The South African "African Renaissance" debate : a critique

Eddy T. MALOKA

L'enthousiasme qui prévaut aujourd'hui autour du thème de la "renaissance africaine" est justifié par le contexte d'indépendances politiques difficilement acquise, mais aussi par le projet d'arrimer définitivement le continent africain au système-monde. Si ce débat apparaît comme un important vecteur de construction de cette Afrique nouvelle, il est inversement impérieux de se démarquer de certaines visions pessimistes sur l'Afrique et, surtout, d'entrevoir la "renaissance africaine" comme expérience historique singulière, susceptible de fournir sa part d'enseignements au monde entier.

Conjoncture sécuritaire, champ étatique et ordre politique au Cameroun : éléments d’analyse anthropo-politiste d’une crise de l’encadrement sécuritaire et d’un encadrement sécuritaire de crise

Yves-Alexandre CHOUALA

La démonopolisation étatique de la violence organisée et la privatisation subséquente de la sécurité publique constituent les deux principales figures de la crise actuelle du processus historique de formation de l'Etat camerounais. Cette crise affecte de plein fouet le pouvoir politique dans sa mission régalienne de maintien de l'ordre public et de sécurisation des hommes et des biens. Il s'ensuit une ouverture du champ de la sécurité publique qui voit l'apparition de nouveaux acteurs qui remettent en cause le monopole sécuritaire de l'Etat notamment les sociétés de gardiennage et les groupes d'autodéfense. De son côté l'Etat tente de réagir à l'effritement de son monopole de la violence organisée par un recours à des structures d'exception comme le "commandement opérationnel" ou "l'opération Vautour". Ces structures d'exception s'avèrent dans leur phase de routinisation comme des encadrements sécuritaires de crise qui traduisent en même temps une crise de l'encadrement sécuritaire de l'Etat qui associe désormais l'armée à la répression des formes de menaces non militaires. La militarisation du maintien de l'ordre et de la sécurisation des hommes et des biens, si elle conduit à une réaffirmation forte par l'Etat de sa présence ne stabilise nullement l'"équilibre des tensions'' socio-politiques à l'avantage de ce dernier en ce sens qu'elle sert à son tour à construire une figure "décivilisée" d'un ordre politique qui tente de se perpétuer par la "caporalisation" et l'enrégimentent" des individus dans un contexte où la parlementarisation politique s'affirme comme un impératif éthico-axiologique dont dépend la modernité politique.

In/through the bodies of women: rethinking gender in African Politics

Amina MIRE

On ne saurait repenser la politique en Afrique aujourd'hui sans intégrer l'analyse du genre. En effet la question des rapports hommes / femmes n'est pas seulement importante en ce qu'elle met en exergue les rapports d'inégalité entre sexes au travers de préjugés et autres représentations, mais surtout parce qu'elle est au centre de la question du développement de ce continent. La sortie des multiples crises (sociale, politique, économique) qui affectent l'Afrique passe aussi par la prise en compte de cette nouvelle vision des rapports sociaux, fondés sur la reconsidération des différents rôles.

Les étrangers, acteurs de la vie politique camerounaise : l'expérience des immigrés nigérians dans la ville de Douala

Jacques - Blaise NKENE

L’analyse du phénomène migratoire en Afrique subsaharienne a, pendant longtemps été uniquement faite sous les angles social et économique. On n’a pas très souvent, pour des raisons incompréhensibles, pris en compte le fait que ce phénomène pouvait irradier de la même façon la sphère politique des pays d’accueil. La présente étude tente de montrer, contrairement à certaines représentations et à ces problématiques instituées, que le champ politique de l’espace d’accueil est un milieu où les étrangers par volonté ou par destination, investissent la scène et le jeu politiques, au moyen de toutes sortes de transactions, qui vont parfois jusqu’aux plus insoupçonnées. On en arrive par exemple, dans une ville comme Douala, choisie ici à dessein pour son caractère cosmopolite, à une situation où il devient progressivement impossible de comprendre et de concevoir la vie politique locale en faisant abstraction de sa composante nigériane.

L'Afrique en politique comparée

Mamoudou GAZIBO

La réflexion sur l'Afrique dans la politique comparée fait observer une faiblesse institutionnelle et une extraversion des cadres théoriques et conceptuels de la science politique. Si l'irruption de nouvelles thématiques et les renversements épistémiques augurent d'un renouveau dans ce domaine, il n'en demeure pas moins que la politique comparée est incontestablement à reconstruire en Afrique.

Penser les relations internationales africaines : des problèmes aux philosophèmes politiques aujourd’hui

André-Marie YINDA YINDA

Articuler le mouvement " universel " des transformations du système international postbipolaire autour du " particulier " africain à partir des éléments d’analyse de la philosophie politique adossés sur l’approche théorique de la politique internationale constitue en soi un acte de déconstruction d’un monde et de reconstruction d’un autre qui serait possible, viable et différent. Une discussion critique librement engagée autour de 3 textes issus des théories des nouvelles relations internationales permet d’en rendre compte à partir d’un double paradoxe : d’une part ces mutations opèrent essentiellement sur des ressorts économiques hétéronomes au niveau global alors qu’en Afrique, elles mobilisent encore des trajectoires politiques autonomes; d’autre part dans le continuum de l’histoire africaine contemporaine, la modernité est et reste vécue en termes négatifs de déni, de domination, de violence et de crise tandis qu’au même moment la postmodernité semble ouvrir la voie, respectivement, aux possibilités - en les reliant - du défi, de la communication, de la tolérance et de la prise de pouvoir local dans l’ère dite globale. La désarticulation de ce double paradoxe constitue l’enjeu africain de l’actualité politique internationale et permet simultanément de mettre en perspective ses obstacles politologiques (problèmes) et les conditions de possibilité et de validité de son devenir cosmopolitique (philosophèmes).