d’un ouvrage collectif sur ce qu’il est désormais convenu d’appeler les nouvelles relations internationales (Smouts, 1998) : le premier article, " la mutation d’un discipline " (Smouts, 1998 : 11-33), est une introduction qui met en perspective les jeux et enjeux épistémologiques des relations internationales post-bipolaires – et post-non-alignement, quoique implicitement – tandis que le second, la conclusion, " De la crise d’une discipline à celle d’une époque ? " (Hassner, 1998, : 377-396) établit, à partir d’une interrogation rhétorique, le lien logique et chronologique qui relie crise de l’ordre politique mondial (politologique) et crise de la philosophie politique (épistémologique).

La deuxième catégorie de textes, à situer au milieu de la première, est en réalité constitutive d’un article unique portant sur l’analyse de la sociologie des relations internationales africaines. Elle est articulée en deux mouvements diachroniques autour de l’objet Afrique dans l’étude des relations internationales de " l’ère classique à l’ère globale ". " l’Afrique dans la science des relations internationales : notes introductives et provisoires pour une sociologie de la connaissance internationaliste " (Sindjoun ; 1999a) se distingue par sa " sociogenèse " et sa " sociodynamique ".

Si l’objectif de la première catégorie de textes d’être "aussi claire et pédagogique que possible" (Smouts, id. :13) en sachant qu’"on ne peut pas parler de la théorie des relations internationales et de sa crise sans déboucher sur celles de l’ordre mondial et de la philosophie politique" (Hassner, id. : 378) est à inscrire dans une ambition d’universalité épistémologique, si également l’objet de la seconde catégorie questionne cet objectif à partir d’une interrogation vraisemblablement "banale" mais véritablement "exceptionnelle" – restituant ainsi l’appartenance de son particulier à l’universel épistémologique – à savoir "comment rendre compte dans une perspective réflexive des relations internationales à partir de l’objet Afrique?" (Sindjoun, id.:1), si enfin les objections que l’insertion de la deuxième catégorie de textes au cœur de la première soulève ne sont pas directement comptables du point de vue de la philosophie politique, comment dès lors en discuter avec intérêt, cohérence et pertinence ? Pourquoi d’ailleurs inscrire le " particulier " Afrique au cœur du débat ? Quel sens donner enfin à ces trois hypothèses qui " retournent " (Badie et Smouts, 1992) le monde actuel ?

Il convient dès lors de dégager–pour la distinguer–la trajectoire politologique fondamentale de ces trois interrogations épistémologiques, de la réinvestir philosophiquement et de la mobiliser dialectiquement autour des deux échéances logiques et chronologiques qui en sont constitutives (moderne : ère classique/postmoderne : ère globale) et à partir desquelles le terrain africain se dévoile comme un lieu et une occasion de mise en évidence des opportunités et possibilités politiques inédites. Il convient également de constater – pour ne pas tomber dans le piège de la fascination de l’inédit – que cette trajectoire politique moderne et postmoderne "  s’avance masquée " : sous le couvert du projet de reconstruction de l’ordre politique du monde – le néo-libéralisme démocratique et ses " drivers " dont parle Fukuyama (2000 :11-17) – se jouent aujourd’hui, dans une tension entre le particulier et l’universel, les processus de reconfiguration des nouveaux rapports de pouvoir parmi les nations et entre les hommes (Toffler, 1980 ; Huntington, 1991) avec des conséquences éthiques ambivalentes (Bruckner, 1994).

Dans la tension universel (monde)/particulier (Afrique), l’enjeu fondamental de cette reconfiguration est marqué par le passage progressif et interactif de la modernité à la postmodernité à travers au moins quatre niveaux conceptuels et processuels décisifs : du déni au défi, de la domination à la communication, de la violence à la tolérance et de la crise globale à la prise du pouvoir local. Une telle reconfiguration politologique procède de la rencontre des obstacles liés à l’étude et à la pratique rationnelle du pouvoir moderne dans les relations internationales en Afrique (I) et débouche logiquement vers un effort de maîtrise de ces problèmes par la domestication des opportunités et possibilités philosophiques-politiques postmodernes pouvant permettre à l’Afrique de réinvestir avec assurance et espérance la nouvelle dialectique espace/temps du monde présent et en devenir (II).

Le rapport aux textes à commenter s’inscrit de ce point de vue dans une logique de médiation pour comprendre philosophiquement le mouvement politique de l’ordre du monde. Il tient ainsi d’abord sur une double démarche simultanément articulée autour de l’interprétation et de la discussion de rigueur dans la méthodologie philosophique (Wunemburger et Folscheid, 1996 : 1-140), ensuite est gouverné par la méthode propre de la philosophie politique (Strauss, 1982 ; Ferry, 1985 et Ruby, 1996) et enfin reste ouvert à d’autres univers de significations du même ordre. Il s’agit pour ainsi dire d’une opération dialectique faite de déconstruction et de reconstruction politologique qui se met en place et voudrait animer ce rapport politique de l’Afrique au monde, et réciproquement, non seulement sans frontière étanche ni hiérarchie exclusive mais aussi et surtout en rupture avec le schéma platonicien – dialectique ascendante/descendante partant de la doxa à l’épistemè en passant par la dianoïa (Platon, 1990 ) – et en culture chez Dobry (1992) à partir d’où il serait logiquement possible de construire une dialectique des mobilisations multidimensionnelles et interactives sans pôle unique de référence à l’œuvre par exemple dans la communication interculturelle sur les droits de l’homme chez Habermas (1998 : 249-253)

En ayant à l’esprit la difficulté méthodologique induite par l’entremêlement des liens entre l’objectif, l’objet et les objections issues du rapport entre les textes, le présent commentaire nouera ses trajectoires autour de quelques lieux politiques décisifs dans la construction internationale de l’Afrique. Il sera ainsi davantage un travail de politologie que d’épistémologie à l’inverse de l’esprit des textes sur lesquels il porte.

 

I - PROBLEMES : DES AMBIGUÏTES DE LA MODERNITE POLITIQUE EN AFRIQUE

Une critique de la modernité politique africaine suit nécessairement les mouvements et usages de la raison d’Etat en colonie et en postcolonie dans ses réinventions et rejets (Bidima, 1993; Mbembé, 1996). Les relations internationales africaines, considérées comme l’une des modalités – drainant du même coup les autres modalités – de cette modernité politique, dévoilent de ce point de vue la mise en œuvre ambiguë de ce projet historique coloniale et postcoloniale dont il s’agit d’analyser les fondements et mouvements actuels.

 

1. " Sociogenèse " de l’Afrique dans les Relations Internationales :

L’analyse des fondements et processus de légitimation de l’objet et du sujet Afrique dans l’étude et la pratique des relations internationales correspond à ce que Sindjoun désigne par " sociogenèse " du fait de sa propre filiation sociologique. Mais au-delà du contenant épistémologiquement marqué, le contenu de cette " sociogénèse " est fortement politologique. Et c’est la combinaison du contenant et du contenu qui permet de constater que cette " sociogénèse " est déterminée par deux considérations théoriquement distinctes mais pratiquement imbriquées : à savoir d’une part la nature problématique du domaine d’étude et d’action que sont les relations internationales et d’autre part l’historique exceptionnelle ou marginale de l’Afrique à l’intérieur de ce domaine complexe.

a) Le problème des relations internationales :

En s’interrogeant en sens inverse sur l’affirmation de Spinoza selon laquelle "l’ordre et la connexion des idées est le même que l’ordre et la connexion des choses", Hassner (1998 :377) voudrait, d’entrée de jeu, attirer l’attention sur le présupposé théorique et pratique des relations internationales qui atteste que : " il est vain…d’espérer clarifier tout à fait cette matière foisonnante en la répartissant en catégories " (Sindjoun, id. :1 citant Huntzinger, 1987 :13). L’univers des relations internationales apparaît d’emblée bien complexe et immense. Les acteurs et actions internationales à étudier sont difficiles à quantifier et à qualifier avec précision et rigueur.

Cette difficulté à identifier avec exactitude et quiétude la nature des fonctions et implications de l’objet et du sujet dans les relations internationales est un problème fondamental. En effet, elle pose à la réflexion philosophique sur les sciences une question traditionnelle que Smouts formule ainsi : " peut-on étudier le comportement des acteurs [et des actions] internationaux de façon à faire apparaître des régularités et à dégager des lois permettant d’interpréter et surtout de prévoir ? " (id. :16). En prenant acte des termes de ce débat qui se poursuit sur des aspects plus abstraits et plus pointus, il semble bien vrai, au niveau du débat internationaliste, que les arguments militant en faveur d’une réponse sceptique à cette question philosophique soient les plus décisifs. Smouts elle-même met ce scepticisme sur le compte des " deux travers de la discipline des relations internationales : imprécision de l’objet et poids de l’américano-centrisme " (id. :12). L’objet scientifique et le sujet politique semblent avoir ainsi parti lié pour fragiliser la souveraineté et la légitimité des relations internationales.

Malgré ces obstacles épistémologiques et politologiques, il faut bien se résoudre à constater que ce scepticisme est à nuancer. A la suite d’un regain d’optimisme, Smouts précise en effet que les relations internationales en tant que discipline " offre un corpus, des problématiques, des concepts organisateurs permettant de comprendre et d’expliquer les nouvelles configurations d’acteurs [et d’actions] et, par là, de saisir les grandes tendances du monde " (id. :12-13). Somme toute, la discussion reste ouverte, le problème posé avec des solutions, opérations et résultats non définitifs. A partir de là, comment et pourquoi comprendre que c’est en des termes marginaux que l’Afrique a été pensée dans un domaine dont la détermination du contenu reste aussi problématique et ouverte ?

b) L’exception africaine des relations internationales :

Dans un contexte problématique et ouvert comme celui qui précède, l’Afrique aurait logiquement dû être un " objet [et un sujet] comme les autres " (Sindjoun, id. : 2). Mais le fait est qu’elle a été systématiquement minorée, très souvent ignorée jusqu’aujourd’hui. Sindjoun cite, entre autres textes d’illustrations, Smouts et ses Nouvelles relations internationales pour étayer ce diagnostic réactualisé (id. : 2) D’où procède donc cette exclusion ?

L’exception africaine dans les relations internationales semble tenir à "l’impensé réaliste" qui est constitutif de sa trame de fond. Dans cette tradition westphalienne (Thucydide, Machiavel, Hobbes, Clausewitz, Weber, Morgenthau, Aron, Kissinger, etc.), les lieux et moments de puissance sont privilégiés et légitimés en termes de ressources économico-politiques et diplomatiques diverses et de capacité militaro-stratégique en rapport avec l’Etat et au détriment d’autres aspects hors ou sous l’Etat. La colonie et la postcolonie en Afrique, avant et durant la guerre froide, ont constitué des terrains d’expérimentation de cette logique réaliste des relations internationales européo-centrées. Leur accession à la souveraineté internationale s’est opérée peu ou prou sous la tutelle des puissances de l’époque. Et " la bibliothèque coloniale " dont parle Mudimbe en était la vitrine.

Vue sous cette angle et sous d’autres, l’Afrique émerge non seulement comme un objet mais aussi et surtout comme un sujet banal et marginal. Sindjoun en arrive à proposer la modélisation de ce processus de marginalisation à travers la construction théorique – dont les fondements et trajectoires auraient également pu être présentés et discutés autrement avec intérêt – de ce qu’il nomme lui-même " la sociogenèse de l’exception africaine " dans les relations internationales. Celle-ci semble faite de l’idéologie européo-centrique et de la logique stato-centrique de la politique africaine (id. :4-16). Cette perspective dévoile en même temps la mise en forme de deux figures philosophiques de la politique africaine contemporaine qui seront déterminantes pour la saisie des transformations du nouveau monde postbipolaire. Il s’agit de la raison d’Etat et de la " crise " de l’Etat en Afrique comme nouvelles catégories d’analyse des nouvelles relations internationales d’essence non-occidentale. A partir de quels fondements et arguments l’Afrique peut-elle alors penser – en se pensant – ces transformations du système international de l’ère globale ?

 

2. "Sociodynamique" de l’Afrique dans les nouvelles relations internationales

L’articulation des situations de transformations de la scène politique internationale s’effectue aujourd’hui autour de nouveaux repères et réseaux que ni les schémas de la colonisation, ni les trajectoires de la postcolonisation n’arrivent à épuiser. La modernité politique africaine n’arrivent plus à gouverner l’analyse de ces nouvelles mutations. D’où l’obligation de chercher à cerner les trajectoires mondiales, universelles à l’intérieur de cette sociodynamique des nouvelles relations internationales afin d’en dégager par la suite les conséquences au niveau du particulier africain.

a) Métamorphoses inédites du monde :

Au cœur de la mondialisation, faite dialectiquement de la tension globale et des réactions locales, s’opère une combinaison des contraires et des interactions à l’issue encore imprécise : le chaos (Ramonet, 1997) et le sens (Laïdi, 1998) s’opposent, l’horreur (Forrester, 1996) et le bonheur (Minc, 1997) se défient ; le désordre et l’ordre interagissent chez Rosenau (1990 ; 1997) d’une part à travers le concept de " turbulence " que mentionne Sindjoun (id. : 24) et d’autre part dans la mise en évidence de la " tension entre les phénomènes d’intégration et de fragmentation  simultanément à l’œuvre " par le truchement du concept de " fragmegration" que Smouts qualifie, sur un ton ironique, de " lapalissade peu euphonique "  (id. : 23).

La subversion de l’ordre politique du monde moderne semble bien engagé. Si Smouts se résout à continuer à croire que " le système westphalien ne s’est pas écroulé, mais il s’est transformé " (id. :21), il peut être extrêmement difficile de démontrer comment la transformation radicale d’un système n’entraîne pas nécessairement et logiquement le passage d’un ordre ancien à un ordre nouveau. Hassner prend, quant à lui, acte de cette " métamorphose du monde " dont parle Bensaïd (1997). Selon lui, l’analyse de la politique internationale doit se situer aujourd’hui après Westphalie, " par-delà l’équilibre des puissances et la sécurité collective " (Hassner, id. : 378) et surtout dans une acception flexible " de la frontière " et fluide du " territoire " doublée d’une " remise en cause relative " de la construction de l’Etat dont la " crise de la souveraineté est constitutive " (Sindjoun, id. : 18-19).

En somme, il faut bien constater que " la fin de la guerre froide et l’accélération de la mondialisation " dont parle Smouts (id. : 26) font apparaître l’Etat moderne comme " une anomalie historique " (Hassner, id. : 385). Sont liés à cette disqualification historique de l’Etat : l’éclatement de son cadre conceptuel et factuel, le débordement de ses prérogatives, l’érosion et la fragmentation de ses valeurs et de sa légitimité, le travestissement de ses rapports avec les autres unités et réseaux politiques, etc. Après la phénoménologie de l’être de l’Etat à l’œuvre par exemple dans l’ontique de l’Etat d’Edith Stein, se dévoile aujourd’hui le signe d’une phénoménologie du disparaître de l’Etat. Dès lors quelle est la part des conséquences africaines dans cette mutation du monde moderne ?

b) Conséquences inédites en Afrique :

En faisant l’économie du nombre incalculable d’implications politiques dont les relations internationales africaines sont grosses aujourd’hui, la critique politologique retient un phénomène fondamental. En effet un certain consensus semble se dégager et faire converger diverses positions et opérations vers un objectif épistémologique communément partagé : " voir ce qui se joue derrière le terme Etat en Afrique ", comme le résume avec pertinence Sindjoun (id. : 16). L’Etat, comme catégorie d’analyse et d’action des nouvelles relations internationales en Afrique et en dehors cristallise de plus en plus les esprits. Aussi permet-il à la problématique majeure des conflits d’être abordée aussi bien en termes critiques – analyses des conflits internes uniquement sous le prisme de la désétatisation (Zartman, 95 ; Gonidec, 95 ; Badie, 95) – qu’en termes de réinterprétation et de réinvention – analyse des conflits comme lieux et occasions de manifestation du triomphe de la culture d’Etat. " Ces conflits, précise Sindjoun, portent généralement sur la conquête ou la conservation du pouvoir d’Etat et leurs cibles sont généralement constituées par les symboles de l’Etat " (id. : 16).

En tant que tel, l’Etat qui est considéré ailleurs comme une " anomalie historique " constitue désormais en Afrique une ressource épistémique et un moteur politique apte à éclairer et à évaluer les fondements et mécanismes de fonctionnement de l’Etat en dépérissement dans le nouvelles relations internationales. Celles-ci y trouveraient les raisons de son encrage résiduel – ou radical selon thèses néo-modernistes – dans la modernité et articuleraient son rapport à la postmodernité autour de ce nœud historique.

 

II. PHILOSOPHEMES : VERS LES OPPORTUNITES DE LA POSTMODERNITE POLITIQUE EN AFRIQUE

Sans engager ici une nouvelle discussion sur le " troisième débat " portant sur la théorie politique internationale de l’ère post-positiviste (Lapid, 1989 : 235-254), il s’avère que la " sociogenèse " et la " sociodynamique " de l’Afrique dans les relations internationales posent ensemble des problèmes de rationalité et d’objectivité dans l’étude comme dans la pratique. Il semble dès lors bien évident que la modernité politique qui en est le cadre historique n’arrive plus à satisfaire la critique philosophique. Pour sortir de cette impasse, Smouts signale que " le sujet est actuellement relancé, de façon parfois caricaturale, par les plus extrêmes des auteurs postmodernes pour qui, de toute façon, tout n’est que construction sociale, discours, textes à découvrir, sous-textes à déconstruire " (id. :17). Certes, elle indique incontestablement le créneau historique le plus viable des nouvelles relations internationales mais il n’en demeure pas moins qu’elle présente la postmodernité sous un aspect peu crédible voire ironique.

Or la postmodernité est une critique fondamentale de la modernité qui a pris des formes diverses. Que l’on pense aux diverses figures du traditionalisme, du romantisme, du nietzscheisme, de l’heideggerianisme. Et d’un point de vue socio-politique, on peut dire que les deux grandes cibles des critiques de la modernité furent l’hegeliano-marxisme et le pensée individualiste-libérale. Ce qui unit ses deux versants de la pensée moderne est précisément la croyance dans le progrès rationnel de l’Esprit objectif incarné dans l’histoire d’une part et d’autre part la confiance en l’Etat comme espace de réalisation du destin de l’homme. C’est cette philosophie de l’histoire et de l’Etat qui a déterminé le système westphalien et par la même occasion, l’a limité. La critique communautarienne qui rejoint, sur cette trajectoire précise, la perspective postmoderne relève que le cadre de déconstruction de la modernité passe par l’émergence d’une pluralité de rationalités, d’objectivités et de sens de l’histoire qui seraient conformes à l’ordre interne de chaque communauté politique particulière. Celle-ci serait fondée sur une construction propre de sa nature, de ses cultures et valeurs communément partagées. (Benhabib, 1989 : 373-394). Le monde serait ainsi une mosaïque de sociétés politiques autonomes et interactives sans hiérarchie ni pôle unique de référence. La trajectoire libérale de la formation du patrimoine constitutionnel commun des sociétés politiques (Sindjoun, 1997) apparaît à cet égard comme une parfaite imposture théorique inapte à se constituer toute seule en philosophie de la civilisation politique internationale.

La mondialisation inscrit les nouvelles relations internationales dans cette dialectique multidimensionnelle de la postmodernité. "Ce n’est pas le moindre des paradoxes de la mondialisation, que ce double encrage à la fois dans le marché mondial et dans les aspirations communautaires" affirme Smouts (id.: 27) à la suite de bien d’autres (Barber, 1996, Bach, 1998). Les logiques d’uniformisation et de fragmentation, d’unification et de parcellarisation charrient contradictoirement le nouvel ordre politique du monde et particulièrement en Afrique (Bach, 1998). Ici les logiques postmodernes s’affirment de façon plus prégnantes aussi bien dans le domaine de l’esthétique politique (Appiah, 1991 : 336-57) que dans celui de la pratique politique internationale (Bach, id.) et tirent – en même temps qu’elles les subvertissent – les logiques modernes à partir de quatre figures philosophiques-politiques : théorique, pratique, éthique et cosmopolitique.

 

1. Du déni au défi :

La possibilité de lire et de comprendre la globalisation en passant par les études politiques africaines est réelle et met du même coup fin à l’exception africaine dans les relations internationales. Elle permet à la fois d’enrichir la science de celles-ci et de revisiter son objet propre et ses objets particuliers dont l’Afrique prise comme élément interactif de l’universel, du global. Ainsi l’africanisme politique a notamment démontré avec succès que la frontière comme ligne de démarcation entre le dedans et le dehors n’était pas opératoire dans la plupart des sociétés (Sindjoun, id. : 21). Il est dès lors clair que, dans l’analyse des nouvelles relations internationales africaines, " l’écroulement de la distinction entre l’interne et l’externe tient aux identités éthniques transétatiques, aux flux migratoires ou commerciaux (échappant au contrôle de l’Etat), au resserrement de l’autorité de l’Etat autour des villes ou des régions économiquement utiles, généralement aux dépens des frontières ", (Sindjoun, id. : 21). Il procède incontestablement d’une interprétation postmoderne de part le décloisonnement et l’interactivité aussi bien des territoires d’action politique que des territoires d’analyse politique tout à fait à l’image de la méthode de P. Rosenau (1991) et Der Derian et Shapiro (1989).

De même, une analyse postmoderne sur les nouvelles relations internationales pourrait être menée à propos du discours connu sur la " crise " de l’Etat en mettant en parallèle les lectures africaines (Bayart, 1989; Sindjoun, 1998; Mbembé, 2000) et celles de l’occident (Reich, 1993 ; Strange, 1996; Badie, 1999). Toutefois, il convient, d’ores et déjà, de s’interroger sur les conséquences pratiques d’un tel renversement théorique.

 

2. De la domination à la communication :

L’héritage colonial et postcolonial tributaire du présupposé idéologique de l’universalité occidentalo-centrique des relations internationales a confiné l’Afrique à une évolution de la pratique politique internationale sous-tutelle à partir de l’ordre moderne westphalien. Avec l’éclatement des cadres d’analyse et d’opération routiniers de celui-ci et son adhésion à l’ère de la communication philosophique (Habermas, 1987), technologique (télécommunications, Internet) et scientifique (Morin, 2000), les échanges politiques africains ont désormais la possibilité inédite de se réorganiser sans contraintes absolues, d’opérer sans complexe et surtout de contourner sans conséquences irréversibles les travers de la modernité dont la figure la plus achevée reste la domination (Marcuse, 1965).

La communication entre divers domaines d’étude permet de penser ces nouvelles opportunités en les reliant et de les articuler autour la pratique de la politique internationale postmoderne. Smouts rappelle à cet égard " la nécessité d’un effort de conceptualisation empruntant tout autant à l’anthropologie politique qu’à la sociologie des mobilisations, à l’économie politique internationale qu’à la réflexion sur l’Etat et la philosophie politique… où des spécialistes d’ " aires culturelles " et spécialistes des relations internationales coopèrent quotidiennement " (id. : 29). Sindjoun reprend cette idée à son compte et la remobilise à nouveaux frais surtout lorsqu’il insiste sur la probabilité de la richesse des échanges entre les nouvelles relations internationales et l’anthropologie politique – vivace sur le terrain africain. Celle-ci, " permet, souligne-t-il, de renouveler l’analyse internationale à travers la redécouverte des rituels de la vie internationale (sommets des chefs d’Etat) , des totems des Etats (les drapeaux) et autres représentions diplomatiques (son théâtre ou sa mise en scène, le protocole, le langage réservé aux initiés, etc.) " (id. : 24). Ce dialogue des pratiques comme objets d’étude n’entraîne-t-il pas aussi celui des peuples en Afrique et/dans le nouveau monde ?

 

3. De la violence à la tolérance :

L’une des figures dominantes de la modernité en Afrique coloniale et postcoloniale se développe sous le masque sordide de la rationalisation de la violence, de la guerre comme objet de pensée et sujet historique ainsi que ses nombreux avatars. La guerre a atteint un niveau élevé d’opérationalité stratégique et technique sans précédent. Elle développe des mécanismes de fonctionnement organisés et intéressés et intrumentalise avec intelligence un discours de justification ou de diversion relativement maîtrisé à l’instar de l’idéologie du " génocide rwandais " dont le pouvoir militaire de Kigali use et abuse pour légitimer ses violences non seulement à l’intérieur du pays mais aussi et surtout à l’extérieur notamment dans le territoire de l’ex-Zaire.

Cependant l’analyse des conflits en Afrique aujourd’hui ne saurait se faire en rupture avec les transformations politiques du nouveau monde : la fin de la guerre froide et l’avènement des catégories d’analyse postmoderne ayant des implications éthiques décisives de nature à déterminer symétriquement la politique. Il faudrait dès lors se résoudre à dégager la transformation proprement postmoderne des analyses militaires de la politique internationale en Afrique et dans le monde contemporain : selon Hassner, " on serait tenté d’opposer un centre pacifique et une périphérie guerrière, s’il ne se trouvait que, précisément, les guerres de la périphérie ne sont pas de vrais guerres, du moins au sens clausewitzien et la paix du centre n’est pas une vraie paix, au moins au sens de la concorde et de la civilité. Dans les deux cas, il y a montée de l’insécurité " (id. :385).

Evidemment, l’on peut discuter de la pertinence des arguments de Hassner et même subodorer une forte survivance du fond idéologique de l’impensé réaliste entendu base du système international westphalien, occidental. En effet, le paradigme de Clausewizt n’est pas la mesure absolue de la définition de la guerre. Les guerres africaines nombreuses et destructrices, développent en leur sein des rationalités de violences qui, sans être clausewitziennes, portent atteinte à la paix et au conatus africain. De même la paix de l’occident peut être discutée à partir d’éléments autres que la concorde civile chère aux modernes ( Spinoza, Rousseau, etc.) tels que la tolérance. Walzer s’est fait le chantre de ce dernier concept moral à l’occasion de la transformation politique de la société mondiale contemporaine avec son Traité sur la tolérance (1998 : 36-40). Sans être postmoderne, il constate que "   le projet postmoderne élimine par avance toute idée d’identité commune et d’uniformisation du comportement ". Car citant lui-même J. Kristeva qui nous exhorte à regarder le monde comme entièrement constitué d’étranger " seul ce qui est étranger est universel " et à prendre conscience de l’étranger qui est en nous (1998 :13), Walzer affirme que la seule réponse décisive à la violence – donnée permanente de la vie sociale – reste son contraire intime : la tolérance.

Ainsi compte non tenu des discussions sur la pertinence des différents arguments subséquents à la position walzerienne, le fait est que le projet postmoderne de la tolérance est constitutif de la réponse au rejet de la violence moderne dans le monde et en Afrique. Se considérer comme étranger chez soi et citoyen du monde sont des raisons qui suffisent à réduire à néant l’essentiel des arguments qui expliquent ou justifient les guerres postcoloniales en Afrique et participent aussi et surtout d’une dynamique cosmopolitique dont l’Afrique est en quête sans cesser d’être soi.

 

4. De la crise globale à la prise du pouvoir local :

Après le constat selon lequel le caractère critique du monde moderne et la dimension multicentrée du monde postmoderne se traduisent par des stratégies de localisation fortes qui mettent en difficulté la dynamique de la globalisation, l’Afrique est désormais en présence d’une opportunité politique inédite, d’une chance historique unique à saisir. Elle n’en a pas encore tout à fait conscience certainement à cause du background de l’esprit de colonisé pouvant précisément faire l’objet d’une psychanalyse postmoderne (Lacan). Tout compte fait, l’Afrique concentre aujourd’hui entre ses mains, l’essentiel de son devenir, le pouvoir de s’ordonner par rapport à soi, de s’assumer comme tel dans une relation nécessaire avec le monde, cet universel éclaté.

La réflexion cosmopolitique ne s’oriente plus de ce point de vue vers la paix perpétuelle et l’universalité de la citoyenneté et de la république. Le fameux argument d’origine kantienne selon lequel : " les démocraties libérales ne se battent pas entre elles " ( Doyle, 1983 : 3-4) que Hassner rappelle – pour le remettre en question (id. : 383) – est du même coup mis en difficulté. Les possibilités et opportunités de paix et de guerre coexistent désormais partout et tout le temps sous des formes diverses des plus perceptibles aux plus insidieuses. Le retour de la mobilité de l’histoire (Parmentier, 1990) est entrain d’exorciser le spectre de la fin de l’histoire (Fukuyama, 1993) ainsi que les certitudes de ses lointaines modalités constitutionnelles du genre : " Globalisation de la démocratie et consensus constitutionnel (réel ou mimé) rendent incontournable la notion de patrimoine constitutionnel commun " (Sindjoun, 1997 :36). Fort heureusement, la furtive sensibilité postmoderne de sa pensée, à l’œuvre depuis le début de cette réflexion, permet à Sindjoun (1998) de s’éloigner du fantôme de Fukuyama notamment lorsqu’il relève la possibilité de " douter de l’efficacité du constitutionnalisme libéral [démocratique] dans certains pays d’Europe de l’Est et d’Afrique Noire " ( 1997 :36).

Une construction cosmopolitique à partir de l’Afrique prend ainsi acte des transformations postmodernes du monde actuel et envisage désormais de s’articuler autour non pas de la trajectoire de l’unité citoyenne universelle mais de la subsidiarité politique universelle. Il s’agit ici d’opérationaliser le potentiel politique africain – analysé antérieurement – ,aussi infime soit-il, pour en tirer la plus grande efficacité et le " mieux-être " (Aristote) dans la postcolonie et dans le monde. De même les différents rudiments philosophiques ci-dessus articulés (défi, communication, tolérance, prise de pouvoir local) doivent permettre la construction africaine d’un espace et d’un temps politique où leur identification plus symbolique que réelle favorisera les croisements et tensions multiculturels, transétatiques et transethniques de nature à rendre possible l’émergence de cette entité cosmopolitique présentant les éléments de sa subsidiarité ainsi que leur validité épistémologique et politologique.

 

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