par André-Marie YINDA YINDA
Université de Yaoundé I/GRAPS
Le renouvellement épistémologique et les recompositions politologiques qui sont issus des transformations en cours dans le système international postbipolaire posent ensemble à lanalyse philosophique-politique au moins deux situations critiques : leur irruption inédite dans le temps et leur mobilisation fluide dans lespace. La première, recouvrant lidée de contingence historique, est perçue et vécue comme un phénomène tout à fait inattendu voire une surprise pour la modernité et sa foi en la nécessité du sens de lhistoire, en son progrès logique et en labsoluté du principe de lEtat. Désormais la ruse semble avoir subvertie la raison dans lhistoire. Et la philosophie de lhistoire hégélienne constitue le moment par excellence où sassume cette contradiction. (Habermas, 1981b : 950-969 ; 1988). La seconde situation critique, entre flexibilité et fugacité, met à mal le principe didentification du mouvement dans lespace par sa capacité de contraction et dubiquité qui tend à nier le mouvement, la distance et la durée (Bensaïd, 1997), rappelle de manière aporétique les paradoxes du mobilisme de Zénon dElée et enfin redonne du relief aux arguments relatifs à lachèvement de la souveraineté (Mairet, 1997 : 162-181). Ces deux situations installent ainsi la philosophie politique contemporaine dans linconfort dune modernité nostalgique où espace et temps demeurent " les formes a priori de la sensibilité " (Kant, 1997) et conditionnent encore la possibilité du rapport à lexpérience fut-elle politique (Renaut, 1997 : 456-491).
Lessentiel de ce débat contemporain porte précisément sur la détermination du contenu du concept politique moderne en face de sa variante pour ne pas dire son succédané critique postmoderne (Habermas, 1981a : 3-22) ainsi que sa capacité davantage de son incapacité à dégager, sans médiation, le sens de lhistoire et la nécessité corrélative de lEtat (Aron, 1938 ; Weil, 1956) dune part et dautre part luniversalité de la géopolitique westphalienne et la rationalité de la souveraineté (Delsol, 1998 : 67-78 ; Mairet, 1997 : 185-303). Or en postulant la viabilité de largument de la médiation épistémologique et politologique par le truchement des sciences et des exercices politiques-, deux catégories de textes relativement récents issus des transformations des relations internationales post-guerre froide pourraient constituer un matériau délaboration philosophique-politique fécondant de nature à historiciser la contextualité temporelle du nouveau système international et à identifier les trajectoires de sa mobilité spatiale afin de permettre au concept politique moderne et postmoderne de se déployer avec sens dans le nouveau monde en mutation.
La première catégorie de textes comporte deux articles issus dun ouvrage collectif sur ce quil est désormais convenu dappeler les nouvelles relations internationales (Smouts, 1998) : le premier article, " la mutation dun discipline " (Smouts, 1998 : 11-33), est une introduction qui met en perspective les jeux et enjeux épistémologiques des relations internationales post-bipolaires et post-non-alignement, quoique implicitement tandis que le second, la conclusion, " De la crise dune discipline à celle dune époque ? " (Hassner, 1998, : 377-396) établit, à partir dune interrogation rhétorique, le lien logique et chronologique qui relie crise de lordre politique mondial (politologique) et crise de la philosophie politique (épistémologique).
La deuxième catégorie de textes, à situer au milieu de la première, est en réalité constitutive dun article unique portant sur lanalyse de la sociologie des relations internationales africaines. Elle est articulée en deux mouvements diachroniques autour de lobjet Afrique dans létude des relations internationales de " lère classique à lère globale ". " lAfrique dans la science des relations internationales : notes introductives et provisoires pour une sociologie de la connaissance internationaliste " (Sindjoun ; 1999a) se distingue par sa " sociogenèse " et sa " sociodynamique ".
Si lobjectif de la première catégorie de textes dêtre "aussi claire et pédagogique que possible" (Smouts, id. :13) en sachant qu"on ne peut pas parler de la théorie des relations internationales et de sa crise sans déboucher sur celles de lordre mondial et de la philosophie politique" (Hassner, id. : 378) est à inscrire dans une ambition duniversalité épistémologique, si également lobjet de la seconde catégorie questionne cet objectif à partir dune interrogation vraisemblablement "banale" mais véritablement "exceptionnelle" restituant ainsi lappartenance de son particulier à luniversel épistémologique à savoir "comment rendre compte dans une perspective réflexive des relations internationales à partir de lobjet Afrique?" (Sindjoun, id.:1), si enfin les objections que linsertion de la deuxième catégorie de textes au cur de la première soulève ne sont pas directement comptables du point de vue de la philosophie politique, comment dès lors en discuter avec intérêt, cohérence et pertinence ? Pourquoi dailleurs inscrire le " particulier " Afrique au cur du débat ? Quel sens donner enfin à ces trois hypothèses qui " retournent " (Badie et Smouts, 1992) le monde actuel ?
Il convient dès lors de dégagerpour la distinguerla trajectoire politologique fondamentale de ces trois interrogations épistémologiques, de la réinvestir philosophiquement et de la mobiliser dialectiquement autour des deux échéances logiques et chronologiques qui en sont constitutives (moderne : ère classique/postmoderne : ère globale) et à partir desquelles le terrain africain se dévoile comme un lieu et une occasion de mise en évidence des opportunités et possibilités politiques inédites. Il convient également de constater pour ne pas tomber dans le piège de la fascination de linédit que cette trajectoire politique moderne et postmoderne " savance masquée " : sous le couvert du projet de reconstruction de lordre politique du monde le néo-libéralisme démocratique et ses " drivers " dont parle Fukuyama (2000 :11-17) se jouent aujourdhui, dans une tension entre le particulier et luniversel, les processus de reconfiguration des nouveaux rapports de pouvoir parmi les nations et entre les hommes (Toffler, 1980 ; Huntington, 1991) avec des conséquences éthiques ambivalentes (Bruckner, 1994).
Dans la tension universel (monde)/particulier (Afrique), lenjeu fondamental de cette reconfiguration est marqué par le passage progressif et interactif de la modernité à la postmodernité à travers au moins quatre niveaux conceptuels et processuels décisifs : du déni au défi, de la domination à la communication, de la violence à la tolérance et de la crise globale à la prise du pouvoir local. Une telle reconfiguration politologique procède de la rencontre des obstacles liés à létude et à la pratique rationnelle du pouvoir moderne dans les relations internationales en Afrique (I) et débouche logiquement vers un effort de maîtrise de ces problèmes par la domestication des opportunités et possibilités philosophiques-politiques postmodernes pouvant permettre à lAfrique de réinvestir avec assurance et espérance la nouvelle dialectique espace/temps du monde présent et en devenir (II).
Le rapport aux textes à commenter sinscrit de ce point de vue dans une logique de médiation pour comprendre philosophiquement le mouvement politique de lordre du monde. Il tient ainsi dabord sur une double démarche simultanément articulée autour de linterprétation et de la discussion de rigueur dans la méthodologie philosophique (Wunemburger et Folscheid, 1996 : 1-140), ensuite est gouverné par la méthode propre de la philosophie politique (Strauss, 1982 ; Ferry, 1985 et Ruby, 1996) et enfin reste ouvert à dautres univers de significations du même ordre. Il sagit pour ainsi dire dune opération dialectique faite de déconstruction et de reconstruction politologique qui se met en place et voudrait animer ce rapport politique de lAfrique au monde, et réciproquement, non seulement sans frontière étanche ni hiérarchie exclusive mais aussi et surtout en rupture avec le schéma platonicien dialectique ascendante/descendante partant de la doxa à lépistemè en passant par la dianoïa (Platon, 1990 ) et en culture chez Dobry (1992) à partir doù il serait logiquement possible de construire une dialectique des mobilisations multidimensionnelles et interactives sans pôle unique de référence à luvre par exemple dans la communication interculturelle sur les droits de lhomme chez Habermas (1998 : 249-253)
En ayant à lesprit la difficulté méthodologique induite par lentremêlement des liens entre lobjectif, lobjet et les objections issues du rapport entre les textes, le présent commentaire nouera ses trajectoires autour de quelques lieux politiques décisifs dans la construction internationale de lAfrique. Il sera ainsi davantage un travail de politologie que dépistémologie à linverse de lesprit des textes sur lesquels il porte.
I - PROBLEMES : DES AMBIGUÏTES DE LA MODERNITE POLITIQUE EN AFRIQUE
Une critique de la modernité politique africaine suit nécessairement les mouvements et usages de la raison dEtat en colonie et en postcolonie dans ses réinventions et rejets (Bidima, 1993; Mbembé, 1996). Les relations internationales africaines, considérées comme lune des modalités drainant du même coup les autres modalités de cette modernité politique, dévoilent de ce point de vue la mise en uvre ambiguë de ce projet historique coloniale et postcoloniale dont il sagit danalyser les fondements et mouvements actuels.
1. " Sociogenèse " de lAfrique dans les Relations Internationales :
Lanalyse des fondements et processus de légitimation de lobjet et du sujet Afrique dans létude et la pratique des relations internationales correspond à ce que Sindjoun désigne par " sociogenèse " du fait de sa propre filiation sociologique. Mais au-delà du contenant épistémologiquement marqué, le contenu de cette " sociogénèse " est fortement politologique. Et cest la combinaison du contenant et du contenu qui permet de constater que cette " sociogénèse " est déterminée par deux considérations théoriquement distinctes mais pratiquement imbriquées : à savoir dune part la nature problématique du domaine détude et daction que sont les relations internationales et dautre part lhistorique exceptionnelle ou marginale de lAfrique à lintérieur de ce domaine complexe.
a) Le problème des relations internationales :
En sinterrogeant en sens inverse sur laffirmation de Spinoza selon laquelle "lordre et la connexion des idées est le même que lordre et la connexion des choses", Hassner (1998 :377) voudrait, dentrée de jeu, attirer lattention sur le présupposé théorique et pratique des relations internationales qui atteste que : " il est vain despérer clarifier tout à fait cette matière foisonnante en la répartissant en catégories " (Sindjoun, id. :1 citant Huntzinger, 1987 :13). Lunivers des relations internationales apparaît demblée bien complexe et immense. Les acteurs et actions internationales à étudier sont difficiles à quantifier et à qualifier avec précision et rigueur.
Cette difficulté à identifier avec exactitude et quiétude la nature des fonctions et implications de lobjet et du sujet dans les relations internationales est un problème fondamental. En effet, elle pose à la réflexion philosophique sur les sciences une question traditionnelle que Smouts formule ainsi : " peut-on étudier le comportement des acteurs [et des actions] internationaux de façon à faire apparaître des régularités et à dégager des lois permettant dinterpréter et surtout de prévoir ? " (id. :16). En prenant acte des termes de ce débat qui se poursuit sur des aspects plus abstraits et plus pointus, il semble bien vrai, au niveau du débat internationaliste, que les arguments militant en faveur dune réponse sceptique à cette question philosophique soient les plus décisifs. Smouts elle-même met ce scepticisme sur le compte des " deux travers de la discipline des relations internationales : imprécision de lobjet et poids de laméricano-centrisme " (id. :12). Lobjet scientifique et le sujet politique semblent avoir ainsi parti lié pour fragiliser la souveraineté et la légitimité des relations internationales.
Malgré ces obstacles épistémologiques et politologiques, il faut bien se résoudre à constater que ce scepticisme est à nuancer. A la suite dun regain doptimisme, Smouts précise en effet que les relations internationales en tant que discipline " offre un corpus, des problématiques, des concepts organisateurs permettant de comprendre et dexpliquer les nouvelles configurations dacteurs [et dactions] et, par là, de saisir les grandes tendances du monde " (id. :12-13). Somme toute, la discussion reste ouverte, le problème posé avec des solutions, opérations et résultats non définitifs. A partir de là, comment et pourquoi comprendre que cest en des termes marginaux que lAfrique a été pensée dans un domaine dont la détermination du contenu reste aussi problématique et ouverte ?
b) Lexception africaine des relations internationales :
Dans un contexte problématique et ouvert comme celui qui précède, lAfrique aurait logiquement dû être un " objet [et un sujet] comme les autres " (Sindjoun, id. : 2). Mais le fait est quelle a été systématiquement minorée, très souvent ignorée jusquaujourdhui. Sindjoun cite, entre autres textes dillustrations, Smouts et ses Nouvelles relations internationales pour étayer ce diagnostic réactualisé (id. : 2) Doù procède donc cette exclusion ?
Lexception africaine dans les relations internationales semble tenir à "limpensé réaliste" qui est constitutif de sa trame de fond. Dans cette tradition westphalienne (Thucydide, Machiavel, Hobbes, Clausewitz, Weber, Morgenthau, Aron, Kissinger, etc.), les lieux et moments de puissance sont privilégiés et légitimés en termes de ressources économico-politiques et diplomatiques diverses et de capacité militaro-stratégique en rapport avec lEtat et au détriment dautres aspects hors ou sous lEtat. La colonie et la postcolonie en Afrique, avant et durant la guerre froide, ont constitué des terrains dexpérimentation de cette logique réaliste des relations internationales européo-centrées. Leur accession à la souveraineté internationale sest opérée peu ou prou sous la tutelle des puissances de lépoque. Et " la bibliothèque coloniale " dont parle Mudimbe en était la vitrine.
Vue sous cette angle et sous dautres, lAfrique émerge non seulement comme un objet mais aussi et surtout comme un sujet banal et marginal. Sindjoun en arrive à proposer la modélisation de ce processus de marginalisation à travers la construction théorique dont les fondements et trajectoires auraient également pu être présentés et discutés autrement avec intérêt de ce quil nomme lui-même " la sociogenèse de lexception africaine " dans les relations internationales. Celle-ci semble faite de lidéologie européo-centrique et de la logique stato-centrique de la politique africaine (id. :4-16). Cette perspective dévoile en même temps la mise en forme de deux figures philosophiques de la politique africaine contemporaine qui seront déterminantes pour la saisie des transformations du nouveau monde postbipolaire. Il sagit de la raison dEtat et de la " crise " de lEtat en Afrique comme nouvelles catégories danalyse des nouvelles relations internationales dessence non-occidentale. A partir de quels fondements et arguments lAfrique peut-elle alors penser en se pensant ces transformations du système international de lère globale ?
2. "Sociodynamique" de lAfrique dans les nouvelles relations internationales
Larticulation des situations de transformations de la scène politique internationale seffectue aujourdhui autour de nouveaux repères et réseaux que ni les schémas de la colonisation, ni les trajectoires de la postcolonisation narrivent à épuiser. La modernité politique africaine narrivent plus à gouverner lanalyse de ces nouvelles mutations. Doù lobligation de chercher à cerner les trajectoires mondiales, universelles à lintérieur de cette sociodynamique des nouvelles relations internationales afin den dégager par la suite les conséquences au niveau du particulier africain.
a) Métamorphoses inédites du monde :
Au cur de la mondialisation, faite dialectiquement de la tension globale et des réactions locales, sopère une combinaison des contraires et des interactions à lissue encore imprécise : le chaos (Ramonet, 1997) et le sens (Laïdi, 1998) sopposent, lhorreur (Forrester, 1996) et le bonheur (Minc, 1997) se défient ; le désordre et lordre interagissent chez Rosenau (1990 ; 1997) dune part à travers le concept de " turbulence " que mentionne Sindjoun (id. : 24) et dautre part dans la mise en évidence de la " tension entre les phénomènes dintégration et de fragmentation simultanément à luvre " par le truchement du concept de " fragmegration" que Smouts qualifie, sur un ton ironique, de " lapalissade peu euphonique " (id. : 23).
La subversion de lordre politique du monde moderne semble bien engagé. Si Smouts se résout à continuer à croire que " le système westphalien ne sest pas écroulé, mais il sest transformé " (id. :21), il peut être extrêmement difficile de démontrer comment la transformation radicale dun système nentraîne pas nécessairement et logiquement le passage dun ordre ancien à un ordre nouveau. Hassner prend, quant à lui, acte de cette " métamorphose du monde " dont parle Bensaïd (1997). Selon lui, lanalyse de la politique internationale doit se situer aujourdhui après Westphalie, " par-delà léquilibre des puissances et la sécurité collective " (Hassner, id. : 378) et surtout dans une acception flexible " de la frontière " et fluide du " territoire " doublée dune " remise en cause relative " de la construction de lEtat dont la " crise de la souveraineté est constitutive " (Sindjoun, id. : 18-19).
En somme, il faut bien constater que " la fin de la guerre froide et laccélération de la mondialisation " dont parle Smouts (id. : 26) font apparaître lEtat moderne comme " une anomalie historique " (Hassner, id. : 385). Sont liés à cette disqualification historique de lEtat : léclatement de son cadre conceptuel et factuel, le débordement de ses prérogatives, lérosion et la fragmentation de ses valeurs et de sa légitimité, le travestissement de ses rapports avec les autres unités et réseaux politiques, etc. Après la phénoménologie de lêtre de lEtat à luvre par exemple dans lontique de lEtat dEdith Stein, se dévoile aujourdhui le signe dune phénoménologie du disparaître de lEtat. Dès lors quelle est la part des conséquences africaines dans cette mutation du monde moderne ?
b) Conséquences inédites en Afrique :
En faisant léconomie du nombre incalculable dimplications politiques dont les relations internationales africaines sont grosses aujourdhui, la critique politologique retient un phénomène fondamental. En effet un certain consensus semble se dégager et faire converger diverses positions et opérations vers un objectif épistémologique communément partagé : " voir ce qui se joue derrière le terme Etat en Afrique ", comme le résume avec pertinence Sindjoun (id. : 16). LEtat, comme catégorie danalyse et daction des nouvelles relations internationales en Afrique et en dehors cristallise de plus en plus les esprits. Aussi permet-il à la problématique majeure des conflits dêtre abordée aussi bien en termes critiques analyses des conflits internes uniquement sous le prisme de la désétatisation (Zartman, 95 ; Gonidec, 95 ; Badie, 95) quen termes de réinterprétation et de réinvention analyse des conflits comme lieux et occasions de manifestation du triomphe de la culture dEtat. " Ces conflits, précise Sindjoun, portent généralement sur la conquête ou la conservation du pouvoir dEtat et leurs cibles sont généralement constituées par les symboles de lEtat " (id. : 16).
En tant que tel, lEtat qui est considéré ailleurs comme une " anomalie historique " constitue désormais en Afrique une ressource épistémique et un moteur politique apte à éclairer et à évaluer les fondements et mécanismes de fonctionnement de lEtat en dépérissement dans le nouvelles relations internationales. Celles-ci y trouveraient les raisons de son encrage résiduel ou radical selon thèses néo-modernistes dans la modernité et articuleraient son rapport à la postmodernité autour de ce nud historique.
II. PHILOSOPHEMES : VERS LES OPPORTUNITES DE LA POSTMODERNITE POLITIQUE EN AFRIQUE
Sans engager ici une nouvelle discussion sur le " troisième débat " portant sur la théorie politique internationale de lère post-positiviste (Lapid, 1989 : 235-254), il savère que la " sociogenèse " et la " sociodynamique " de lAfrique dans les relations internationales posent ensemble des problèmes de rationalité et dobjectivité dans létude comme dans la pratique. Il semble dès lors bien évident que la modernité politique qui en est le cadre historique narrive plus à satisfaire la critique philosophique. Pour sortir de cette impasse, Smouts signale que " le sujet est actuellement relancé, de façon parfois caricaturale, par les plus extrêmes des auteurs postmodernes pour qui, de toute façon, tout nest que construction sociale, discours, textes à découvrir, sous-textes à déconstruire " (id. :17). Certes, elle indique incontestablement le créneau historique le plus viable des nouvelles relations internationales mais il nen demeure pas moins quelle présente la postmodernité sous un aspect peu crédible voire ironique.
Or la postmodernité est une critique fondamentale de la modernité qui a pris des formes diverses. Que lon pense aux diverses figures du traditionalisme, du romantisme, du nietzscheisme, de lheideggerianisme. Et dun point de vue socio-politique, on peut dire que les deux grandes cibles des critiques de la modernité furent lhegeliano-marxisme et le pensée individualiste-libérale. Ce qui unit ses deux versants de la pensée moderne est précisément la croyance dans le progrès rationnel de lEsprit objectif incarné dans lhistoire dune part et dautre part la confiance en lEtat comme espace de réalisation du destin de lhomme. Cest cette philosophie de lhistoire et de lEtat qui a déterminé le système westphalien et par la même occasion, la limité. La critique communautarienne qui rejoint, sur cette trajectoire précise, la perspective postmoderne relève que le cadre de déconstruction de la modernité passe par lémergence dune pluralité de rationalités, dobjectivités et de sens de lhistoire qui seraient conformes à lordre interne de chaque communauté politique particulière. Celle-ci serait fondée sur une construction propre de sa nature, de ses cultures et valeurs communément partagées. (Benhabib, 1989 : 373-394). Le monde serait ainsi une mosaïque de sociétés politiques autonomes et interactives sans hiérarchie ni pôle unique de référence. La trajectoire libérale de la formation du patrimoine constitutionnel commun des sociétés politiques (Sindjoun, 1997) apparaît à cet égard comme une parfaite imposture théorique inapte à se constituer toute seule en philosophie de la civilisation politique internationale.
La mondialisation inscrit les nouvelles relations internationales dans cette dialectique multidimensionnelle de la postmodernité. "Ce nest pas le moindre des paradoxes de la mondialisation, que ce double encrage à la fois dans le marché mondial et dans les aspirations communautaires" affirme Smouts (id.: 27) à la suite de bien dautres (Barber, 1996, Bach, 1998). Les logiques duniformisation et de fragmentation, dunification et de parcellarisation charrient contradictoirement le nouvel ordre politique du monde et particulièrement en Afrique (Bach, 1998). Ici les logiques postmodernes saffirment de façon plus prégnantes aussi bien dans le domaine de lesthétique politique (Appiah, 1991 : 336-57) que dans celui de la pratique politique internationale (Bach, id.) et tirent en même temps quelles les subvertissent les logiques modernes à partir de quatre figures philosophiques-politiques : théorique, pratique, éthique et cosmopolitique.
1. Du déni au défi :
La possibilité de lire et de comprendre la globalisation en passant par les études politiques africaines est réelle et met du même coup fin à lexception africaine dans les relations internationales. Elle permet à la fois denrichir la science de celles-ci et de revisiter son objet propre et ses objets particuliers dont lAfrique prise comme élément interactif de luniversel, du global. Ainsi lafricanisme politique a notamment démontré avec succès que la frontière comme ligne de démarcation entre le dedans et le dehors nétait pas opératoire dans la plupart des sociétés (Sindjoun, id. : 21). Il est dès lors clair que, dans lanalyse des nouvelles relations internationales africaines, " lécroulement de la distinction entre linterne et lexterne tient aux identités éthniques transétatiques, aux flux migratoires ou commerciaux (échappant au contrôle de lEtat), au resserrement de lautorité de lEtat autour des villes ou des régions économiquement utiles, généralement aux dépens des frontières ", (Sindjoun, id. : 21). Il procède incontestablement dune interprétation postmoderne de part le décloisonnement et linteractivité aussi bien des territoires daction politique que des territoires danalyse politique tout à fait à limage de la méthode de P. Rosenau (1991) et Der Derian et Shapiro (1989).
De même, une analyse postmoderne sur les nouvelles relations internationales pourrait être menée à propos du discours connu sur la " crise " de lEtat en mettant en parallèle les lectures africaines (Bayart, 1989; Sindjoun, 1998; Mbembé, 2000) et celles de loccident (Reich, 1993 ; Strange, 1996; Badie, 1999). Toutefois, il convient, dores et déjà, de sinterroger sur les conséquences pratiques dun tel renversement théorique.
2. De la domination à la communication :
Lhéritage colonial et postcolonial tributaire du présupposé idéologique de luniversalité occidentalo-centrique des relations internationales a confiné lAfrique à une évolution de la pratique politique internationale sous-tutelle à partir de lordre moderne westphalien. Avec léclatement des cadres danalyse et dopération routiniers de celui-ci et son adhésion à lère de la communication philosophique (Habermas, 1987), technologique (télécommunications, Internet) et scientifique (Morin, 2000), les échanges politiques africains ont désormais la possibilité inédite de se réorganiser sans contraintes absolues, dopérer sans complexe et surtout de contourner sans conséquences irréversibles les travers de la modernité dont la figure la plus achevée reste la domination (Marcuse, 1965).
La communication entre divers domaines détude permet de penser ces nouvelles opportunités en les reliant et de les articuler autour la pratique de la politique internationale postmoderne. Smouts rappelle à cet égard " la nécessité dun effort de conceptualisation empruntant tout autant à lanthropologie politique quà la sociologie des mobilisations, à léconomie politique internationale quà la réflexion sur lEtat et la philosophie politique où des spécialistes d " aires culturelles " et spécialistes des relations internationales coopèrent quotidiennement " (id. : 29). Sindjoun reprend cette idée à son compte et la remobilise à nouveaux frais surtout lorsquil insiste sur la probabilité de la richesse des échanges entre les nouvelles relations internationales et lanthropologie politique vivace sur le terrain africain. Celle-ci, " permet, souligne-t-il, de renouveler lanalyse internationale à travers la redécouverte des rituels de la vie internationale (sommets des chefs dEtat) , des totems des Etats (les drapeaux) et autres représentions diplomatiques (son théâtre ou sa mise en scène, le protocole, le langage réservé aux initiés, etc.) " (id. : 24). Ce dialogue des pratiques comme objets détude nentraîne-t-il pas aussi celui des peuples en Afrique et/dans le nouveau monde ?
3. De la violence à la tolérance :
Lune des figures dominantes de la modernité en Afrique coloniale et postcoloniale se développe sous le masque sordide de la rationalisation de la violence, de la guerre comme objet de pensée et sujet historique ainsi que ses nombreux avatars. La guerre a atteint un niveau élevé dopérationalité stratégique et technique sans précédent. Elle développe des mécanismes de fonctionnement organisés et intéressés et intrumentalise avec intelligence un discours de justification ou de diversion relativement maîtrisé à linstar de lidéologie du " génocide rwandais " dont le pouvoir militaire de Kigali use et abuse pour légitimer ses violences non seulement à lintérieur du pays mais aussi et surtout à lextérieur notamment dans le territoire de lex-Zaire.
Cependant lanalyse des conflits en Afrique aujourdhui ne saurait se faire en rupture avec les transformations politiques du nouveau monde : la fin de la guerre froide et lavènement des catégories danalyse postmoderne ayant des implications éthiques décisives de nature à déterminer symétriquement la politique. Il faudrait dès lors se résoudre à dégager la transformation proprement postmoderne des analyses militaires de la politique internationale en Afrique et dans le monde contemporain : selon Hassner, " on serait tenté dopposer un centre pacifique et une périphérie guerrière, sil ne se trouvait que, précisément, les guerres de la périphérie ne sont pas de vrais guerres, du moins au sens clausewitzien et la paix du centre nest pas une vraie paix, au moins au sens de la concorde et de la civilité. Dans les deux cas, il y a montée de linsécurité " (id. :385).
Evidemment, lon peut discuter de la pertinence des arguments de Hassner et même subodorer une forte survivance du fond idéologique de limpensé réaliste entendu base du système international westphalien, occidental. En effet, le paradigme de Clausewizt nest pas la mesure absolue de la définition de la guerre. Les guerres africaines nombreuses et destructrices, développent en leur sein des rationalités de violences qui, sans être clausewitziennes, portent atteinte à la paix et au conatus africain. De même la paix de loccident peut être discutée à partir déléments autres que la concorde civile chère aux modernes ( Spinoza, Rousseau, etc.) tels que la tolérance. Walzer sest fait le chantre de ce dernier concept moral à loccasion de la transformation politique de la société mondiale contemporaine avec son Traité sur la tolérance (1998 : 36-40). Sans être postmoderne, il constate que " le projet postmoderne élimine par avance toute idée didentité commune et duniformisation du comportement ". Car citant lui-même J. Kristeva qui nous exhorte à regarder le monde comme entièrement constitué détranger " seul ce qui est étranger est universel " et à prendre conscience de létranger qui est en nous (1998 :13), Walzer affirme que la seule réponse décisive à la violence donnée permanente de la vie sociale reste son contraire intime : la tolérance.
Ainsi compte non tenu des discussions sur la pertinence des différents arguments subséquents à la position walzerienne, le fait est que le projet postmoderne de la tolérance est constitutif de la réponse au rejet de la violence moderne dans le monde et en Afrique. Se considérer comme étranger chez soi et citoyen du monde sont des raisons qui suffisent à réduire à néant lessentiel des arguments qui expliquent ou justifient les guerres postcoloniales en Afrique et participent aussi et surtout dune dynamique cosmopolitique dont lAfrique est en quête sans cesser dêtre soi.
4. De la crise globale à la prise du pouvoir local :
Après le constat selon lequel le caractère critique du monde moderne et la dimension multicentrée du monde postmoderne se traduisent par des stratégies de localisation fortes qui mettent en difficulté la dynamique de la globalisation, lAfrique est désormais en présence dune opportunité politique inédite, dune chance historique unique à saisir. Elle nen a pas encore tout à fait conscience certainement à cause du background de lesprit de colonisé pouvant précisément faire lobjet dune psychanalyse postmoderne (Lacan). Tout compte fait, lAfrique concentre aujourdhui entre ses mains, lessentiel de son devenir, le pouvoir de sordonner par rapport à soi, de sassumer comme tel dans une relation nécessaire avec le monde, cet universel éclaté.
La réflexion cosmopolitique ne soriente plus de ce point de vue vers la paix perpétuelle et luniversalité de la citoyenneté et de la république. Le fameux argument dorigine kantienne selon lequel : " les démocraties libérales ne se battent pas entre elles " ( Doyle, 1983 : 3-4) que Hassner rappelle pour le remettre en question (id. : 383) est du même coup mis en difficulté. Les possibilités et opportunités de paix et de guerre coexistent désormais partout et tout le temps sous des formes diverses des plus perceptibles aux plus insidieuses. Le retour de la mobilité de lhistoire (Parmentier, 1990) est entrain dexorciser le spectre de la fin de lhistoire (Fukuyama, 1993) ainsi que les certitudes de ses lointaines modalités constitutionnelles du genre : " Globalisation de la démocratie et consensus constitutionnel (réel ou mimé) rendent incontournable la notion de patrimoine constitutionnel commun " (Sindjoun, 1997 :36). Fort heureusement, la furtive sensibilité postmoderne de sa pensée, à luvre depuis le début de cette réflexion, permet à Sindjoun (1998) de séloigner du fantôme de Fukuyama notamment lorsquil relève la possibilité de " douter de lefficacité du constitutionnalisme libéral [démocratique] dans certains pays dEurope de lEst et dAfrique Noire " ( 1997 :36).
Une construction cosmopolitique à partir de lAfrique prend ainsi acte des transformations postmodernes du monde actuel et envisage désormais de sarticuler autour non pas de la trajectoire de lunité citoyenne universelle mais de la subsidiarité politique universelle. Il sagit ici dopérationaliser le potentiel politique africain analysé antérieurement ,aussi infime soit-il, pour en tirer la plus grande efficacité et le " mieux-être " (Aristote) dans la postcolonie et dans le monde. De même les différents rudiments philosophiques ci-dessus articulés (défi, communication, tolérance, prise de pouvoir local) doivent permettre la construction africaine dun espace et dun temps politique où leur identification plus symbolique que réelle favorisera les croisements et tensions multiculturels, transétatiques et transethniques de nature à rendre possible lémergence de cette entité cosmopolitique présentant les éléments de sa subsidiarité ainsi que leur validité épistémologique et politologique.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Appiah, K.A., 1991 " Is the Post- in Postmodernism the Post- in Postcolonial ? ", Critical Inquiry, 17, Winter , pp. 336-57. |
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Appiah, K.A.,1996. " Europe Upside Down : Fallacies of the New Afrocentism " in Grinker, R.R. & Steiner, C.B. (eds.), Perspectives on Africa. A Reader in Culture, History & Representation, London Blackwell Publishers, Part V, 44, pp.728-31. |
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Aron,R. 1938. Introduction à la philosophie de lhistoire. Essai sur les limites de lobjectivité historique, Paris, Gallimard. |
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